BONUS #1

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      Je trépigne sur place, comme si ma peau était en train de brûler. Dans mon ventre un volcan ne cesse de rugir et fait vibrer l'entièreté de mon squelette, je bouge tellement que la jeune femme attelée  à ma coiffure soupire silencieusement une énième fois face à la pile électrique que je suis depuis mon réveil. 

- Tu veux bien te calmer deux minutes ? m'intime Samia, assise à côté de moi. 

     Je lui adresse un sourire crispé et essuie mes mains trempées de sueur dans un mouchoir en papier. Mon pied encore nu, rebondi comme un ressort sur la moquette de la loge tandis que je lutte mentalement pour ne pas ronger mes ongles fraichement manucurés la veille. Je me concentre sur mon reflet dans le miroir et respire profondément. 

- Louise, il faut vraiment que tu te calmes, tu vas finir par abimer ta robe et ça c'est hors de question, la caution va coûter une blinde sinon. 

- Désolé, c'est juste que je suis tellement nerveuse. Ce jour est ultra-important, je n'ai pas envie que tout soit gâché ! Cette journée doit être mémorable. Tout doit être parfait. 

     Samia attrape ma main et me regarde en souriant : 

- Ça le sera, mais uniquement si tu te calmes. 

    Je hoche la tête et observe dans le miroir le bustier de ma robe dont je rêve depuis que les préparatifs ont commencé. Arrivée il y a quelques semaines dans une grande housse blanche, j'étais impatiente de pouvoir laisser courir sur ma peau le satin et la dentelle de la tenue. Ce jour est enfin arrivé et mon taux d'excitation atteint des sommets. Je respire longuement et cesse de bouger quand le maquilleur s'approche de mon visage pour finir mes paupières recouvertes d'un fard argenté, qui intensifie et rend presque mon regard polaire. Ma peau paraît plus belle et plus brillante que jamais. Je remercie chaleureusement le maquilleur et la coiffeuse pour leur admirable travail et me tourne vers ma meilleure amie, plus radieuse que jamais, ses longs cheveux noirs ont été bouclés et attachés en un chignon d'où sors des boucles parsemées de broches scintillantes, sa robe longue fendue sur une cuisse couleur crème met ses courbes et son corps en valeur. 

- J'arrive pas à croire que tu te maries. 

   Elle rit et son rire résonne comme un carillon dans la pièce, je ne l'avais pas entendue rire ainsi depuis des lustres. Sa main se glisse dans la mienne et la sert fort. 

- Moi non plus. Je pensais encore moins que Cassandra le voulait aussi. Mais nous y voilà, c'est le grand jour. 

- C'est le grand jour. 

     Elle observe nos mains enlacées sur mes genoux et sa bouche s'étire en une mimique dont elle seule a  le secret. 

- Tu te souviens le premier jour où l'on a travaillé ensemble au café ? demande-t-elle d'une voix lente. 

- Si je me souviens ? Je crois n'avoir jamais autant renversé de café de ma vie, j'ai cru que Carl allait me virer sur-le-champ . 

- Oh il l'aurait sûrement fait ! Seulement, tu semblais vraiment cool comme fille, alors j'ai peut-être dit que j'y étais pour quelque chose. 

     J'écarquille les yeux face à cette révélation qui fait fondre mon cœur. Je lui assène néanmoins une tape sur l'épaule, elle me regarde sans comprendre : 

- Aouch ! Qu'est-ce que j'ai fait encore ?! 

- T'aurai pu me le dire plus tôt, histoire que j'ajoute ça à mon discours. 

   Nous riions et je refoule les larmes qui naissent au bord de mes yeux en agitant mes mains près de mon visage. "Hors de question de ruiner mon maquillage."  On toque à la porte et dans l'encadrement de la porte : la sœur de Cassandra qui est aussi sa témoin apparaît. 

Un dernier départOù les histoires vivent. Découvrez maintenant