Un dernier départ

Chapitre 20 (Florian)

1 mois plus tard. 

     Ce soir c'est notre dernière date, la tournée se termine et je ressens un énorme pincement au cœur mais aussi du soulagement de se dire qu'on va enfin pouvoir respirer après six mois passés sur les routes. Tout le monde est un peu moins joyeux que d'habitude mais cela nous empêche pas de continuer à rigoler, de profiter des derniers instants avec l'équipe. Mais ce n'est pas fini, ce n'est que le début d'une longue et grande aventure, du moins je l'espère. Ce soir on termine par Paris, il fait beau dehors, le soleil tape en cet après-midi de juin et tout le monde sort dans les rues. Nous faisons de même avec Oli, Yanis, Luc et Antoine et nous faufilons hors de la salle pour rejoindre les petites rues parisiennes. Ce n'est pas souvent que l'on vient ici et encore moins pour y donner un concert, ça fait bizarre... de se dire que notre rêve commence à se réaliser, que des gens écoutent des textes tout droit sorti de mon esprit, de savoir que certains s'y reconnaissent, sont apaisés lorsqu'ils nous écoutent. Ça parait fou, les deux enfants qui jouaient avec des instruments en plastique dans leur garage seraient sans aucun doute émerveillés de voir ce qu'ils ont accomplis aujourd'hui. 

      J'ai peur mais je sais aussi qu'on ira loin avec Oli, si on y croit dur comme fer, tout nos rêves se réaliseront et peut être qu'un jour nos voix résonneront dans des stades remplis de fans. Ce rêve je ne le vois qu'avec mon frère, seul ; aucun de nous pourrait y arriver mais ensemble c'est possible. Quand je le regarde sur scène, prendre le micro et jouer avec la foule, je ressens une bouffée de fierté immense, j'ai toujours veillé sur lui et cela depuis sa naissance. Quand il a eu ses problèmes aux poumons, quand je le voyais avec des tubes reliés à lui, je crois n'avoir jamais eu autant d'angoisse de ma vie. C'était mon petit frère qui était allongé là, sur son lit d'hôpital, qui aurait pu mourir. Je pense que c'est ce lien immense qui nous lie qui l'a sauvé, je respirais pour lui, mon cœur battait pour le sien. Et le voir aujourd'hui, remplir l'Olympia à dix neuf ans, rapper à en perdre le souffle, je me dis qu'elle est là ma dose d'inspiration pour faire ce que je fais, c'est mon frère et tout ce qu'il apporte. 

     Nous sortons donc et prenons le métro pour rejoindre les rues plus commerciales. On rit et discute durant tout le trajet qui nous sépare d'un café que Luc a repéré lors de notre arrivée. Une fois arrivés, nous nous installons sur la terrasse et un serveur arrive pour prendre nos commandes. Yanis et Antoine optent pour une bière tandis qu'Oli, Luc et moi restons sur un soda. Le serveur repart et nous reprenons notre conversation là où on s'était arrêté. Dix minutes plus tard, nos boissons arrivent et je verse mon coca dans mon verre avant d'en avaler une gorgée. Mon regard et soudain attiré par un kiosque un peu plus loin d'où j'aperçois une silhouette qui me parait étrangement familière. Je fronce les sourcils et regarde par dessus l'épaule d'Oli : une femme est en train d'acheter un journal au vendeur mais cette femme m'est trop familière pour que je ne puisse pas m'en soucier. Elle tourne soudain la tête et je crois rêver un instant, son regard croise le mien et elle se détourne rapidement pour se mêler aux passants. Mes paupières papillonnent, ma surprise et mon incompréhension doivent se lire sur mon visage puisque Luc me ramène les pieds sur terre. 

- Hé oh ! Flo ! T'es dans la lune ? 

     Les autres rit et je secoue la tête pour chasser de ma tête la femme que j'ai vu. 

- Non, je suis bien avec vous, désolé, répondis-je en essayant de me détendre 

- On dirait que tu as vu un fantôme, se moque Oli 

      Je ris nerveusement. "C'est peut être réellement le cas."  Je bois une gorgée de mon coca et essaye de reprendre une conversation normale avec les autres. Seulement une image reste coincée dans ma tête, comme imprimée derrière mes paupières, celle d'une cascade de cheveux blonds qui disparaît dans la foule.