Chapitre 39 (Louise)

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     Je me réveille dans un lit qui n'est pas le mien, je me redresse aussitôt prise de panique et essaye de me rappeler les événements de la veille : je n'ai pas énormément bu mais un mal de crâne puissant assaillit mon esprit et me donne l'impression d'avoir la tête comme un marteau piqueur. Je regarde autour de moi et réprime un petit cri de surprise en découvrant un homme qui dort à mes côtés : l'air paisible. Tout me remonte soudainement en mémoire et je me couvre aussitôt la poitrine en rougissant, me rendant compte que je suis nue sous les draps. "Je dois à tout prix partir d'ici. Mais qu'est-ce qui m'est passé par la tête ?!" Je me glisse lentement hors du lit et marche sur la pointe des pieds sur le parquet, récupérant au passage mes affaires jonchant le sol. Après m'être habillée, je quitte la chambre et marche dans l'appartement calme sans faire de bruit, je ne voudrais surtout pas que mon charmant hôte se réveille et que je sois obliger de subir une conversation on ne peut plus gênante. J'attrape mon sac et ma veste et en un battement de cils je me retrouve dans les escaliers de l'immeuble et sors au dehors. J'essaye de me repérer mais en vain : je ne suis jamais venue ici et ne sais même plus comment j'y ai atterrie. " Idiote ! Idiote, idiote, idiote !". Je me répète ces paroles tandis que je me dirige vers la bouche de métro la plus proche. Une fois assise dans un des compartiment,  je sors mes écouteurs et lance ma playlist au hasard, je me cale dans mon siège et pose ma tête contre la vitre, me laissant bercée par la musique qui me coupe soudain du monde. Trois morceaux de U2 plus tard, je sors du métro mais suis soudain stoppée au milieu des escaliers par les premières mélodies de "Aujourd'hui". 

     Cela ne devrait pas m'atteindre, ce n'est qu'une chanson parmi tant d'autres, combien de fois ce dernier mois ai-je écouté leur album pour juste entendre à nouveau sa voix ? Des centaines de fois, le soir en pleurant sa perte. Mais aujourd'hui, ce morceau me frappe plus qu'il ne devrait, parce que j'étais dans la pièce quand il a écrit son couplet, parce qu'il a embrassé ma mâchoire : cachant ses écrits alors que je le suppliais de me faire lire. Cela fait si mal de me dire qu'à cette époque je faisais encore parti de sa vie, qu'on s'aimait sans penser à ce qui pouvait nous arriver, ça fait mal parce que c'est moi qui ai tout gâcher. Je reprends mes esprits et continue de marcher jusqu'à chez moi tout en écoutant sa voix, à chaque pas j'ai l'impression que mon cœur se crève un peu plus, que ma peine s'alourdie, que mon manque s'agrandit.    

      Je repense à son frère et à la façon dont il m'a regardé hier : toute cette haine qui se diluait dans ses yeux. Je ne veux même pas imaginer l'état dans lequel il a dû retrouver Olivio pour me haïr à ce point, ça ne ferait qu'empirer ma douleur. Florian m'a fait très bien comprendre que je n'étais qu'une idiote et quelqu'un d'horrible hier soir : à me laisser draguer de la sorte si peu de temps après ma rupture. J'en suis totalement consciente, je suis horrible. Le pire c'est que j'en avais besoin, j'avais besoin que ce gars vienne me draguer, j'avais besoin de coucher avec lui pour oublier, oublier à quel point je me déteste et la situation dans laquelle je suis en ce moment. C'était une sorte d'échappatoire à mon mal-être le temps d'une soirée, d'un minuscule instant de répit avant de replonger tout droit dans ma tristesse. Je ne connais même pas le nom de l'homme avec qui j'ai partagé ma nuit et à vrai dire je ne préfère pas savoir. 

     J'arrive enfin chez moi et me rends compte en mettant la clef dans la serrure que la porte est déjà déverrouillée, mes yeux s'écarquillent et j'ouvre la porte en vitesse, m'attendant à voir mon salon dévasté après avoir été cambriolé mais au lieu de ça je trouve ma formidable meilleure amie  assise dans mon canapé avec une tasse de café à la main. 

- J'espère que tu m'en veux pas, je me suis permise d'entrer, dit-elle naturellement 

- Oh bor... mais qu'est-ce que tu fais ici ?! 

Un dernier départOù les histoires vivent. Découvrez maintenant