Chapitre 40 (Olivio)

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     Aujourd'hui j'emménage dans mon nouvel appartement, j'ai enfin réussi à en trouver un qui me plait et qui n'est pas très loin de chez mes parents ou du studio. J'ai signé le bail hier et j'ai appelé Flo ce matin pour qu'il vienne m'aider à transporter mes cartons. Cela fait bizarre de se dire que je quitte la maison familiale : l'endroit où j'ai grandi, celui qui a abrité nos premiers pas, nos premiers textes, cette maison où on a scellé nos promesses entre frères, ce garage où tout a commencé. 

     Je m'assoie sur mon lit et observe la pièce à présent vide, il y a encore la trace des posters de mon adolescence qui étaient accrochés sur le murs et le clou où je suspendais ma trompette : à présent emballée dans du papier bulle dans un des cartons. Je soupire et m'allonge quelques instants, m'accordant un peu de répit avant que mon frère n'arrive avec sa voiture pour tout transporter. J'ai besoin de baigner encore quelques secondes dans cette atmosphère nostalgique où tout semble plus facile, plus enfantin, c'est ici que j'ai révisé tout le long de ma scolarité, c'est ici que j'ai découvert le rap, que j'ai gratté durant des heures caché sous la couette. C'est ici que je me suis rendu compte que j'étais amoureux, que je tenais à elle. Cette chambre à porté mes joies et mes peines, mes déceptions, mes victoires et mes défaites, elle a porté mon amour et la dernière émotion qu'elle a accueillie aura été la haine. "J'aurai aimé que cela se passe autrement." Tout ça a laissé des marques, autant physiques que mentales, elles font parties de moi à présent et je dois vivre avec. 

     Je reçois un message de mon frère qui dit qu'il m'attend en bas. Je me lève et lâche un dernier soupir avant de regarder une dernière fois l'ours en peluche brun posé sur une des étagères vides, il ne reste plus que lui. Voilà un mois que je n'ai pas posé le regard dessus, il est passé de mon lit à cette étagère et y est resté depuis, je n'ose même pas le pendre, comme si son contact allait réveiller tout ce qui était enfouis et je ne veux pas être assaillit par les souvenirs. Alors je l'observe une dernière fois avant de tourner les talons et de franchir le seuil de cette chambre où je ne remettrai plus les pieds. J'ai l'impression d'avoir franchi une barrière, ma poitrine se libère soudain et j'ai l'impression de mieux respirer, de vivre un peu plus. Je rentre dans une phase adulte, je le sens, elle parcourt un peu plus mes veines à chaque marche d'escalier que je foule. Je pense à mon frère qui a emménagé il y a peu mais qui semble s'être déjà glisser dans une routine que j'envie : j'ai hâte d'être enfin chez moi, de me retrouver avec pour seule compagnie : mes pensées et ma conscience, sans que tout me rappelle à elle. 

     Je chasse l'image de son visage de mon esprit et me dirige vers la porte d'entrée où mon père et mon frère sont en train de discuter, je dépose le dernier carton au pied de la voiture. 

- Alors prêt pour le grand départ ? me demande gaiement mon père. 

- Oui, réponds-je peu rassuré. 

- Ça va bien se passer Oli, t'en fais pas. Tu n'auras qu'à laisser ta lampe de chevet allumée si tu as peur du noir tout seul ! se moque Flo. 

- Haha, hilarant ! Bon on y va ? 

- C'est parti ! 

     Nous faisons tour à tour la bise à notre père avant de s'engouffrer tout deux dans l'habitacle, Flo derrière le volant. J'attache ma ceinture et dit au revoir à mon père d'un signe de la main jusqu'à que la maison ne devienne plus qu'un point noir. Je soupire et me cale sur mon siège. 

- Tu te sens prêt ? 

- Il le faut bien, dis-je 

- Tout va bien se passer, au début tu vas avoir de vieux réflexes comme attendre patiemment que papa t'appelle pour manger ou te tromper de pièce par habitude mais tu vas vite t'y faire, tu verras, me rassure Flo. 

Un dernier départOù les histoires vivent. Découvrez maintenant