Chapitre 44 (Louise)

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- Elle est réveillée ? demandé-je en rentrant dans l'appartement.

- Non, elle dort encore, elle s'est réveillée plusieurs fois en sursaut. J'ai eu du mal à la calmer.

Je regarde Cassandra et constate avec effroi son teint pâle et les cernes qui commencent à apparaître sous ses yeux. "Mon dieu, si elle est déjà mal en point, je n'ose imaginer l'état de Samia." Ce matin, Cassandra m'a appelé, m'annonçant l'horrible nouvelle : ma meilleure ami s'est faite violée même pas deux heures après que je l'ai quitté au centre commercial. Sur la route menant jusqu'ici : j'ai pleuré toutes les larmes de mon corps avant de les essuyer rageusement, ce n'est pas à moi de pleurer et je dois être là pour Samia, lui montrer qu'elle n'est pas seule.

- Tu veux un café ? demande-t-elle tandis que je m'assois dans le canapé.

- Oui je veux bien merci, bien noir s'il te plais.

Elle opine du chef et disparaît dans la petite cuisine. J'envoie un message à ma mère, la prévenant que j'arriverai sûrement un peu plus tard que prévu au vu de ce qu'il se passe ici, je ne peux pas partir avant d'avoir vu ma meilleure amie, avant de savoir dans quel état elle se trouve. Même si j'ai déjà des images horribles en tête qui s'accrochent à mes paupières à chaque fois que je ferme les yeux. Cassandra revient, deux cafés à la main et m'en tend un, je bois une gorgée du breuvage brûlant et lâche un maigre sourire.

- Tu es plus douée pour les cafés que je ne l'étais.

- Merci, c'est gentil. Que fais-tu d'ailleurs maintenant ? On a pas encore eu le temps de discuter toutes les deux.

Je pose ma tasse sur la table basse et acquiesce. Samia dormant encore, rien ne nous empêche de détendre l'atmosphère avant que le cauchemar revienne nous assaillir.

- Oui, je suis dans une école d'hôtellerie à Paris, je suis redescendue pour une semaine de vacances, revoir tous le monde. Ça fait du bien d'être à la maison, avoué-je

Je soupire et hume les fragrances de parfums dans la pièce, comme pour m'en imprégner. Faire le plein de nostalgie avant de repartir à Paris.

- Tu as des projets professionnels autre que le café en ce moment ? demandé-je à mon tour en buvant une nouvelle gorgée.

- À vrai dire... pas trop. Ma vie est un peu simple pour l'instant, dit-elle en souriant tristement, je me contente de vivre sans avoir de rêves particuliers, voilà où j'en suis.

- Tu dois bien avoir des rêves, tout le monde en a, rétorqué-je

- Je ne sais pas, j'ai toujours voulu voyagé autour du monde mais ce n'est clairement pas mon salaire de serveuse que ça va arriver, il faut que je sois réaliste.

Je fais une moue mais acquiesce tout de même. "C'est quoi mes rêves ? En ai-je réellement ?" Il est vrai que je ne me suis jamais posé la question non plus : faire des études d'hôtellerie en faisait parti mais maintenant je le vois plus comme un objectif et non comme un réel rêve. Je ne me pose pas plus la question en entendant la porte de la chambre s'ouvrir, nous nous relevons toutes deux pour faire face à la silhouette frêle de Samia : emmitouflée dans un énorme sweat et les cheveux cachant la moitié de son visage. Malgré ça, j'arrive à apercevoir sa pommette meurtrie et des traces autour de son cou.

- Samia, dis-je dans un souffle.

- Louise...

Sa voix est rauque, rouillée comme si c'était la première fois qu'elle parlait. Mes paupières papillonnent sans que je ne sache quoi faire et me tourne vers Cassandra qui n'a pas bougé d'un poil.

Un dernier départOù les histoires vivent. Découvrez maintenant