Je suis réveillée par des caresses. Des doigts parcourent ma colonne vertébrale : faisant frémir mon échine. Je proteste un peu en bougeant mais me laisse vite faire en sentant à présent des lèvres se poser sur mon épaule, puis lentement remonter jusqu'à mon cou pour finir par se poser au coin de ma mâchoire. J'ouvre les yeux et rencontre les iris ténébreuses de Hugo qui m'observe un sourire aux coins des lèvres.
- Bonjour, dis-je d'une voix endormie.
Il ne répond pas et répare à la découverte de mon cou et de mes clavicules : déposant une myriade de baisers sur la moindre parcelle de peau, ce qui a le don d'enflammer mon ventre. Je le repousse du bout de mes doigts contre son front recouvert de boucles brunes et dis :
- Je ne suis pas d'humeur pour ça et puis on va être en retard.
- On s'en fiche, reste avec moi, proteste-t-il
Il pose ses lèvres sur mon menton et cherche à atteindre les miennes mais je ne lui en donne pas l'accès et parvient à m'extirper des draps en passant sous son bras.
- Si tu veux rater tes examens cela ne regarde que toi. Moi, j'ai l'intention de réussir mes études, dis-je tout en ramassant mes sous-vêtements de la veille.
- Tu n'avais pas le même discours hier soir, fait-il avec un regard lubrique.
Je ricane et m'habille en vitesse sous le regard d'Hugo qui ne bouge toujours pas. Il continue de me fixer avec cette lueur dans les yeux qui renverse tout mon organisme, ses cheveux bruns en bataille tombent en lourdes boucles sur son front et ses lèvres ne cessent de s'écarquiller en un sourire d'un blanc éclatant. Si je n'étais pas si en retard, je me jetterais volontiers sur sa bouche pour faire disparaître ce sourire joueur, mais la montre à mon poignet me retiens de le faire. J'achève de m'attacher les cheveux en un chignon et attrape mon sac que j'avais jeté dans un coin de la pièce la veille.
- Tu ne viens vraiment pas ? demandé-je, tu sais que Madame Pontier ne te le pardonnera pas.
- Non, je pense que je vais aller marcher le long des quais, je viendrais sûrement cet aprem'. On se voit à la cafétéria de toute façon ?
- Oui, comme toujours, réponds-je, bon il faut vraiment que j'y aille, salut !
Je me dirige vers la porte quand tout à coup sa main attrape mon bras et m'oblige à me retourner, Hugo plaque ses lèvres sur les miennes avec une telle violence que j'en failli faire tomber mes clefs, je réponds au baiser mais une alarme dans ma tête se déclenche tout de même. S'est à bout de souffle que je m'éloigne : complètement déboussolée.
- Là tu peux y aller, bonne journée Louise, dit-il d'une voix suave avant de disparaître dans la cuisine.
Dans l'ascenseur j'effleure mes lèvres presque douloureuses après ce baiser aussi surprenant, mon estomac en est encore tout retourné.
Hugo est un ami de l'école, il est passionné par la littérature et compte reprendre l'hôtel de son père dès que celui-ci sera à la retraire. C'est un garçon adorable, qui fait tourner plus d'une tête sur son passage mais sous sa gueule d'ange irréprochable, Hugo est presque sauvage : une sorte de félin qui sait parfaitement comment faire frémir mon âme. On ne se prend pas vraiment la tête sur la nature de notre relation, on se voit quand on a envie de se voir : que ce soit pour discuter ou boire un café, pour qu'il me fasse lire ses derniers écrits ou partager des instants d'intimité. On est libre et ça me plaît, c'est à vrai dire ce dont j'ai besoin en ce moment, je ne recherche pas de relation stable et Hugo est tout à fait d'accord avec moi, il sait que je ne suis pas encore guérie : qu'il y a encore cette plaie qui porte son nom dans mon cœur. Parce que je lui ai parlé de ma vie d'avant, de celle qui est restée à Toulouse et de tout ce que cela implique.
C'est justement quand je suis avec Hugo que j'arrive à oublier Olivio, que j'arrive à m'abandonner totalement à lui. Mais dès que ses yeux noirs ont disparu, ils sont immédiatement remplacés par les deux iris brunes qui me manquent tant, son visage réapparaît dans ma tête et c'est pire que tout, parce que la dernière image que j'ai de lui c'est ses traits déformés par la tristesse et la douleur. Alors pour oublier ce visage je vois Hugo, pas seulement pour me sentir mieux mais surtout parce que je l'apprécie réellement : il est un des rares amis que j'ai sur Paris et sûrement le plus proche. Parfois j'emmêle tout : je me réveille la nuit en croyant être dans les bras de l'homme que j'aime mais ce n'est pas sa voix et son visage qui me réveillent, ce n'est pas sa bouche qui s'ouvre sur la mienne. Les caresses d'Hugo sont comme un cicatrisant sur mes plaies les plus douloureuses, ses mots sont d'un réconfort parfois déstabilisant et c'est pourquoi j'ai tant besoin de lui.
Je repense à son baiser durant un des cours de ma matinée et laisse mes pensées vagabonder, me détachant de ce que explique le professeur. On se côtoie depuis avant les vacances et jamais il ne m'a embrassé de la sorte : aussi passionnément, un mélange de douceur et de force, un parfait alliage qui me laisse encore dubitative. "Et si ce baiser avait eu une signification pour lui ?" mais je fais vite taire cette pensée totalement erronée par mon état : Hugo ne tombe pas amoureux, c'est d'ailleurs une des premières choses qu'il m'a dite.
- Je ne suis pas du genre à tomber amoureux facilement Louise. On s'amuse juste, c'est tout, d'accord ?
- C'est tout, acquiescé-je tandis que mes mains achevaient de lui retirer sa chemise avant de planter mes lèvres sur les siennes.
Après cette nuit-là, notre amitié n'a été en aucun cas atteinte de ce changement et nous avons continué ainsi, parce que cela marche entre nous autant sur le plan physique que moral. Une relation sans sentiments signifie aucune souffrance émotionnelle et je l'en remercie car je ne veux en aucun cas revivre les six derniers mois. Il ne tombe pas amoureux, je suis encore trop fragile émotionnellement pour tenter quoique ce soit, on s'attire et c'est la seule chose qui importe : tout le monde est gagnant.
Je me concentre à nouveau sur mon travail et écris rapidement les dernières notes du cours avant que la sonnerie retentisse. Je me lève et fourre mon cahier et ma trousse dans mon cabas en toile pour en sortir à la place mon casque que je connecte à mon téléphone avant de lancer ma playlist. C'est sur les airs de Wonderwall d'Oasis que je rejoins la cafétéria où s'est déjà formé une longue queue devant le comptoir, je me sers copieusement et vais m'asseoir à une table un peu recluse à l'opposé d'un groupe qui étudie. Les voir là, avec leur mine concentrée : le nez dans leurs livres me fait penser qu'il faudrait également que je me mette à réviser pour les examens qui arrivent en septembre c'est à dire : la semaine prochaine. J'attaque mon repas tout en écoutant ma musique quand soudain le son est coupé par une main qui vient se saisir de mon casque. Je relève la tête pour rencontrer les yeux de Hugo qui vient de s'asseoir en face de moi.
- Re, dis-je en avalant un bouchée de lasagnes.
Il sourit et plonge la main vers ma salade à moitié entamée et avale tout rond une tomate cerise. Je le regarde faire en secouant la tête de gauche à droite.
- Pourquoi tu ne vas pas te chercher un plateau ?
- Parce que c'est meilleur de piquer dans ton assiette et puis de tout façon tu l'as à peine touchée. Je trouve que tu manges de moins en moins Louise, dit-il en prenant carrément le ramequin débordant de salade et de légumes crus.
Je hausse les épaules et termine mon assiette pour lui prouver le contraire.
- Sûrement le stress pré-examens et puis qu'est-ce que cela peut te faire ? demandé-je un peu sur la défensive.
Hugo a pris la mauvaise habitude d'analyser chacun de mes gestes de les interpréter, ce qui est encore plus énervant : c'est qu'il vise la plupart du temps juste.
- Hé, c'est pas parce que notre relation est sans sentiments qu'on a pas le droit de s'inquiéter pour l'un et l'autre. On est amis avant tout pas vrai ?
- Oui... oui tu as raison, excuse-moi, bredouillé-je, me rendant compte de mon erreur.
Il acquiesce et nous terminons notre repas avant de retourner tous les deux en cours.
***
Que pensez-vous de la relation qu'entretiens Louise avec Hugo ?
Quelles sont vos opinions sur lui ?
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Un dernier départ
Fanfic[3e tome de "L'amour inconnu" ] Partir, sans se retourner, pour mieux avancer. Comprendre que s'acharner n'est pas la solution, se rendre à l'évidence. Ne plus entendre nos disputes, ne plus faire couler nos larmes. Savoir apaiser nos cœurs et s...