Chapitre 37 (Samia)

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     Allongée dans les bras de Cassandra, mon front contre le sien, nos mains enlacées : tout semble plus facile, plus agréable. Je ne me suis jamais sentie aussi paisible qu'à cet instant précis, les yeux plongés dans les iris grises de Cassandra. 

- À quoi penses-tu ? demande-t-elle soudain, m'arrachant à ma contemplation.

- Je pensais à nous... 

     Cela fait maintenant une semaine qu'on se voit régulièrement toutes les deux. Le plus souvent elle vient chez moi et nous passons la nuit ensemble, j'aime cette routine qui s'installe entre nous, je n'ai plus peur à présent. Nous n'avons pas encore établis de "règles" ni de statut pour notre relation mais cela ne saurait tarder car plus je regarde cette femme, plus j'en tombe amoureuse. Mon cœur ne cesse d'accélérer à chaque fois qu'elle me sourit, qu'elle me touche, ma tête n'est préoccupée que par elle, il me faut beaucoup de courage pour me retenir de sauter sur sa bouche au café. Car à part Louise : personne d'autre n'est au courant et à vrai dire, cela ne me dérange pas pour l'instant, j'aime notre petite bulle à l'écart des autres. 

- Ah et qu'en as-tu conclu ? demande-t-elle en se relevant, mettant ses jambes en tailleur. 

     Je la suis dans son mouvement et passe une main dans mes cheveux en prenant mon courage à deux mains. Cela fait plusieurs jours que je répète mon discours tout les matins, plusieurs jours que je veux lui avouer mes sentiments.

- Ce que je sais c'est que je me sens bien avec toi Cassandra, répondis-je en me mordant les lèvres

     Elle sourit et hoche la tête, attendant que je poursuive. "Aller Samia, vas-y ! Dis-lui tout." 

- La vérité c'est que depuis qu'on s'est rencontrées, qu'on s'est...embrassées au cinéma : je n'arrête pas de penser à toi. C'est... c'est complètement fou, tu occupes mes pensées sans arrêt et j'arrive pas à me concentrer sur autre chose. Tu m'as fait découvrir une part de moi que je ne soupçonnais même pas d'exister, tu as comme débloquer quelque chose Cassandra ! Je te jure et ça fait un bien fou, tu me fais un bien fou. Alors je pensais à nous parce qu'après avoir passé pratiquement la semaine à tes côtés je suis certaine d'un chose : c'est que je t'aime. 

     Elle semble abasourdie par mon discours, ses yeux papillonnent et elle baisse la tête : les joues soudainement empourprées. 

- Oh eh bien... je ne m'attendais pas à ce genre de déclaration. Je... je n'ai pas l'habitude. Mais, sache Samia que dès la minute où je t'ai vu je n'ai cessé de penser à toi, tu me plais beaucoup et je... je t'aime également. 

   À ces mots mon cœur bondit dans ma poitrine, mon ventre se met à se tordre et mes lèvres sont désespérément attirées par les siennes. Nos bouches s'effleurent et finissent par s'unir lentement, comme au ralenti, ce baiser scelle quelque chose que je n'aurai jamais encore imaginé possible il y a quelques mois. Je l'embrasse à pleine bouche et prends son visage en coupe, le moment semble irréel, si parfait que j'en viens presque à croire que je suis en train rêver. Soudain nous sommes toutes les deux tirées de notre alchimie électrique par la sonnette qui vient de retentir. 

- Attends-moi là je reviens, dis-je en plantant un dernier baiser sur les lèvres de Cassandra. 

- Je ne bouge pas d'ici. 

     Je me lève en lui glissant un clin d'œil et sors en vitesse de la chambre pour rejoindre le salon et ouvrir la porte d'entrée. Le visage de ma meilleure amie me ramène soudain à la réalité : nous sommes samedi soir, j'étais censée sortir avec Louise pour fêter son retour. "Merde." 

- Samia ! dit-elle en se jetant dans mes bras. 

     Je reste quelques instants figée sur place avant d'enlacer à mon tour Louise qui trépigne sur place et dit des paroles intelligibles. Je me sépare et l'observe en souriant : gênée. 

Un dernier départOù les histoires vivent. Découvrez maintenant