Chapitre 17 (Marc)

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Assis à son chevet, ma main posée sur celle d'Éva où est planté le cathéter, je la regarde dormir, elle a l'air si paisible. Mon cœur n'arrive toujours pas à se calmer tant j'au eu peur, ce n'était qu'une chute dans les escaliers mais cela aurait pu être pire. Soudain on toque à la porte et une infirmière rentre accompagné de ma sœur qui vient immédiatement me serrer contre elle. L'infirmière sort en refermant délicatement la porte. Louise s'assoit dans un des fauteuil de la pièce et m'interroge :

- Alors, que s'est-il passé ?

- Elle s'est évanouie dans les escaliers, les médecins disent que tout va bien, seulement une entorse au poignet et quelques hématomes, expliqué-je

- Rien de grave alors... elle dort ?

Je jette un regard vers Éva, dont la poitrine se lève paisiblement.

- Oui, depuis une heure. Je n'ose pas la réveiller, elle doit reprendre des forces. Au fait merci d'être venu, j'en pouvais plus d'être seul.

- C'est normal, il te manquait ton double, dit-elle en me donnant un léger coup de coude dans les côtes.

Je ris et me frotte les mains, un peu nerveux. "Il disent qu'elle va bien, tout va bien, elle dort, rien de grave." Je ressens quand même une angoisse, Louise aussi avait l'air de dormir avant qu'on la déclare dans le coma. "Je ne veux pas que cela recommence." Louise remarque ma jambe qui bouge comme un ressort et pose sa main sur la mienne.

- Hé, tout va bien se passer, Éva est hors de danger.

- Oui, oui...

- Viens, on va boire un café, j'ai vu une machine à l'entrée. Ça te changera les idées et puis mon amie Samia est dans la salle d'attente, dit-elle en se levant

- Samia ? Elle est venue avec toi ?

- Oui, j'étais... comment dire ? Pas en état de conduire, avoue-t-elle

Je soupire tandis que nous sortons de la chambre.

- Désolé, je n'aurais pas du t'alarmer comme ça...

- Arrêtes de dire des bêtises, tu as besoin de compagnie et de soutien. Je suis la mieux placée pour t'aider dans ce genre de moment.

Elle me sourit, sûre d'avoir raison et me fixe avec ses yeux bleus identiques aux miens. Je me gratte la nuque.

- Ouais, t'as raison.

Nous retrouvons Samia, occupée à feuilleter un magazine dans la salle d'attente. Nous dirigeons tout les trois vers la machine à café, chacun choisit sa boisson et Louise insiste pour payer. Nous nous asseyons sur les chaises inconfortables et démodées de la salle d'attente, entourés de plantes en plastique qui sentent les produits d'entretien. J'approche de mes lèvres le café brûlant et en bois une gorgée ce qui a le don de me brûler les papilles. Le goût est assez médiocre mais c'est avant tout pour me faire tenir éveillé. Nous discutons de tout et de rien pendant une demi-heure jusqu'au moment où un infirmier s'approche de nous.

- Excusez-moi, est-ce que vous êtes Marc Travis ? me demande-t-il

- Oui c'est moi.

- Votre petite amie vient de se réveiller, si vous voulez la voir... Ses parents sont-ils ici ?

- Non, ils sont en route, ils habitent loin.

- D'accord, alors suivez-moi.

Je dis aux filles de rester ici et suis l'infirmier jusqu'à la chambre d'Éva. Lorsque je rentre dans la pièce, un sourire se dessine sur mon visage en voyant le sien.

- Hey... dit-elle encore un peu embrumée par le sommeil

- Comment tu te sens ? chuchoté-je en m'asseyant près d'elle

- Ça va, j'ai un peu mal partout mais ça va, dit-elle

Je souris et dépose un baiser sur son front, profitant de son parfum qui enivre mes narines.

- Tu m'as fait terriblement peur, avoué-je

- Je suis désolée. Je ne sais même pas comment je suis tombée.

Au même moment, le médecin rentre dans la pièce, un bloc-note à la main, accompagnée de l'infirmier de tout à l'heure.

- Mlle Clark, je suis votre médecin, comment vous-sentez vous ? demande-t-elle en s'approchant

- Bien, je vais bien.

- D'accord, pas de vertige ? D'envie de vomir ou de douleurs particulières ?

- Non, répond Éva en serrant ma main, pourquoi je suis tombée docteur ?

- Vous avez fait un malaise au mauvais endroit, une chute de tension anodine. Votre bébé n'a rien à craindre.

Je me sens soudain coupé du monde, comme si on m'avait vidé de tout mon sang, remplacé par du plomb dans mes veines. "Ai-je bien entendu ? Elle a dit bébé ?"

- Quoi ? s'exclame Éva, bébé, vous avez parlé d'un bébé ?

Le médecin se mord la lèvre, se rendant compte de ce qu'il passe. Elle rit, mal à l'aise et s'approche de nous deux.

- Eh bien, navrée de vous l'annoncer comme ça mais... vous êtes enceinte Mlle Clark.

Mes yeux s'écarquillent et je tourne la tête vers Éva qui a les larmes aux yeux. Nous nous regardons tout deux, complètement abasourdis par cette nouvelle.

- Je pense qu'on devrait vous laisser, dit le médecin, je repasserai demain voir si tout va bien. Encore félicitations.

- Merci docteur, dis-je tremblant

Elle sort suivie de l'infirmier qui s'est occupé pendant ce temps des machines reliés à Éva. J'embrasse langoureusement Éva qui pleure à chaudes larmes.

- Un bébé, on va avoir un bébé ! m'exclamé-je aux anges, je t'aime.

- Moi aussi...

Dix minutes plus tard, je laisse Éva pour rejoindre ma sœur et lui annonce la nouvelle en gesticulant comme une fou. Elle me saute dans les bras, heureuse.

- Tata ! Je vais être tata !

Le lendemain, Éva pu sortir de l'hôpital et on se retrouva tous dans un restaurant en compagnie de ses parents et des miens pour fêter la nouvelle. Aucun homme sur terre ne pourrait être plus heureux que moi à cet instant.

Un dernier départOù les histoires vivent. Découvrez maintenant