Un dernier départ

Chapitre 27 (Samia)

    Je rentre dans le café et mes joues rougissent soudainement en voyant Cassandra derrière le bar. Je me racle la gorge et viens accrocher mes affaires au porte-manteau. Je ne sais pas comment me comporter suite à ce qu'il s'est passé au cinéma, à vrai dire tout est un peu flou et en même temps si clair, c'est bizarre dans mon esprit. Je tente tout de même de me montrer polie et dis alors : 

- Bonjour ! 

- Salut ! Comment ça va ? demande Cassandra 

     Son air détaché me surprend, elle n'a pas l'air le moins du monde gênée. Je bredouille une réponse intelligible. Cassandra remarque sûrement mon état puisqu'elle attrape mes deux bras et me dit très clairement : 

- Ecoute, je sais que ce qu'il s'est passé entre nous au cinéma peut rendre la situation gênante, mais sache que je n'ai aucunement honte de ce qu'il s'est passé ok ? Après je comprendrais que tu veuilles oublier et si c'est le cas dis-le moi et je ferai comme si rien de tout ça ne s'était passé.

     Je reste bouche bée par sa franchise et son ton direct. Mon cerveau tourne à cent à l'heure essayant de trouver quelque chose à dire. Je plonge mon regard dans le sien, je me remémore la sensation de ses lèvres sur les miennes, son parfum durant cette soirée et ses yeux... ses yeux de la couleur que la mer prend quand elle est agitée durant un orage ; un gris profond et aussi tranchant que l'acier. Je finis par sourire et réponds naturellement : 

- À vrai dire, je n'ai pas envie d'oublier cette soirée. 

     À ces mots, Cassandra sourit et je sens une fois de plus mon cœur s'affoler. 

- Alors, on va se revoir ? Enfin en dehors du boulot je parle, demande-t-elle 

- Bien sûr, ce serait avec plaisir, dis-je 

     Suite à ça nous sourions toutes deux et Cassandra me lâche enfin cette fois réellement gênée, nous nous regardons encore un instant avec que Carl ne nous rappelle à l'ordre. Je me munie d'un torchon et vais nettoyer les tables du café, tout en astiquant les tables, je repense à ce baiser avec Cassandra et me dis que c'est quelque chose de tout nouveau qui commence, en tout cas pour moi, elle, à l'air plus expérimentée. Je n'ai jamais eu de relation avec une femme et je ne me suis jamais vu en avoir une, jusqu'à aujourd'hui. J'ai l'impression que grâce à elle, cela pourrait être un nouveau chapitre dans ma vie de femme. On verra bien dans le temps comment évoluera notre relation. J'ai quand même un peu peur et me dis qu'il faut que je me préserve avant de tenter autre chose. "Idiote vous vous êtes déjà embrassées, ça doit bien signifier quelque chose !" Ou peut être pas et je ne me fais que des idées. 

     Je repousse ces pensées parasites et me concentre à nouveau sur ma tâche. Soudain dans la poche de mon jean mon téléphone se met à sonner. Je fais un pas en arrière, surprise, en voyant le nom de la personne : Louise. "On ne sait pas parler depuis depuis un mois maintenant, après des jours sans nouvelles, j'avais cessé d'espérer quoique ce soit." Sauf qu'aujourd'hui elle m'appelle et je n'ose même pas décrocher. À vrai dire je suis plutôt en colère contre elle, d'être partie sans rien dire, sans donner aucune explications. Je regarde le téléphone sans bouger, je ne sais pas à quoi m'attendre si je lui réponds, soudain, Cassandra m'appelle et je décide de rejeter l'appel pour aller l'aider. "Si Louise à quelque chose d'important à me dire, elle laissera un message." 

     Vers dix neuf heures, je quitte Cassandra qui fait la fermeture et rentre chez moi rapidement. En arrivant à mon appartement, je retire mes chaussures, pend mon sac au porte-manteau et me rends dans la cuisine pour mettre de l'eau à bouillir. Je pose mon téléphone sur la table et sors de quoi me faire un thé, une fois l'eau chaude, je la verse dans une tasse et regarde le thé se diluer et faire prendre une couleur ambre à l'eau. Je sors mon téléphone de ma poche et regarde les notifications, lorsque mon regard tombe sur une d'entre elles, mon cœur rate un battement : Louise a laissé un message. Je clique sur ma messagerie et pose le téléphone sur la table tandis qu'une voix robotisé parle bientôt remplacée par celle de Louise. 

- Salut.... euh..... Je sais pas si tu écouteras ce message, je l'espère en tout cas. Samia, je voulais t'appeler... mais la vérité c'est que j'ai peur, j'ai peur et j'ai honte. Tu dois... sûrement m'en vouloir à mort et je te comprends, j'ai été moi aussi très énervée durant quelques temps mais maintenant... Maintenant je me rends compte que couper les ponts était une erreur et que je n'aurai pas dû partir si précipitamment. J'aurai dû t'expliquer, j'aurai dû te prévenir, je le sais, c'est ce que font les amies normalement... Sauf qu'en amitié je suis très nulle depuis quelques temps, mais tu as dû t'en rendre compte. Voilà, je ne sais pas quoi dire d'autre, si ce n'est ; rappelles-moi, j'aimerai vraiment pouvoir me rattraper. Et si jamais, c'est Louise... 

     Le message se termine et je me mords la lèvre tandis que les larmes roulent le long de mes joues.