Chapitre 41 (Marc)

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     Je ne tiens pas en place, mes mains tremblent et dans ma tête : un feu d'artifice d'excitation et d'angoisse me donne le tournis.  Aujourd'hui je vois pour la première fois mon fils ou ma fille et je ne pensais pas vivre ça si tôt dans ma vie, ce n'est que le troisième mois de grossesse mais d'après la gynécologue c'est un événement important où l'on prend pleinement conscience de la vie qui grandit dans le ventre d'Éva. De cette preuve de notre amour auquel je me suis engagé corps et âme au moment même où nous l'avons su. 

      J'attends Éva dans l'entrée, excité comme une puce. Je joue avec les clefs et ne cesse de taper du pied comme une pile électrique. Ma copine sort enfin de la salle de bain et saisit son sac sur le canapé avant de me rejoindre : 

- Aller ! C'est parti ! dis-je 

- Du calme, du calme ! J'ai déjà un enfant dans le ventre, pas la peine d'en devenir un toi aussi, réplique-t-elle en saisissant les clefs dans ma main. 

     Je dépose un rapide baiser sur ses lèvres et je sens sa bouche s'étirer en un sourire sous les miennes. Je ferme la porte à clef et je suis Éva dans les escaliers jusqu'au dehors, je m'apprête à l'aider à s'asseoir dans le siège passager mais elle refuse d'une main. 

- Je suis enceinte Marc, pas handicapée... 

- Eh bien tu verras dans trois mois quand tu me supplieras  de t'aider pour la moindre chose à cause de ton ventre gonflé comme un ballon, rétorqué-je en m'installant à ma place. 

- Oui eh bien en attendant je peux me débrouiller seule. 

     Elle m'adresse un sourire et je démarre. Le trajet ne dure qu'une dizaine de minutes pour arriver jusqu'à la clinique mais au bout de quelques instants : Éva se met à somnoler, la tête contre la vitre. Je la regarde du coin de l'œil et sourit en voyant son visage détendu, j'ose enlever une de mes mains du volant pour venir la poser sur son ventre qui commence à être rebondi.

- Tu ferais mieux de te concentrer sur la route, cet enfant ne risque pas de s'envoler de si tôt, dit-elle sans ouvrir les yeux. 

     Je ris doucement et rentre sur le parking de la clinique. Je me gare et prend la main de Éva dans la mienne tandis que nous nous dirigeons vers le bâtiment. À l'accueil, Éva sort son dossier, donne le nom de sa gynéco et la femme aux cheveux poivre sel derrière le comptoir entreprend une recherche sur son ordinateur : la lumière bleue se reflétant sur les verres de ses lunettes aux montures métalliques. Elle finit par nous indiquer le numéro de la chambre et nous nous dirigeons vers l'ascenseur. Arrivés au troisième étage Éva m'entraîne dans un couloir, frappe à la porte de la chambre 209 et attend. La porte ne tarde pas à s'ouvrir sur la gynécologue vêtue d'une blouse blanche, son visage souriant trahis des pâtes d'oies aux coins de ses yeux. 

- Bonjour Mlle Clark et vous êtes sûrement Mr Travis, enchanté ! Je suis le docteur Dumas.

     Je réponds par un sourire et serre la main qu'elle me tend, elle nous fait rentrer dans la salle où un lit d'examen nous attend. Nous accrochons nos affaires au port-manteau et Éva vient s'allonger sur le matelas suite à la demande du médecin, tandis que celui-ci sort le matériel nécessaire. Je m'installe à côté d'elle, un peu plus stressé que lorsque nous sommes partis de l'appartement, j'essuie mes mains moites sur mon jean et prend la paume d'Éva dans la mienne : ses doigts sont gelés. 

- Stressée ? demandai-je 

- Non, et toi ? murmure-t-elle 

- Non. 

- Tout va bien se passer vous verrez, nous rassure la gynécologue en souriant. 

     Éva relève son tee-shirt et le médecin enduit son ventre d'un gel : Éva sursaute et je souris en lui serrant la main un peu plus fort. Le docteur Dumas allume l'échographe et s'assoit sur une chaise roulante. 

Un dernier départOù les histoires vivent. Découvrez maintenant