Chapitre 9 (Samia)

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     Assises sur un banc près de la Garonne, je déguste une glace en compagnie de Louise qui regarde l'eau, songeuse. Voilà plus de dix minutes qu'elle s'est tu, elle à l'air plongée dans ses pensées et je n'ose pas l'en arracher. Alors je ne fais que la regarder, voir son visage illuminé par le soleil et l'ombre d'un sourire sur ses lèvres, sa peau a repris quelques couleurs et ses cernes se sont atténuées. Deux semaines ont passées depuis que Olivio est reparti et Louise à l'air bien mieux que la première fois. 

- Tu as trouvé un nouveau job ? demandé-je pour briser le silence 

     Elle tourne la tête vers moi et croque dans son cornet avant de me répondre. 

- Non, j'essaye de trouve une école d'hôtellerie pas très loin d'ici mais pour l'instant je ne trouve rien. 

- Comment fais-tu pour ton loyer ? 

- Je pioche un peu dans ma bourse qui me servira pour l'école mais j'avais mis de l'argent de côté au fil des payes du café. Je m'en sors. 

- Marc ne t'aide pas ? Ou tes parents ? m'étonné-je 

     Elle hausse les épaules. 

- Marc fait déjà beaucoup pour moi, je ne compte plus le nombre de fois où je me retrouve à squatter chez lui la soirée. Mes parents sont plus loin et puis je ne veux pas les embêter, ils sont bien trop occupés à faire le tour du monde. 

     Nous rions. Je termine ma glace et regarde l'heure sur ma montre : seize heures moins quart. Je me lève en sursaut. 

- Oh ! On devais pas aller au cinéma pour dix sept heures ? 

- Euh si mais.... commence Louise 

- Il faut qu'on se grouille si on veut pas rater la séance, vite ! 

     Je saisie mon amie par le bras qui n'arrive qu'à bredouille et l'entraîne vers ma voiture, je mets le contact tandis qu'elle s'attache. Je me mets en route vers le cinéma et soudain le téléphone de Louise se met à sonner, elle décroche et son visage s'illumine "Sûrement Olivio." 

- Alors cette tournée ? demande-t-elle en souriant

     Je regarde furtivement Louise tout en gardant un œil sur la route. Je ne veux pas écouter, c'est sa conversation avec son copain, pourtant, cela me brûle de savoir si tout va bien. Son sourire s'efface soudain.

- Ah... non ne t'inquiète pas ce n'est rien, un jour ou deux de plus au point où on en est... dit-elle 

     Soudain elle fronce les sourcils et la conversation semble s'envenimer. 

- Mais pas du tout ! Oli écoute tout va bien, forcément je ne peux pas être totalement heureuse vu que tu n'es pas là... Non, mais... s'il te plais arrête. 

     Je sens sa voix vaciller, un coup d'œil rapide confirme mon pré-sentiment : ses yeux sont bordés de larmes. 

- Non ! C'est faux, je ne te reproche rien du tout c'est juste que... tu me manques Oli. Oui je sais que c'est pareil pour toi mais... 

     Je gare la voiture sans rien dire et sors attendre qu'elle finisse sa conversation. Je me sens mal à l'aise, je ne devrai pas assister à ça, surtout que je ne peux en aucun cas l'aider et voir mon amie souffrir me fait du mal. 

- Je le sais, tu n'arrêtes pas de le répéter. Eh...eh bien il aurait peut être mieux valu que je meure il y a un an, ça aurait plus facile pour toi ! s'écrit-elle avant de raccrocher 

     Je suis estomaqué par ses paroles et me fige sur place. Louise sort de la voiture en claquant la portière, comme si elle ne se souvenait même pas de ma présence. Elle me regarde néanmoins et me rejoins sur le trottoir. 

- Je suis vraiment navrée que tu es dû assister à ça, dit-elle 

- Ce n'est rien... Tu veux qu'on rentre ? 

     Elle plonge ses yeux bleus dans les miens et secoue la tête en m'adressant un sourire désolé. 

- Non, allons voir ce film, je ne vais pas te gâcher ce plaisir à cause de mes histoires. Allons-y, nous allons rater la séance. 

     Elle m'attrape par le bras et nous nous engouffrons dans le cinéma. Les places payées, le pop corn acheté : nous nous installons dans les sièges rouges et attendons que le film commence. Lorsque les lumières s'éteignent, je jette un regard à Louise et grâce à la lumière que renvoie l'écran je distingue quelque chose de brillant sur ses joues. Elle est en train de pleurer. 

Un dernier départOù les histoires vivent. Découvrez maintenant