Chapitre 10 (Marc)

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     Je me réveille en sursaut, alerté par la sonnerie de mon téléphone posé sur la table de chevet. Eva bouge à côté de moi tandis que j'allume la lampe et saisit mon téléphone. Je fronce les sourcils en voyant me contact de ma sœur s'afficher. Je décroche vivement.

- Louise ! Tout va bien ?

     Personne répond et je n'entends qu'une respiration saccadée et le bruit de la pluie. Je commence à paniquer.

- Louise, est-ce que c'est toi ? Il est deux heures de matin et....

- Allô ? Je suis désolée mais ce numéro est celui de mon frère mais il est mort. Vous pouvez m'aider ?

     Mon sang ne fait qu'un tour et je me lève en sursaut.

- Euh... Oui bien sûr, dis-moi où es-tu pour que je puisse venir t'aider, dis-je

    J'essaye de ne pas la brusquer et de rentrer dans son amnésie, j'ai peur qu'elle panique et raccroche.

- Je ne sais pas où je suis mais il y a la Garonne et il pleut. Qui êtes-vous d'ailleurs ?

     Je commence à enfiler un jean en sautillant à cloche pied. Mon cerveau tourne à une allure folle pour inventer une histoire.

- Je suis un ami de ton frère, tu as dû tromper en tapant le numéro. Tu es sûre que tu ne sais pas où tu es ?

- Marc est mort, je ne sais pas si tu le savais. Il me manque...

- Louise, répété-je, dis-moi où...

- Heureusement qu'Oli est là pour moi, mais je ne sais pas où il est.

     " Oh non..." Louise est en train de revivre la période où elle me croyait mort. Mon cœur se serre mais je dois me concentrer.

- Je ne sais pas non plus où il est. Alors tu me disais que tu étais près de la Garonne, est-ce que tu vois un panneau ?

- Non, il fait trop noir. J'ai froid et il pleut. C'est quoi ton nom ? demande-t-elle d'une petite voix

- Liam, je m'appelle Liam.

     J'ai choisis le prénom de mon meilleur ami. Pourvu qu'elle y croit.

- Liam, ça me dit quelque chose... Tu arrives bientôt ? Je commence à être fatiguée, je crois que je vais...

- Non ! Louise ne t'endors surtout pas, reste concentrée.

     J'attrape mes clefs de voiture et soudain Eva apparaît dans l'encadrement de la porte :

- Qu'est-ce qui se passe ?

- Louise est de nouveau amnésique et perdue en ville, je vais la chercher.

- Ramène-la ici, je vais faire du thé et préparer le canapé pour qu'elle y dorme. Sois prudent.

     Je dépose un rapide baiser sur ses lèvres avant de claquer la porte et dévaler les escaliers.

- Tu es toujours là ? Liam ! s'écrit Louise

- Oui, excuse-moi je me mets en route. Dis-moi si tu es blessée ou autre.

- Non, j'ai juste vomi sur moi et je ne me sens pas bien. Oh !

- Qu'est-ce qu'il y a ?! paniqué-je

     Je branche mon téléphone à l'auto radio et sors du garage, les essuis-glaces activés à fond. La pluie est battante.

- J'ai trouvé une café, il est fermé mais je me suis assise sous l'auvent. J'ai froid...

- Tiens bon j'arrive.

     Le seul café que je connais se trouvant proche de la Garonne se trouve à dix minutes d'ici. Je grille un feu rouge et accélère. Pendant ce temps, j'entends Louise parler seule. "Dans quoi tu t'es encore foutu sœurette ?"

- Marc, pourquoi t'es parti ? Pourquoi sans moi ! Reviens mon grand frère...

     Ça me déchire le cœur de l'entendre souffrir comme ça.

- Olivio, j'ai l'impression qu'il est parti lui aussi. Je suis toute seule, tout le monde m'a abandonné, dit-elle

     Sa voix se fait de plus en plus faible. Je cris dans l'habitacle.

- Non Louise ! Reste éveillé, tu n'es pas seule. Olivio ne t'as pas abandonné !

     J'ai l'impression de mentir en disant ça. Voilà maintenant presque quatre mois qu'il est parti en tournée et ne rentre qu'apparemment en fin juillet.

- Je l'espère Liam, je l'espère....

     La communication coupe soudain. "Merde !" Au même moment j'arrive devant le café et aperçois devant la porte : une silhouette frêle et tremblante, évanouie. Je sors de la voiture et me précipite vers ma sœur dont le corps empeste l'alcool et le vomi. Je passe mes mains sous ses aisselles avant de passer un bras sous ses cuisses et l'autre dans son dos. La pluie s'abat sur mes épaules et ma tête tandis que j'allonge Louise à l'arrière. Je remonte en voiture et reprends la route en direction de mon immeuble.

     Dix minutes plus tard j'arrive en fin sur mon palier, essoufflé. Je rentre et tout de suite Eva vient m'aider à allonger ma sœur sur la canapé qu'elle a préparé.

- Mon dieu, elle est mal en point. Je crois qu'elle a de la fièvre, dit-elle en posant ses doigts sur son front 

     J'éternue bruillement, tremblant. Ma copine se tourne vers moi et touche mon front.

- Toi aussi. Bien, je crois que je vais devoir jouer les mamans de jumeaux le temps d'une nuit. Vas te coucher, mon héros. Ton lit t'attends.

     Je hoche la tête, fatigué et dépose un baiser sur sa joue.

- T'es un amour Eva.

- Je sais... allez file.

     Je me rends dans la chambre tandis que Eva commence à déshabiller ma sœur afin de lui faire prendre sûrement une douche. Je n'ai pas le temps de prendre la mienne puisque à peine arriver à mon lit, je tombe et sombre dans un sommeil lourd.

Un dernier départOù les histoires vivent. Découvrez maintenant