Jevin s'engouffra dans les appartements d'Orellide en coup de vent. Il avait tambouriné un long moment à la porte avant que celle-ci s'ouvrît. Les concubines, intriguées, avaient jeté un bref coup d'œil pour savoir ce qui se passait, pour retourner se barricader affolées dans leur chambre. Quand il disparut dans la suite de la reine, tout le monde fut rassuré.
Orellide, brutalement réveillée, n'avait qu'eu le temps de revêtir un peignoir de soie sur son déshabillé. Quand elle vit qui s'était introduit en force chez elle, elle éprouva un profond déplaisir.
— Que me vaut ta présence écœurante ? demanda-t-elle.
— Où est Nëjya ? cria-t-il, elle m'appartient.
— Calme-toi !
— Si je veux. Où as-tu caché Nëjya ?
— Bon. Mets-le dehors, ordonna-t-elle à son garde en repartant vers sa chambre.
L'eunuque sortit son arme de son fourreau : un poignard métallique, à la lame légèrement recourbée et au tranchant effilé. Jevin, qui connaissait la réputation de cet homme, se retint. Malgré son âge, il n'était pas sûr d'avoir le dessus en cas d'affrontement. Quand il était enfant, il lui avait donné quelques raclées dont son postérieur se souvenait encore.
— C'est bon, dit-il, je suis calmé.
— Parfait.
Elle revint face à l'intrus.
— Je supporte ta présence uniquement parce que tu es le demi-frère de mon fils et que jusqu'à présent tu l'as efficacement protégé. Mais ne pousse pas ma patience à bout.
— Brun m'a dit que tu détenais Nëjya. Elle est à moi.
— Cette petite intrigante s'est montrée insolente avec moi. J'ai dû sévir.
— De quel droit ? Elle m'appartient. Je me charge de punir moi-même mes esclaves.
— Comment ? En les battant et les violant ?
— Je ne l'ai pas violée.
Un sourire ironique se dessina sur les lèvres de l'ancienne reine.
— Elle t'a échappé ! Un grand gaillard comme toi n'a pas réussi à forcer une femme aussi menue qu'elle. La réputation du Sambor n'est pas usurpée. Rien que pour cet exploit, j'ai presque envie de la libérer de sa sanction.
— Alors, fais-le.
— Presque envie. Elle vit au harem. C'est moi qui commande. Si j'ai décidé qu'elle devait être punie, elle l'est. Si Larein n'avait pas eu l'intention de lui faire la peau, j'en donnerais l'ordre immédiatement. Mais je ne veux pas d'une guerre entre concubines. Maintenant, si cela ne te convient pas, tu peux la sortir d'ici. Tu as seulement à louer une maison où la loger et engager des gardes pour l'empêcher de s'enfuir ainsi que le domestique auquel elle est habituée.
Jevin montra les dents à la vieille femme. Elle savait bien qu'il ne pouvait se permettre une telle dépense. Même s'il avait accès au trésor royal, Brun n'accepterait jamais de payer l'entretien d'une concubine en ville. Et son pécule n'y suffirait pas.
— Tu n'as pas le droit de disposer de mon esclave quand je suis là.
— Alors, assure-toi qu'elle est bien éduquée. La prochaine fois qu'elle me redira ce qu'elle m'a dit, je la ferai fouetter. La prochaine fois qu'elle recommencera ce qu'elle a infligé à Larein, je l'enferme dans un cachot sans nourriture. D'ici à ce qu'elle revienne, sers-toi de ta main droite. Ou va te payer une pute en ville. Des nouvelles sont arrivées en ville. Brun a pu reconstituer une partie du cheptel.
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La chanceuse (La malédiction des joyaux - Livre 3)
FantasyDans les harems, les chanceuses sont ces esclaves qui ont une "chance" de pouvoir devenir maîtresse du roi un jour. C'est le rôle aujourd'hui dévolu à Deirane : se former en attendant le bon plaisir du roi d'Orvbel. Le harem n'est cependant pas cet...