J'ai ignoré tous ses appels, tous ses messages, je n'ai pas eu la force de les ouvrir ou d'écouter sa voix. Je suis en colère, j'ai honte et je suis tellement triste. C'est un trop-plein de sentiments qui tournoie dans ma tête, il m'étouffe et m'empêche de penser. Je sais que j'ai fais du mal aux gens que j'aime, je sais que je suis partie sans rien dire, mais c'était pour moi la meilleure solution sur le moment. Je ne pouvais rester là-bas en sachant que Samia et Olivio m'ont cachés des choses pendant un an et faire comme si tout allait parfaitement bien, alors que ce n'est pas le cas. Je m'épanouie pour la première fois depuis mon opération dans ce que je fais, j'adore mon école, j'ai beau n'y avoir passer pour l'instant qu'un mois, je m'y plais. Je me sens à ma place. Mais il manque certains éléments à ce tableau ; mon frère me manque, Samia me manque et lui... lui plus que tous les autres. Mais comment suis-je censé l'aimer quand je voudrais le détester à cet instant ? Que suis-je censé faire ? Tout lui pardonner comme il l'a fait pour moi et passer à autre chose, ou couper les ponts définitivement et mettre à terme cette histoire. C'était peut être la goutte d'eau de trop qui a fait déborder le vase et cette goutte est une des larmes que j'ai versé dans le train qui m'a amené jusqu'ici.
Je m'appuie contre la barrière du balcon et regarde Paris s'assoupir dans un ciel d'encre noir parsemé d'étoiles comme si chaque lumière de cette ville était le reflet de celles-ci. Je laisse mes cheveux s'animer à cause du vent et et regarde mes mains jointes sur la barrière. Clara n'est pas encore rentrée, la cousine d'Éva est vraiment quelqu'un d'adorable, depuis qu'elle m'héberge je n'ai jamais manqué de rien, elle est un peu comme une grande sœur avec moi, du haut de ses trente ans elle me conseille et m'a rassurée les premiers jours. Elle travaille comme cuisinière dans un restaurant pas très loin d'ici et prépare chaque soir d'excellents repas pour lesquels je sers de cobaye. Elle dit toujours qu'un jour elle ouvrira son propre restaurant, je lui réponds à chaque fois que moi, j'y crois.
Je sors mon téléphone et n'ai aucun nouvelle de Samia suite à mon appel, je sais qu'elle doit être en colère contre moi, chaque mot que je prononçais en laissant mon message m'écorchait la gorge comme un oursin, les larmes dévalaient mes joues en repensant à nos soirées et à l'amitié qu'on partage depuis bientôt trois ans. Elle m'a toujours soutenue, lors de mon opération, quand ça n'allait pas avec Olivio et que je me sentais perdue, elle est cette ombre veillant sur moi à chaque instant. Mais depuis un mois, cette ombre a disparue, par ma faute, je n'ai pas été capable de rester, je n'ai pas été capable d'être à ses côtés comme elle l'a fait pour moi. Je suis misérable et égoïste. Peut être a-t-elle des problèmes de son côté et je ne suis même pas là pour l'aider. J'étais partie à Paris pour me retrouver et changer d'air mais je me rends compte que malgré le bien que me procure mon départ, beaucoup de choses sont restées là-bas, à Toulouse. Des choses qui me sont vitales, je le sais maintenant. Mais comment puis-je revenir en sachant que j'ai peut être tout détruit ? Pourrais-je me sentir à nouveau à ma place sachant que j'ai fais du mal aux personne que j'aime ? Je ne sais pas, aucune réponse ne me vient à l'esprit, tout ce qui occupe ma tête à cet instant : c'est le noir, le noir et le vide. Une tempête qui fait rage aussi dans ma poitrine, les sentiments sont comme faussés, effacés, ils ne paraissent n'être que du plastique. Je suis si fatiguée de me battre avec mon esprit.
Je rentre, commençant à avoir froid et me dirige dans la chambre d'amis que j'occupe. Je m'allonge sur le lit et regarde droit devant moi, observant la fissure au plafond que je vois chaque soir en fermant les yeux et chaque matin en les ouvrant. Je l'observe et imagine une rivière coulé le long de ses courbes, comme un fil de vie dans un désert de mort aride et craquelé. Mes paupières commencent à s'alourdir quand soudain la sonnette du palier ce met à sonner, je fronce les sourcils et regarde mon réveil : il est presque vingt et une heure. "Qui peut bien venir sonner à une heure pareille ?" À moins que ce ne soit Clara mais ce qui est peu probable puisqu'elle ne revient jamais avant minuit. Je me lève et traverse l'appartement jusqu'à la porte d'entrée, je saisis la poignée et ouvre. Mon regard plonge dans le sien et le temps semble s'arrêter, en trois mois il ne semble ne pas avoir changé et pourtant son expression n'est pas celle que j'ai l'habitude de voir, celle-ci est plus dure, plus froide, elle est dénuée d'amour. Je ne ressens rien en le regardant et pourtant tout à la fois, j'aimerai le gifler, lui hurler dessus et l'embrasser. Mais je ne fais rien, je reste stoïque bien trop surprise pour bouger ou parler.
- Je peux entrer ?
Entendre sa voix est comme un déchirement, je hoche la tête et le laisse passer. Dès l'instant où il franchit la porte, au moment où son épaule frôle la mienne, je sais que c'est maintenant que tout va se jouer. Je vais devoir faire face à mes problèmes et à celui que j'ai laissé à Toulouse, celui à qui j'ai donné mon cœur il y a un an.
***
Après des mois éloignés, c'est enfin le chapitre des retrouvailles ! Que pensez-vous qu'il va se passer entre Olivio et Louise ? Que vont-il se dire ?
VOUS LISEZ
Un dernier départ
Fanfic[3e tome de "L'amour inconnu" ] Partir, sans se retourner, pour mieux avancer. Comprendre que s'acharner n'est pas la solution, se rendre à l'évidence. Ne plus entendre nos disputes, ne plus faire couler nos larmes. Savoir apaiser nos cœurs et s...