LGDC Tragédies ~ Cycle 2 : Spirale ~ Tome 5 ~ ○ Soleil Noir ○

| Chapitre 39 |

      Feuille Brisée avait encore une trace de sang chaud ruisselant depuis le haut de sa tête. Elle était plutôt blessée, mais elle s'en sortait. Mais ce sang n'était pas le sien, par contre ses larmes, si. 

  A ses pattes, Pelage d'Écureuil était étalée dans un nid de feuilles, de fougères et de plumes frôlant le bout de ses moustaches, le flanc ouvert par une profonde blessure dont le sang rendait même les plantes les plus vertes écarlates... 

  Morte. 

  La guerrière rousse avait vu son ancienne compagne en danger alors s'était sacrifiée pour lui prouver qu'elle l'aimait. 
  C'est ce qu'elle lui avait dit. C'était ses dernières paroles. Elles résonnaient dans sa tête, et elle ne réagissait que par les sanglots les plus interminables qui soit...
  Du bout du museau, elle avait effleuré son corps froid et immobile et avait sentit sous sa patte un cœur qui ne battait plus. Elle ne pouvait y croire, mais ne pouvait s'en prendre qu'à elle-même. 

  C'était fini. Maintenant, elle fixait ses pattes, noires comme le jais. Ce devait être la vision de la défunte en ce moment. Le vide, d'un noir pur semblable au plumage du corbeau qui avait croassé lors des derniers mots qu'elle avait prononcés : un dernier « Je t'aime » sincère mais annonçant la fin de sa vie. 

  Feuille Brisée avait l'impression que ses entrailles créaient un nœud dans son ventre. Rien ne pouvait être plus douloureux que de vivre ça. De savoir trop tard qu'on aurait dû pardonner. Il était trop tard, ses excuses ne comptaient plus, elle pouvait s'époumoner à les répéter mais ça ne changeait rien au passé. 

  Elle se coucha contre elle et fourra son museau dans sa fourrure imprégnée de l'odeur âcre et enivrante du sang... C'était la dernière fois, tout était fini. La dernière fois qu'elle pourrait apprécier de dormir blottie contre elle et sentir son odeur... Elle ne la verrait plus jamais. 

  Elle aurait aimé se réveiller de cet horrible cauchemar qu'elle vivait, mais ce n'en était pas un. Elle recula légèrement pour admirer son visage meurtri et ses yeux clos. 

   Elle aurait tellement aimé pouvoir lui dire après cette bataille qu'elle voudrait qu'elles élèvent Patte Ternie ensemble... La quitter était trop dur, elle était trop chère à ses yeux. Elle pouvait sentir la présence de Nuage de Geai, Nuage du Lion, Nuage de Ronce et Nuage de l'Écureuil qui pleuraient leur mère à chaudes larmes. 

   Elle donna un coup de langue sur sa blessure mortelle. Cette odeur lui brouilla la vision et lui donna le tournis. Elle s'évanouit sur la fourrure de la décédée, qui ne serra plus là lorsqu'elle rouvrira les yeux. 

   Roulé en boule près de sa génitrice, Nuage de Geai se recroquevillait le plus possible, le cœur serré par cette mort tragique. Il pleurait incessamment, rien n'égalait la souffrance que celle de perdre l'un de ses parents. Il plantait ses griffes dans la terre pour pas faire de mal à qui que ce soit. Il ne supportait pas cette idée. 
  Collé à sa fourrure, Nuage du Lion serrait ses griffes contre ses coussinets. Il n'avait jamais connu cette sensation de perdre quelqu'un, jusqu'à maintenant, à part celle de son père, qui l'avait un peu moins touchée... C'était tellement désagréable. Il était très dévasté, mais pas comme le reste de sa fratrie. Il en était bien plus affecté. Il avait envie de casser tout et n'importe quoi...  
  Nuage de l'Écureuil n'oublierait jamais tous ces moments passés avec sa mère, elle qui avait été son modèle et celle à qui elle voulait tant ressembler... Elle en prenait un coup lourd sur le cœur, plus lourd que n'importe quel arbre. Elle ne les retenait pas. Un chagrin plus profond que tout ce qu'elle avait vécu jusque maintenant, celui de perdre celle qui lui avait donné la vie. Elle lui devait tant... 
  Nuage de Ronce, lui, avait la voix brisée par le chagrin. Il se sentait beaucoup trop mal pour rester ici. Il était trop attristé et touché pour rester longtemps. Il quitta la tanière en sanglots déchirants mais s'écrasa sur le sol. Constatant les battements irréguliers de son cœur, il courut hors du camp.  

  Pelage d'Écureuil fut la dernière à mourir, elle avait vu périr les siens à petit feu.
Une fratrie détruite par la mort. 

NDA 

#JaipleuréencoreunefoisT_T