Un dernier départ

Chapitre 16 (Samia)

     Une semaine après notre sortie en boite avec Louise, je décide de lui rendre visite pour une soirée chez elle. On s'est reparlé par message depuis notre petite dispute et je ne cesse de repenser à ce qu'il s'est passé un an plus tôt lorsqu'elle était dans le coma. Ce souvenir s'accroche à moi comme un poison, comme s'il voulait que j'avoue tout à Louise, pour enfin a libérer de cette culpabilité qui la ronge. 

     J'arrive devant sa maison et sonne avant qu'elle ne m'ouvre en souriant. Je rentre et enlève mes chaussures et ma veste. Louise m'enlace chaleureusement. 

- Comment vas-tu ? demande-t-elle 

- Très bien et toi ? Tu avances dans tes recherches pour tes études ? 

     Je m'installe sur la canapé tandis qu'elle se rend dans la cuisine tout en me répondant en élevant la voix : 

- Bof, j'ai trouvé quelques écoles mais j'ai peur que ce ne soit un peu trop élevé au niveau de ma bourse. 

     Je heurte sans le vouloir la table basse ce qui rallume son ordinateur qui était en veille. Mon regard tombe sur la page google qui était ouverte et mes yeux s'agrandissent quand je vis les rechercher que Louise faisait :  Ecole d'hôtellerie sur Lyon, collocation en région lyonnaise... Je m'approche de l'écran mais je n'ai pas le temps d'en lire plus car Louise revient avec deux tasses de thé fumantes. 

- Merci, dis-je en prenant la tasse 

     Je me délecte de la chaleur que propage la céramique chaude et évite de regarder son ordinateur, je ne veux pas qu'elle croit que j'ai fouiné. 

- Et alors, qu'est-ce que tu as trouvé de mieux pour l'instant ? demandé-je innocemment

- Euh eh bien, toute celles que j'ai trouvé ne sont pas très proches de Toulouse mais j'ai réussi a en dégoter une qui correspond à mes critères. Ce qui me manque c'est une collocation... 

- Parce que tu comptes quitter Toulouse ? Mais toute ta vie est ici ! 

     Elle m'adresse une moue désolée et s'assoit ne tailleur sur la canapé. Je bois une gorgée de thé qui me brûle presque entièrement la langue. "Ne me mens pas Louise, je t'en supplis, ne me cache rien !"

 - Je le sais mais... je n'ai rien trouvé ici et puis j'ai envie de découvrir d'autres horizons, seulement c'est un peu compliqué pour l'instant. 

- Je comprends, ça me ferait bizarre si tu partais parce que... je sais pas, ta famille est ici, tes amis et Olivio dans l'histoire, tu lui en as parlé ? demandé-je prudemment 

- Non, je lui ai seulement avoué ma démission au café. Je ne suis sûre de rien pour l'instant donc j'aviserai lorsque je serais sûre de moi. Et puis ce n'est que pour mes études, je reviendrai une fois terminé. Si mon école n'est pas hyper loin je pourrai même revenir de temps en temps, dit-elle en haussant les épaules. 

- Louise, je n'insinue rien mais... tu penses que ce serait bien ? Pour toi et Olivio je veux dire. Six mois commencent déjà à vous peser et au moment où il revient, tu envisages de partir ? 

     Elle pose sa tasse sur la table, songeuse, comme plongée dans une grande réflexion. Je me sens mal à l'aise, je n'aurai peut être pas dû soulever le problème mais je veux que tout se passe bien pour elle. 

- J'ai le droit de vivre aussi ma vie Samia, alors oui peut être qu'on arrive pas à être loin de l'un de l'autre mais on s'aime ! Et je suis sûre que Oli serait heureux pour moi si je me lançais dans mes études. Je ne vais pas l'attendre toute ma vie. Je me dois d'être à la hauteur durant les mois qui restent, Oli a été là pour moi, à mon tour de l'être mais je ne veux pas que cela m'empêche de vivre. 

- Je le sais, moi aussi je suis heureuse pour toi mais j'ai bien peur que tu idéalises trop les six mois qu'a passé Oli à t'attendre, avoué-je le cœur battant 

- Qu'est-ce que tu veux dire ? demande-t-elle surprise 

     Soudain son téléphone se met à sonner et m'empêche de poursuivre. Je me dis que c'est un signe, Louise ne devrait pas être au courant de ce qu'il s'est passé, ça l'achèverait probablement. Pourtant au fond de moi, une petite voix murmure le contraire : "Louise a le droit de savoir." 

     Elle décroche et tout d'un coup ses yeux s'agrandissent et elle plaque sa main contre sa bouche : 

- J'arrive tout de suite ! 

     Elle raccroche et se lève à la hâte. 

- Qu'est-ce qui se passe ? m'inquiété-je 

     Louise attrape son sac et sa veste, l'air complètement paniquée. Je me lève pour la rejoindre. 

- La petite amie de mon frère est à l'hôpital, elle est tombée dans les escaliers. Je vais rejoindre mon frère. 

- Oh c'est pas vrai... Louise attends ! Calme-toi, je vais t'y accompagner tu n'es pas en état de conduire. 

     Ses mains tremblent tandis qu'elle fourre son téléphone dans son sac. Elle hoche la tête comme incapable de me répondre et en quelques minutes nous nous retrouvons dans ma voiture. J'allume le moteur et les phares et nous nous mettons en route vers l'hôpital. Je jette un coup d'œil à Louise qui ne cesse de se ronger les ongles, et de regarder son téléphone toutes les trente secondes. "Je me remémore notre discussion et même si Louise assure vouloir attendre avant de se décider, les recherches sur google d'une école sur Lyon me laissent des doutes "