- C'est quand ton anniversaire ?
J'esquisse un sourire gêné et pose le livre que j'étais en train de lire sur ma poitrine pour observer Hugo, qui la tête sur mes cuisses, joue avec mon marque-page.
- Pourquoi ? demandé-je pour retarder ma réponse
- Je sais pas, répond-il en haussant les épaules, comme ça, tu me l'as jamais dit.
"C'est un peu tard Hugo..." Je ris et me redresse le faisant changer de position, il replace sa tête sur mes jambes et m'observe avec un regard curieux.
- C'est le 10 septembre...
Il acquiesce puis ses yeux s'écarquillent, il se relève soudainement en s'exclamant :
- Mais attends, c'était hier le 10 septembre !
"Bien vu Sherlock." Je hoche la tête avant de la rentrer dans mes épaules, je connais mon ami : il va me faire une scène digne d'un dramaturge parce que je ne lui ai pas dit.
- Louise Travis j'espère que vous vous foutez de moi ?!
- N'en fais pas tout une histoire, c'est qu'un anniversaire, ce n'est rien enfin !
Il me regarde comme si j'étais folle et secoue la tête dans un claquement de langue agacé. Il se campe devant moi en croisant les bras.
- Si c'est important, on n'a pas tous les jours vingt et un ans, tu sais. Attends-moi là, je reviens.
Il sort de la chambre sans que j'eus le temps de répliquer et je l'entends claquer la porte de son appart. Je reste bouche bée, ne sachant pas trop quoi penser de son départ plus qu'imprévisible, mais Hugo est comme ça, lui seul sait parfaitement ce qui se passe dans sa tête mais si parfois je doute qu'il y comprenne lui-même quelque chose. Il peut très vite se perdre dans ses pensées les plus profondes et couper tout contact avec l'extérieur, je dois souvent claquer des doigts devant ses yeux pour le ramener sur Terre. Je soupire en souriant tendrement et récupère mon livre, abandonné sur le couvre-lit, enfin plutôt son livre, je n'ai en aucunement besoin d'aller dans une librairie car je sais qu'Hugo aura le livre que je cherche : son appartement est rempli de diverses ouvrages de grands comme petits auteurs qu'il me fait découvrir avec une avide passion, ses livres préférés sont d'ailleurs empilés contre le mur de sa chambre et menace de se renverser à chaque pas sur le parquet bancal. Son appartement reflète d'ailleurs je trouve, plutôt bien sa personnalité : mystérieux, un peu bordélique avec des tonnes d'objets tous de provenances et de styles différents mais qui savent rester harmonieux une fois réunis. Même sans la présence de son propriétaire : l'appartement rappelle toujours à lui, comme avec sa vieille cafetière, que lui seul sait faire parfaitement marcher à recours de grands coups de poing sur la machine, ou encore le tableau en liège qu'il a acheté pour enfin s'organiser mais qui ne contient finalement que quelques punaises inutilisées et un prospectus de l'école.
Nous ne nous connaissons que depuis environ deux mois mais j'ai l'impression que l'on connaît tout l'un de l'autre, nos nuits ont en grandes parties aidées à nous dévoiler un peu plus et donc à rapidement tisser des liens. Hugo a grandi dans la banlieue parisienne avec son père et sa mère, étant fils unique il était très choyé par ses parents malgré leur travail très prenant en hôtellerie, lui et sa famille se sont installés à Paris lorsque son père a décidé d'ouvrir son propre hôtel, Hugo a donc toujours baigné dans ce milieu et il me raconte souvent plein d'anecdotes sur les moments passés à l'hôtel, les ragots qu'il y avait sur les clients, les moments passés en cuisine ou dans la salle à manger. Il a décidé d'en faire son métier et compte reprendre l'hôtel familial dès que son père prendra sa retraite, il me dit souvent qu'on y travaillera ensemble si je le veux mais je ne sais pas encore si je veux travailler à proprement dans un hôtel, en ouvrir un serait un projet incroyable mais irréalisable avec mes maigres moyens et puis si cela devait arriver je pense que je préférerais le faire dans ma ville rose : chez moi.
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Un dernier départ
Fanfiction[3e tome de "L'amour inconnu" ] Partir, sans se retourner, pour mieux avancer. Comprendre que s'acharner n'est pas la solution, se rendre à l'évidence. Ne plus entendre nos disputes, ne plus faire couler nos larmes. Savoir apaiser nos cœurs et s...