Chapitre 80 (FIN)

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     Je traverse la rue, les yeux rivés sur mon GPS pour trouver l'hôtel où Flo a réservé pour la nuit, devant partir demain pour Paris, il est plus simple de dormir proche de l'aéroport car notre vol est assez tôt. La brise de juin vient doucement caresser mon visage et faire danser les feuilles accrochées aux branches des arbres, à mesure que je me rapproche de ce que je pense être l'hôtel dont mon frère m'a transféré l'adresse, je relève ma capuche sur mon crâne évitant ainsi d'être reconnu par de potentiels fans. Les roues de ma valise martèlent sur le bitume dans un bruit peu discret et plutôt désagréable et je me presse un peu pour arriver devant un bâtiment à la façade blanche avec des potes de fleurs débordants sur les côtés des baies vitrées, un panneau en grandes lettres majuscules dorées métalliques est accroché au mur, révélant le nom de l'enseigne, mon regard va de mon téléphone au panneau :

- Le Amnesys, oui c'est ici, enfin !

     Je m'engouffre dans le bâtiment et arrive dans un hall chaleureux, un parquet de bois clair recouvre l'entièreté du sol contrastant avec un immense tapis bordeaux et ajoute une touche un peu plus rustique au décor très élégant, des fauteuils jaunes moutarde et beiges ainsi que de grands poufs sont installés dans un coin de la pièce près du grand escalier en marbre, une table basse en verre placée au centre supporte un grand vase en verre rempli par un gigantesque bouquet de fleurs garnis et coloré. Un énorme lustre transparent et doré diffuse une lumière douce, je crois deviner une salle à manger à côté grâce aux portes doubles à carreaux à ma droite, des voix émanent de la pièce. Des tableaux et photographies en noir et blanc sont accrochés tout le long du mur mais je n'ai pas le temps de m'attarder pour les observer puisqu'une voix haut perchée me coupe dans ma contemplation :

- Bonjour, monsieur en quoi puis-je vous aider ?

     Je me retourne et découvre une jeune femme aux cheveux noir de jais dont une abondante mèche cache la moitié de son visage, accoudée derrière le comptoir en pierre blanche polie et bois. Je me rapproche et sors les papiers de réservation.

- Euh, bonjour, mon frère a réservé au nom d'Ordonez, c'est pour une nuit, réponds-je en lui tendant les papiers.

      Elle hoche la tête mais se mord la lèvre nerveusement comme si elle était paniquée "M'a-t-elle reconnu ? Ou est-ce tout simplement le stress de son travail ?" Elle saisit le téléphone noir avant de le reposer en faisant la moue :

- Je suis désolée, je ne travaille pas ici depuis longtemps, cela vous dérange si je vais chercher ma responsable ?

     Elle m'adresse un regard désolé en pointant du doigt une porte qui se fond dans le mur blanc, je secoue la tête et lui sourit.

- Non pas du tout.

      Elle acquiesce et s'éclipse et me retourne pour regarder encore une fois autour de moi, laissant mes doigts tapoter sur la pierre du comptoir, j'essaye de regarder au-dehors voir si mon frère arrive mais la rue est calme, il est en retard comme d'habitude. Nous devons prendre demain matin notre avion direction la capitale pour la promo de notre nouvel album sorti il y a peu de temps, je souris en pensant tout ce que nous avons vécu et surmonté jusqu'à la sortie de ce second projet dont je suis encore plus fier que le précédent, il est pur et sincère, parle de nos peurs et nos envies de combattre pour notre place dans le rap, comme dit Flo dans le premier morceau "On était venus en paix et on revient en guerre." J'avoue avoir appréhendé lors de sa sortie, l'avis des fans compte tellement que j'ai eu peur de m'approcher des réseaux pour voir les premières déceptions qui ont fait mal sur le coup mais qui maintenant sont un moteur pour ma rage d'avancer.

       Je consulte ma montre : Flo était censé arriver il y a dix minutes, les seules nouvelles que j'ai eues de lui dernièrement remontent à la vieille pour me donner l'adresse de l'hôtel qui semble nouveau puisque je n'ai jamais vu l'enseigne. J'entends du bruit derrière moi et me retourne pour me retrouver face à l'employée d'il y a quelques minutes.... sauf que ce n'est pas elle, loin de là, c'est comme si on m'avait retiré tout l'oxygène de mon corps pour le disperser au loin. Sa tête est baissée mais je peux me rappeler avec exactitude la couleur de ses prunelles bleues, ses cheveux blonds, qu'elle a coupés au niveau du menton, camouflent sa mâchoire, lorsque sa voix résonne c'est comme si j'étais propulsé des mois en arrière.

Un dernier départOù les histoires vivent. Découvrez maintenant