Chapitre 35 (Marc)

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Un mois plus tard. 

    Je suis sur le quai de la gare depuis une vingtaine de minutes à attendre que le train de Louise arrive. Comme son école ferme le mois d'août, ma sœur vient passer deux semaines à Toulouse, histoire de revoir tout le monde et réellement s'excuser. Son train est censé arriver à onze heures mais il est bientôt midi moins quart et toujours aucune trace de Louise. Je m'assois sur un banc et sort mon téléphone : près à l'appeler. Au moment où j'appuie sur son contact, un crissement retentit. Je me relève et regarde le train s'arrêter ; les portes s'ouvrent et un flot de passagers descend, j'essaye de me mettre sur la pointe des pieds pour apercevoir ma sœur mais impossible avec cette marée humaine. Soudain, je suis propulsée en arrière car quelqu'un vient de se jeter sur moi, me serrant fort contre lui. 

- Comme tu m'as manqué ! 

     Je reconnais nettement la voix de Louise et finit par l'enlacer à mon tour. Nous restons comme ça quelques secondes avant de se relâcher en riant. 

- Toi aussi ! Je pensais que tu n'allais jamais arriver. Alors la parisienne tout va bien ? demandé-je 

- Oui, ça va et toi ? 

- Super, bon on y va ? Tu as faim j'imagine non ? dis-je en saisissant une de ses valises. 

- Oui ! 

     Nous sortons de la gare et nous dirigeons vers ma voiture. Une fois les valises chargées dans le coffre, je démarre et lui demande : 

- Tu veux qu'on aille directement chez moi ou tu veux déposer tes affaires ? Éva tiens à ce que tu viennes manger à l'appart'. 

- Cela m'est égal, d'ailleurs comment va-t-elle ? demande-t-elle 

     Un sourire naquit sur mes lèvres, tandis que je me mettais en route, je me tourne vers ma sœur le temps du feu rouge. 

- Une vraie furie ! Je crois que ces hormones commencent à la démanger. 

- Elle te mène la vie dure ? demande-t-elle amusée  

- Ne te moques pas, tu ferais moins la maligne si tu devais faire attention de ne pas toucher la moindre de ses affaires sous peine de la recevoir en pleine tête, expliquai-je 

     Ma sœur se mit à rire et je la suis, nous discutons encore d'Éva quelques minutes avant que je ne dirige le sujet vers elle et sa vie à Paris. 

     En vérité Éva n'est pas si terrible, se sont juste ses hormones de femme enceinte et son caractère qui ne font parfois pas bon ménage. La moindre chose peut la mettre en colère, je pense qu'elle est surtout un peu perdue face à ce nouveau chapitre de notre vie. Moi aussi, j'ai changé en trois mois : j'essaye de m'investir encore plus dans mon travail, d'être un peu plus adulte et là pour ma copine. Peut être que la perspective d'avoir un enfant a provoquer un déclic en moi qui me pousse à être plus mature. Je me suis même surpris à rêver à cet enfant rien qu'en voyant le ventre d'Éva qui s'arrondit un peu plus. Je l'aime déjà et veux pouvoir l'accueillir comme il se doit. 

    Je rentre dans le parking de mon immeuble et gare la voiture. Louise me suit dans l'ascenseur et nous arrivons au quatrième étage. J'ouvre la porte et tout de suite une odeur exquise parvient jusqu'à mes narines. 

- Nous sommes là ! 

    Je me dirige dans la cuisine tandis que Louise referme la porte. Je trouve Éva attelée à la préparation du repas, je me mets derrière elle et dépose un baiser dans son cou. 

- Où est ma belle-sœur préférée ? demande-t-elle en souriant 

- Je suis là ! 

     Louise nous rejoins et Éva lui tombe dans les bras en souriant, visiblement heureuse de la revoir. 

- Oh, tu m'avais manqué ! Je crois que tu as beaucoup de choses à nous raconter, assis-toi, le repas est prêt. 

   Cinq minutes plus tard, nous sommes tous les trois assis autour d'une salade de tomates et d'un poulet avec des pommes de terre. Je sers Louise tandis que celle-ci raconte son installation à Paris. 

- Ta cousine est vraiment une crème Éva, je me sens bien là-bas. 

- Elle a dû te faire découvrir ses talents de cuisinière qui sont, je dois le dire, au dessus des miens, répond ma copine en buvant une gorgée d'eau. 

- C'est très bon chérie, assuré-je en attaquant mon assiette. 

     Éva leva les yeux au ciel. 

- Il dit ça pour me faire plaisir et éviter de dormir sur le canapé, dit-elle 

      Ma sœur se mit à rire et j'acquiesce, je la connais, elle adore jouer à ce jeux. 

- Voilà le vrai visage d'Éva Clark, Louise, une femme cruelle avec son copain, dis-je 

     Celle-ci me lança un regard noir, rempli d'une lueur de défi et je lui fis un rapide clin d'œil. Le reste du repas se passa bien et arrivé au moment du café, un sujet qui avait été évité jusque là, finit par arriver sur le tapis et rendit la tension palpable. 

- Et avec Olivio ? demande Éva 

     Je me raidis alors que j'étais en train de remplir le lave-vaisselle. J'entends ma sœur se racler la gorge. "Je ne préfère pas m'emmêler, je ne voudrais pas parler à sa place."  Ma sœur me l'a appris hier, j'ai tout de suite compris au ton de sa voix que quelque chose n'allait pas : Olivio n'a pas réussi à la récupérer ma sœur. Je suis un peu triste, car au fond : je l'appréciais bien, à voir sa détermination pour Louise, je savais que c'était quelqu'un de bien pour elle. 

- Euh... on s'est séparés, on ne pouvait pas rester ensemble. On se faisait beaucoup trop de mal. 

     Dans la voix de ma sœur je sens la tristesse et la douleur de devoir raconter ce qu'il s'est passé. Éva, surprise et mal à l'aise d'avoir aborder le sujet, lui donne son soutien et la rassure.

     Une heure plus tard, je raccompagne Louise jusqu'à chez elle, et lui fait la bise au moment où elle sort de la voiture. Elle me promet de revenir me voir dans les prochains jours. 

- Ça fait du bien de te revoir sœurette, tu nous avait manqué, dis-je en souriant. 

- Moi aussi, je suis désolée d'être partie si précipitamment, j'aurais dû y réfléchir à deux fois, dit-elle en grimaçant. 

- Ce n'est rien, à la prochain Louise. 

- Salut ! 

     Elle récupère ses valises et me fait un signe de la main que je vois dans le rétroviseur tandis que je m'éloigne. 



Un dernier départOù les histoires vivent. Découvrez maintenant