Tout est enfin prêt, je regarde fièrement la table que j'ai dressée : les bougies que j'ai réussi à dénicher dans un tiroir du salon et à allumer sans mettre le feu à l'appartement, les odeurs du repas que j'ai préparé tout l'après-midi voltigent dans la pièce et chatouillent mes narines. Je me pose dans le canapé et regarde encore et encore le post-it que m'a laissé Samia en partant ce matin. Ma réaction était puérile, je le sais, je n'aurai pas dû réagir comme ça : rester paralyser sur la balcon à fumer ma cigarette. Sa question m'a totalement prise de court, je n'ai pas su quoi répondre et encore là, je suis indécise. J'ai eu beaucoup de relations mais celle-ci, je sens qu'elle est différente, cette femme m'attire plus que toutes celles que j'ai pu aimé dans ma vie, je l'aime d'un amour sincère mais cette relation est si fragile, si neuve que j'ai peur de me précipiter et de tout gâcher. Je regarde encore une fois mon téléphone et constate qu'il est plus de dix-neuf et Samia m'avait prévenue qu'elle rentrerait vers dix-huit heures, je commence à m'inquiéter et décide de l'appeler : je tombe sur son répondeur ce qui amplifie encore plus mon angoisse.
Je m'assois dans le canapé et contemple la bougie devant moi : fixant la flamme vacillante de celle-ci. Je soupire et laisse mes pensées divaguer dans la pièce, il y a un an de ça je ne pensais pas en être là : issue d'une grande fratrie j'ai toujours eu du mal à me démarquer de mes sœurs, remarque le jour où j'ai appris à mes parents que j'étais homosexuelle j'ai vraiment été différente de mes aînées. Ça a été dur pour eux d'accepter cette nouvelle, j'en étais d'ailleurs choquée : eux qui ont toujours été ouverts d'esprit, apprendre que leur fille aime les filles les a laissé de marbre. "Comme quoi être d'accord avec certaines choses ne veut pas forcément dire qu'on voudrait que cela arrive au sein de notre famille." Je ne leur ai pas encore présenté Samia et à vrai dire je n'en ai même pas parler du tout, notre relation est si récente que je préfère attendre un peu : sachant que Samia veut d'abord faire son coming-out auprès de sa famille avant qu'on se présente mutuellement l'une et l'autre.
Soudain la sonnette retentit et je me lève en sursaut me précipitant jusqu'à la porte en souriant mais mon visage se referme très vite en ouvrant : Samia, tremblante, trempée par la pluie qui semble s'être abattue sur la ville, la robe à moitié déchirée et les yeux vides... complètement vides. Ce sont ses yeux d'habitude pétillantes, brillants de vie qui m'alarment le plus.
- Samia ? Qu'est-ce qu'il t'es arrivé ?
Elle ne répond pas et fais un pas avant de s'écrouler contre moi comme une pierre, je la rattrape de justesse et la soutient par la taille. La peur commence à me serrer les entrailles.
- Samia ! S'il te plait réponds-moi ! Est-ce que tu m'entends ?
Toujours aucune réponse. Je la transporte jusqu'au canapé où elle se laisse tomber, le regard toujours dans le vague. Je m'assois à côté d'elle et tente de prendre son visage entre mes mains mais elle se dégage soudain comme électrisée et recule : apeurée.
- Mais qu'est-ce qu'il y a ?! Samia, s'il te plait tu me fais peur là...
Soudain ses yeux deviennent brillants : remplis de larmes qui ne tardent pas à dévaler ses joues comme une cascade. Elle pleure et je n'arrive toujours pas à savoir ce qui lui arrive, alors je la détaille du regard et remarque des traces rouges autour de son coup et sur ses reins, sa lèvre inférieure est fendue et saigne et mon regard tombe sur ses jambes dénudée est marqué par des traces rouges. Je comprends soudain et reste figée : horrifiée par ce que je viens de comprendre, je porte ma main à la bouche et réprime un cri mélangé d'horreur et de colère.
- Samia, parle-moi je t'en supplie, dis-moi ce qu'il est arrivé.
Elle se met à trembler et pleure de plus belle, elle attrape sa tête avec ses mains et se balance d'avant en arrière. Je m'approche d'elle et lui saisit les poignets pour qu'elle arrête. Je me mets à parler un peu plus fort même si j'ai peur de l'effrayer.
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Un dernier départ
Fanfiction[3e tome de "L'amour inconnu" ] Partir, sans se retourner, pour mieux avancer. Comprendre que s'acharner n'est pas la solution, se rendre à l'évidence. Ne plus entendre nos disputes, ne plus faire couler nos larmes. Savoir apaiser nos cœurs et s...