Chapitre 12 (Olivio)

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Il est environ midi. Nous sommes assis autour d'une table de bistrot avec Yanis, Clément, Walid, Ben et Luc. Mon frère a insisté pour que nous fassions une sortie en ville avant le concert de ce soir. Je me sens fatigué, je n'ai pas beaucoup dormir la veille et le coup de fil de Louise ce matin n'a rien arrangé. Je m'inquiète beaucoup pour elle, aucun de nos appels est calme et posé, ils sont toujours remplis de cris, de reproches et de larmes. Notre histoire est en train de s'effilocher et je ne peux rien y faire. Je ne peux pas la prendre dans mes bras quand elle ne va pas bien, je ne peux pas essuyer ses larmes sur ses joues, je ne peux pas chasser ses idées noires... je suis impuissant. Soudain Yanis me secoue légèrement l'épaule me sortant des mes réflexions.

- Eh oh frère ! Tu es avec nous ? demande-t-il en riant

- Oui oui, pardon, répondis-je vaguement

Soudain mon téléphone sonne dans la poche de mon jogging et je le saisie m'attendant à voir n'importe quel contact, sauf celui-ci. Je me lève de table et bredouille quelques vagues excuses à mes amis avant de sortir sur la terrasse du bistrot.

- Allô ?

- Olivio, c'est Marc.

- Euh... salut, je comprends pas. Co...comment tu as eu mon numéro ? demandé-je perdu

- Ce n'est pas important, mais ce que j'ai à te dire l'est...

Mon cœur se met à battre entre mes côtes, tellement fort que cela en devient presque douloureux.

- Quoi ? C'est Louise ! Elle est blessée ? m'écriai-je plus fort que je ne l'aurai voulu

Des clients se retournent vers moi et me jettent des regards noirs, je comprends que je dérange et sors complètement du bistrot pour aller m'adosser à un lampadaire à quelques mètres de là.

- Non, elle va bien mais c'est d'elle que je veux te parler, répond-t-il

- Je t'écoute.

- Voilà, dans la nuit Louise m'a appelé, elle était amnésique et perdue en pleine ville. J'ai du aller la chercher sous la pluie, elle était ivre et complètement perdue. Elle n'arrêtait pas de parler de toi et de sa peur d'abandon.

- Attends quoi ! Louise était amnésique ?

- Oui et elle était en train de revivre la période où elle me croyait morte, où il n'y avait que toi pour elle. Elle a dit : "Olivio, j'ai l'impression qu'il est parti lui aussi, je suis toute seule, tout le monde m'a abandonné."

En entendant Marc citer les paroles de sa sœur, j'ai l'impression que c'est sa voix qui résonne dans mon crâne et mon cœur se serre rien que d'imaginer Louise, perdue en pleine nuit.

- Je... je... commencé-je ne trouvant pas les mots

- Je sais qu'elle veut te cacher beaucoup de choses, je la connais, elle veut éviter à tout le monde de souffrir mais personne n'est dupe : elle est ne va pas bien. Je sais que tu l'aimes beaucoup Olivio, ça je n'en doute pas. Mais plus les jours vont passer, plus son état va se dégrader si vous ne trouvez pas tout deux une solution...

- Mais qu'est-ce que je peux faire ? Je suis à l'autre bout de la France, on s'appelle presque tous les jours mais on s'engueule. Marc, je me soucie beaucoup de Louise, vivre sans elle me paraît impensable mais tant que ma tournée n'est pas finie je ne peux pas l'aider comme je voudrais. Il reste moins de deux mois et après tout reviendra comme avant.

- Olivio, je sais que tu as été là six mois pour ma sœur lorsqu'elle était dans le coma. Mais elle n'est pas aussi forte que ça, je crains qu'elle ne tienne pas deux mois si vous continuez ainsi, avoue-t-il

- Alors qu'est-ce que tu proposes toi, qu'est-ce qui serait le mieux ?

- Soit vous arrachez le pansement rapidement pour vous éviter à tout deux de souffrir soit vous continuez comme ça et vous vous risquer à bien pire, je ne vois que ces deux solutions.

Il aurait très bien pu lâcher une bombe mon ressenti serait le même. Je me sens explosé de l'intérieur "Quitter Louise maintenant pour ne pas avoir à souffrir ?" Cela me paraît impossible, je suis physiquement et mentalement incapable de... même intérieurement je n'arrive pas à formuler ça. Je prends une grande inspiration.

- J'aime Louise comme je n'ai jamais personne d'autre, je ne peux pas lui faire ça. Cela nous détruirait tout le deux, tout va s'arranger je te le promets.

- Je l'espère et au fait Olivio...

- Oui ? demandé-je

- N'y voit rien qui serait contre toi mais si vous faire couper les ponts serait la seule solution pour éviter à Louise de souffrir, je n'hésiterais pas à protéger ma sœur, de toutes les façons possibles. Ok ?

- Daccord, répondis-je un peu perturbé

Il raccroche et je regarde mon écran pendant quelques minutes. Ses paroles résonnent encore dans ma tête. Il a dit qu'il n'hésiterait pas et cela veut donc dire que je dois tout faire pour protéger Louise, pour protéger notre histoire.

Je retourne au bistrot un peu déboussolé et manque de rentrer dans un serveur. Je m'excuse et revient m'asseoir à table sous les regards interrogateurs de mes amis. Mon plat est arrivé mais j'ai soudain l'appétit coupé.

- Tout va bien mec ? demande Ben

- Hein ? Ouais ouais tout va bien...

Mon regard croise celui de Flo qui fronce les sourcils. Il comprend que ce n'est pas le moment de poser des questions et s'écrit soudain en tapant dans ses mains.

- Bon ! Et si on mangeait ?

Tout le monde acquiesce et se met à manger. L'atmosphère se détend et de nouveau les rires fusent à table. Dans ma poche mon téléphone vibre et je regarde la notification qui vient d'apparaître :

Flo : Tu me raconteras tout plus tard hein p'tit frère ?

Je lève les yeux et hoche la tête tandis qu'il me regarde en m'adressant un clin d'œil discret. "Qu'est-ce que je ferais sans toi frérot ?"

Un dernier départOù les histoires vivent. Découvrez maintenant