Un dernier départ

Chapitre 25 (Florian)

- Tu peux me dire où tu es ? demandé-je en colère

     Oli ne répond pas tout de suite mais le bruit que je perçois en fond au téléphone m'indique qu'il n'est pas chez mon père. J'ai passé le weekend chez Antoine et quand je suis revenu ce matin : aucune trace d'Oli. "Je sens l'entourloupe." 

- J'ai décidé de passer quelques jours chez Léo... comme au bon vieux temps ! 

     Ça sonne faux, je connais mon frère. 

- Oli, arrêtes tes salades ! Je sais très bien que tu mens, dis-je 

- Mais non je t'.... Le train en direction de Paris arrivera bientôt en gare ! 

      J'écarquille les yeux en entendant la voix dans le haut parleur. 

- Oh merde, fit mon frère 

- Paris ?! Ne me dis pas que tu es à la gare pour aller la retrouver ! 

     Quand Oli est ressorti de l'immeuble du frère de Louise, il m'a confié que celle-ci était en fait à Paris et lui mentait depuis un mois. Je suis extrêmement déçu de Louise et de ce qu'elle fait subir à mon frère, moi qui pensait qu'elle avait hâte de le retrouver, voilà qu'elle s'enfui à Paris sans donner aucune nouvelles. Et bien sûr mon abruti de frère part la retrouver au lieu de mettre à terme à cette relation devenue toxique. 

     Je me pince l'arrête du nez. 

- Oli, laisse tomber, elle est parti, c'est fini ! Tu ne vois pas que ton couple dérive ? 

      Je sais que ce que je dis est dur mais c'est la vérité, leur couple ne marche plus depuis des semaines à présent et s'acharner comme le fait Oli : c'est se faire du mal inutilement. 

- Non,  je peux encore la retrouver et faire que tout redevienne comme avant, tout reviendra comme avant... 

     Entendre sa voix vaciller me brise le cœur. Il tient réellement à elle et Oli n'est pas du genre à baisser les bras aussi facilement. 

- Oli, je sais que tu l'aimes mais il est trop... 

- Je te laisse, le train arrive ! me coupe-t-il 

- Quoi ? Non attends ! 

     Il raccroche et je ravale un cri de frustration. "Ce qu'il peut être borné !" Je me laisse tomber dans mon canapé et observe mon nouvel appartement, les murs sont pour l'instant vides de toute décoration. Ça me fait bizarre, c'est une nouvelle vie qui commence : celle je suis à présent un adulte, où il n'y a plus mes parents pour faire les choses à ma place. Pourtant, malgré ce nouveau départ, j'ai l'impression d'être toujours cet adolescent qui écrivait des textes jusqu'à très tard sous sa couette en écoutant du rap. Peut être qu'il disparaîtra avec le temps pour laisser place à un adulte aux joues couvertes de barbe et qui boit du café ? Pour l'instant je reste entre deux eaux et me laisse porter par la vie et ses surprises. J'imagine mon frère dans son train, en route pour Paris, j'ai très peur pour lui, même si je ne lui dit pas ; ce ne sont pas des choses à dire entre frères. J'ai peur qu'il revienne avec le cœur brisé, j'ai peur que Louise lui fasse du mal, même si je sais que ce n'est pas facile pour elle non plus, je suis tout de même en colère contre elle, je le serai contre tous ceux qui feront du mal à Oli. 

     Je me lève et chasse toute cette histoire de ma tête, ce ne sont au fond, pas mes affaires, ce n'est pas à moi de les régler. Je soupire et attrape le disque d'or de notre album encore enveloppé dans du papier à bulle, je le déballe et l'accroche au mur où j'ai déjà planté un clou. J'observe mon reflet dans le verre du cadre et soupire longuement. Ce n'est que le début d'un longue aventure, je le sais. Une phrase me passe en tête sans que je ne sache pourquoi, je la murmure et la laisse résonner dans le silence qui plane autour de moi : 

- Premiers mots du deuxième album, toujours avez mon frère...