Chapitre 11 (Louise)

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     Je me réveille, la tête comme un marteau piqueur. Je me sens nauséeuse et je n'ai aucune idée d'où je me trouve. Je tente de me redresser mais ma tête tourne tellement que je n'arrive qu'à retomber lourdement sur le canapé où j'ai dormi. J'attends que mon champs de vision s'éclaircisse et regarde autour de moi : je suis vêtue d'un pyjama qui ne m'appartient pas et mes cheveux sont encore mouillés. je reconnais soudain le salon de mon frère et soupire de soulagement "Je suis en sécurité au moins." La question maintenant est : comment je suis arrivé ici. Tout à coup Eva traverse la pièce, vois que je suis réveillé et s'approche. 

- Ah ! Enfin tu émerges, je pensais que tu ne te réveillerais jamais dit-elle 

     Elle me tend soudain un verre d'eau et un comprimé, je fronce les sourcils. 

- Prend, c'est du paracétamol, tu en as sûrement besoin. 

     Je me masse longuement le front et répond tandis que je saisie le verre. 

- C'est pas faux. 

     J'avale le cachet et bois goulûment l'eau jusqu'à qu'il n'en reste plus une goutte. Je le pose sur la table basse et m'assoie en tailleur sur le canapé tandis que Eva se rend dans la petite cuisine ouverte sur le salon. 

- Que s'est-il passé ? Pourquoi je suis là ? demandé-je 

- C'est compliqué, laisse-moi te préparer un bon petit déjeuner et je t'explique tout ensuite. 

     C'est vrai que je suis affamée, mon ventre se réveille et gargouille bruyamment. J'essaye de me lever sans avoir envie de vomir et rejoins Eva en cuisine qui prépare une tasse de café ainsi que des tartines de pain. Je m'avachie plus que je ne m'assoie sur un des tabourets de l'ilot et me prend la tête entre les mains. 

- C'est vraiment pas marrant la gueule de bois hein ? me fait-elle remarquer 

- Non, le pire c'est que je ne sais même pas pourquoi je l'ai. 

     Elle me fait glisser l'assiette de tartines et dépose la tasse de café bien chaud que je saisis, me réchauffant les mains sur la céramique chaude. 

- Allez raconte-moi Eva, qu'est-ce que j'ai fais encore ? demandé-je 

- Vers deux heures du matin, tu as appelé Marc. Tu étais amnésique. 

    Je me tortille sur ma chaise, mal à l'aise. 

"Tu étais en train de revivre la période où Marc était soit disant mort. Tu étais perdue en pleine ville, saoule et sous la pluie. Alors Marc est parti à ta recherche et t'as ramené ici évanouie et complètement frigorifié. Quand ton frère est allé se coucher, je me suis occupé de toi, je t'ai fais prendre une douche et t'ai mise en pyjama. Voilà ta mésaventure d'hier." 

     Je baisse la tête honteuse d'apprendre ça. Je n'ai aucun souvenir précis de la veille mise à part ce qu'il s'était passé avant de sortir sous la pluie. 

- Et mes vêtements ? demandé-je 

- En train d'être laver, tu t'étais vomi dessus, m'avoue-t-elle 

     Je lâche un petit rire nerveux. 

- Super, fis-je ironique, merci beaucoup Eva, pour tout.  

    Je termine mes tartines et soudain elle pose sa main sur la mienne, je lève les yeux et lis dans son regard de l'inquiétude. 

- Pourquoi avoir bu autant Louise ? Tu as apparemment beaucoup parlé d'Olivio pendant que Marc accourait. 

- Ah. 

     Je m'humidifie les lèvres et cherche comment aborder la raison de ma gueule de bois. Même si nous sommes amies toutes les deux , je n'ai pas envie de tout lui dévoilé, notamment la déprime qui me ronge. 

- J'étais juste, triste et perdue. Je ne sais pas pourquoi j'ai bu autant ni pourquoi je suis sorti sous la pluie, expliqué-je en masquant une partie de la vérité. 

- Ça avait un lien avec Olivio ?  

     Je hausse les épaules. 

- Je pense mais je ne me souviens pas de grand chose, mentis-je 

    Je termine mon café et me lève pour y ranger dans le lave-vaisselle, mais Eva me précède et le fait à ma place. 

- Tu sais, je serai toujours là si tu as besoin de discuter, on l'a déjà fait beaucoup fait et tu sais que ma porte, enfin notre porte restera toujours ouverte, dit-elle 

- Merci. 

    Vers deux heures de l'après-midi je sors de la voiture de mon frère qui a insisté pour me raccompagner chez moi et rentre dans la maison plongée dans la pénombre. Il ne me faut pas plus de deux pas pour heurter une bouteille en verre vide qui roule sur le sol. J'allume la lumière et découvre le carnage que j'ai laissé hier : de nombreuses bouteilles d'alcool vides gisent le sol au milieu d'un amas de débris de verre. Tout ce qui s'est passé la veille me remonte en mémoire comme une bombe qui explose dans mon esprit. 

     Il était tard, je venais de rentrer de ma soirée avec Samia en pleurs. J'avais essayé tant bien que mal de cacher mes larmes à mon amie mais lorsque j'étais rentré... j'avais totalement explosée, j'étais partie en vrille. J'avais attrapé toutes les bouteilles d'alcool que j'avais et m'étais assise contre le mur en buvant pour oublier, oublier mes problèmes, mon amour, Olivio et tout le reste. Pour m'oublier moi-même, de ce que je suis en train de devenir : une âme qui ne sait plus où est sa place dans ce monde, qui a besoin de changer d'air. L'alcool m'était monté à la tête et revoir les photos sur le mur, celle où il est dessus m'avait fait tellement mal que je les ai déchirées en hurlant et en brisant ma bouteille contre le mur. 

     Quand je vois le morceaux des photos jonchés le sol, mon coeur se serre. Les larmes refont surface et je me laisse tomber à genoux devant le mur, parmi les morceaux de verres et les bouteilles. Je ramasse une des photos qui était ma préférée : celle de la fête foraine, le jour où la mémoire m'est revenue. Oli me serre contre lui et moi je rie aux éclats. Cette photo est à présent détruite par ma faute et je m'en veux terriblement. 

     Une fois tout nettoyé, je m'assois sur mon canapé, les yeux rougis par les larmes et compose son numéro, après plusieurs sonneries il répond. Pour l'instant il ne parle pas, sûrement à cause de notre conversation explosive de la veille. 

- Louise je m'exc... 

- Non. Oublions ce qu'il s'est passé hier, dis-je en recommençant à pleurer.

- Qu'est-ce que je peux faire pour toi Louise ? Ça me rend fou de ne pas pouvoir t'aider... 

     Je déglutis et renifle bruyamment. Les larmes dévalent mes joues et je les essuies tout en répondant. 

- J'ai juste besoin d'entendre ta voix et que... que tout redevienne comme avant.

Un dernier départOù les histoires vivent. Découvrez maintenant