Chapitre 15 (Louise)

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     Assise devant mon ordinateur, les yeux rivés sur la fenêtre où s'écrasent d'énormes gouttes d'eau, je réfléchis depuis plusieurs heures. Malgré mes nombreuses recherches, je n'ai toujours pas trouvé d'école pour mes études aux alentours de Toulouse. Je brûle d'envie d'étendre mes recherches à toute la France mais quelque chose m'empêche de le faire : ma vie ici. Quitter tout ce que je connais et découvrir une nouvelle ville, ça me terrifie et devoir dire au revoir à mes amis, mon frère, Olivio me paraît impensable. Pourtant une petite voix dans ma tête assure le contraire "Tu dois vivre, tu ne vas pas rester ici et gâcher tes études. Tu ne vas pas l'attendre toute ta vie !" Et pourtant il l'a fait pour moi, Oli aurait très bien pu partir mais il est resté six mois à attendre que je me réveille. 

     Je plonge la tête dans mes mains, essayant de chasser toutes ces questions oppressantes qui me bourrent le crâne. Je pèse le pour et le contre : si je reste, je serais heureuse avec Oli, je pourrais attendre de trouver une nouvelle école et bâtir un avenir avec lui, pourtant j'imagine le contraire et me dis que si j'ai une chance de rentrer dans une école et de réussir dans
l'hôtellerie ; je dois la saisir. Mais cela conduit au fait de quitter Olivio puisqu'une relation à distance est un échec et ça je peux juste pas le concevoir, pour l'instant. Je pousse un cri de frustration et serre les poings pour évacuer toute cette pression qui parcoure mes veines. Je relève la tête, ouvre une nouvelle page google et tape ma recherche. Les premiers résultats tombent et sont tous plus loin les uns que les autres : Nantes, Paris, Lyon... tout ça est beaucoup trop loin pour moi maintenant. Et les maigres économies que j'ai mises de côté ne me permettraient pas d'y aller, à moins que j'utilise mon compte étudiant mais je ne me sens pas prête pour l'instant. J'ouvre néanmoins les différentes pages des écoles que l'on me propose peut importe l'endroit. 

     Soudain mon téléphone sonne et je décroche vivement : 

- Allô ? dis-je 

- Louise, c'est moi, c'est Oli... 

- Oh ! Salut, je n'avais pas reconnu ton numéro désoler. Comment tu vas ? Tout se passe bien ? 

     Je m'appuie contre le dossier de ma chaise et décide de rester détendue priant pour que la conversation ne vire pas à l'engueulade. 

- Oui, mise à part qu'il pleut, tout va bien... et toi ? demande-t-il

- Bah écoute tout se passe bien de mon côté et il pleut aussi d'ailleurs.

     Je l'entend rire et ça me fait du bien. Comme si cela provoquait une dose de morphine dans tout mon être. 

- Tout va bien au café ? Tu ne croule pas sous les commandes? 

     Ma gorge se serre un peu et je me rends compte que je ne lui ai pas parlé de ma démission. 

- Euh... à vrai dire, j'ai démissionné. 

- Quoi ? Pourquoi ?! 

- Eh bien, je ne vais pas passer ma vie à faire des cafés, surtout que je n'étais pas très douée alors j'ai arrêté, j'ai envie de plus, tu comprends ? expliqué-je doucement 

- Oui, tu fais bien ce que tu veux Louise, je ne m'interposerais pas dans tes choix. 

     Je soupire de soulagement. 

- Merci Oli, je suis heureuse que tu comprenne... 

- C'est normal. Et puis entre nous, tu n'étais franchement pas douée pour les cafés, je m'étonne que tu n'es pas cassé toutes les tasses, se moque-t-il 

- Hé ! C'est pas sympa ! Je te rappelle que c'est grâce aux sodas que tu venais m'acheter qu'on est ensemble ! répliqué-je en faisant mine d'être en colère car en fait je me retiens de sourire en me mordant l'intérieur des joues. 

- Ouais tu as raison, d'accord... 

- Et bim ! 

- Quand j'y repense c'était vraiment naze comme technique pour te voir, j'aurai du m'y prendre autrement, dit-il 

- Mais non c'était mignon et tu n'aurais pas eu besoin de faire plus... tu... tu me plaisais déjà avant que tu viennes tout les jours, avoué-je 

     Je replis mes jambes sur la chaise et entoure de ma main de libre mes genoux en me mordant la lèvre inférieure. 

- Haha, la même chose pour moi. Je ne regrette pas toutes ces venues au café, même lorsqu'il faisait froid. Je ne regrette rien Louise. 

- Moi non plus, je ne regrette rien. 

     Je sens le rose me monter aux joues ainsi qu'un bouffée d'amour qui ravive mon cœur comme endormie. "2 mois, il ne reste que 2 mois." 

- Oh ! Je dois te laisser, le bus s'arrête pour faire une pause. Je t'aime Louise, à bientôt. 

- Moi aussi Olivio, moi aussi. 

     Il raccroche et je dépose mon téléphone sur la table. Je suis déstabilisée par mon état amoureux soudain, cela ne m'était pas arrivé depuis longtemps et ça fait du bien. Comme si je me sentais un peu plus vivante, un peu plus capable d'affronter ces deux-moi restants. Je lève de nouveau les yeux vers mon ordinateur et dans un sourire en imaginant le visage d'Oli ; je ferme une à une les fenêtres et fais taire mes questions sur mon potentiel départ. Je ne me déciderai pas maintenant, cela peut encore attendre, je veux juste profiter du temps présent et de ce qu'il m'offre. Je m'en vais chercher mon ours en peluche blanc dans ma chambre et redescends me préparer à manger. Une assiette de pâtes prête, je me pose sur le canapé et regarde le programme télé de la soirée. Serrant la peluche contre moi, je regarde un film à moitié éveillée et m'endors paisiblement, la tête remplie de souvenirs avec celui que j'aime. 

Un dernier départOù les histoires vivent. Découvrez maintenant