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Jake

Assis dans le pickup, je mate le paysage tout en fumant une cigarette comme si ma vie en dépendait. Quinn slalome agilement dans la circulation, sans un mot, manifestement toujours un peu en rogne contre la personne. Je ne peux l'en blâmer, je m'en veux aussi. J'aimerai arrêter de me comporter comme un connard, arrêter de me mettre minable à chaque fois que je vais voir Lucie... mais le fait de la voir si belle et si fragile, être quelqu'un d'autre que celle que j'ai connu et aimé me retourne le bide au point que j'ai envie de me tirer une balle dans la tête pour ne plus penser à rien.

Mais je n'en ai pas le droit. Même si j'ai du mal à les assumer, j'ai des responsabilités et je ne peux mettre fin à ma vie. Je serais lâche de le faire et de toutes façons, je n'en ai pas le courage alors je bois jusqu'à perdre la raison.

Au bout d'une heure de route, et une heure de silence de la part de mon pote, il arrête sa voiture devant le petit pavillon où j'ai passé une partie de ma vie. Je descend de la voiture en allumant par réflexe une cigarette que je fume le temps de remonter l'allée menant à la porte d'entrée, celle-ci s'ouvre alors que je jette mon mégot dans les cailloux et Mona me serre dans ses bras avec un air soulagé, comme si elle avait cru qu'une fois de plus, j'aurais faillit à mon rôle en ne venant plus.

- Jake, je suis si contente que tu sois là ! S'exclame-t-elle en déposant un tendre baiser sur ma joue.

Lentement, je la repousse ne voulant pas trop la blesser mais ne supportant pas son étalage d'affection que je ne mérite pas. Je serre la main d'Arthur qui hoche subtilement le menton, ravit lui aussi par ma présence en ce samedi.

- Quinn ! Comme tu es beau ! Rit Mona en m'enlaçant à son tour. Merci de t'être joint à nous. Entrez, entrez les garçons.

Elle referme la porte derrière nous et mon stress augmente à vue d'œil alors que des pas précipités retentissent dans les escaliers. Ravalant la boule d'angoisse qui me serre la gorge, je me place en bas des marches et un petit sourire mi-triste mi-radieux naît sur mes lèvres alors qu'une petite bouille blonde dévale les escaliers sans avoir peur de tomber et se jette littéralement dans mes bras en hurlant :

- Papaaaa !

Je la réceptionne et la serre contre moi en me sentant déchiré par deux émotions à la fois, comme toujours lorsque je la vois. D'un côté, il y a l'amour. Je l'aime à en crever et ferait tout pour ma fille, ce petit être blond qui me serre contre elle autant qu'elle le peut après m'avoir embrassé sur la joue d'un baiser sonore et baveux. Et de l'autre côté, j'ai envie de partir loin, loin d'elle et de ses yeux bleus perçants, de sa chevelure d'or, de tout en elle qui me rappelle sa mère. Elle lui ressemble tellement... jusqu'à cette petit moue boudeuse dont elle use à chaque fois qu'elle veut quelque chose et qui nous fait tous céder. Cette même moue qu'avait Lucie et qui m'a fait faire tout un tas de conneries pour attirer ses bonnes grâces et lui arracher un sourire.

- Matysse, soufflai-je la voix débordante d'émotion.

Je reste quelques minutes encore avec mon petit ange dans mes bras et l'embrasse dans les cheveux avant de la déposer au sol.

- Tonton Quinn ! S'exclame-t-elle alors en découvrant le blond qui se tient à quelques pas derrière moi.

Elle se jette dans ses bras et lui fait un câlin avant de l'embarquer par la main pour aller faire prendre le thé à ses poupées. Je pouffe de rire à la tête de Quinn qui la suit docilement en hochant la tête à ses paroles :

- Et puis, Tania elle est méchante mais elle est quand même invitée pour le thé. Babille Matysse, les sourcils froncés.

Je hausse un sourcils quand ils passent devant nous et tape sur l'épaule de mon pote comme pour lui dire « bon courage, mec ! ».

- Café ? Propose Mona.

J'acquiesce et les suit tous les deux dans la cuisine. Une tasse fumante entre mains, je bois la moitié du liquide d'un trait, manquant de peu de me brûler la bouche.

- Dure nuit ? Demande Mona inquiète.

- Dure matinée surtout... avouai-je en me passant la main sur le visage. J'ai été voir Lucie ce matin.

Mona retient un hoquet et Arthur grogne comme pour désapprouver ma démarche.

- Jake, tu sais bien que...

- Je sais Mona ! La coupai-je, mais je ne peux pas la laisser. Elle a besoin de moi. A chaque fois que ses parents viennent la voir elle est dans un état pas possible...

Mona proteste encore mais je ne l'écoute plus. Ses lèvres bougent devant moi mais je n'entends qu'un bourdonnement sourd dans mon crâne. Je repense à ce matin, je suis aller de bonne heure à l'hôpital, je savais qu'elle attendait ma visite avec impatience comme toutes les semaines. Bien que ces derniers temps je sois venu beaucoup plus souvent à cause de ses parents...

Quand je suis arrivé, elle semblait perdue, désorientée. Son beau visage un peu abîmé c'est illuminé quand elle m'a aperçue et encore une fois elle m'a parlé de son bébé... j'ai eu beau lui dire à maintes reprises dans le passé que Matysse vivait et était avec Mona et Arthur, son cerveau n'enregistre pas l'information. Ma Lucie n'est plus elle-même et la voir dans cet état me brise le cœur autant qu'il le répare un peu. Je déteste la voir comme ça, mais je ne peux m'empêcher d'être près d'elle. J'ai besoin d'elle pour vivre autant qu'elle a besoin de mes visites pour ne pas virer complètement folle.

- Jake ?

Je cligne des yeux plusieurs fois pour me ramener au présent et contemple Mona qui m'interpelle.

- Jake, tu te fais du mal... Est-ce que tu as recommencé à...

- Non. Soufflai-je en repoussant de toutes mes forces les souvenirs qui remontent.

- Bien. Va voir ta fille maintenant, et montres lui à quel point tu l'aimes même si la voir te brise le cœur. Dit doucement Arthur en posant une main sur mon épaule.

Je me lève et grimpe l'escalier qui mène à la chambre de ma Princesse. Celle-ci est dans les tons blanc et rose, un petit lit à baldaquins avec des voilages rose pâle et des commodes blanches comble l'espace. Au centre de la pièce, une petite table avec ses chaises sont installés et Quinn occupe l'une d'elle alors que ma fille s'affaire autour de la table distribuant du faux thé dans des minis tasses. Je ris devant l'air sérieux de Quinn qui fait la conversation aux poupées.

- Bien sûr, Madame Eléonore, votre mari est un rustre... disait-il.

- Oh papa ! S'exclame Matysse de me voir accoudé dans l'encadrement de la porte. Tu viens jouer !

Elle lâche sa théière en plastique qui s'écrase sur le tapis et trottine vers moi pour attraper ma main et m'attire dans sa chambre pour me faire asseoir sur une des deux chaises vacantes. Quinn manque de s'étouffer de rire quand je m'assois  en face de lui et me saisit d'une petite tasse rose. C'est vrai que je devais détonner dans ce décor avec mon sweat vert à capuche dont j'avais remonté les manches et qui laissait entrevoir mes nombreux tatouages.

- Ravit de vous voir parmi nous, monsieur Jake. Me salue Quinn, mort de rire.

Je lui montre mon majeur après avoir vérifié que Matysse ne regardait pas et me met à rire à mon tour, je tourne mes yeux vers la porte et remarque Arthur et Mona qui nous observe et ne peut m'empêcher de sourire et d'attraper ma fille dans mes bras pour plaquer un baiser sur petite joue rebondie alors que Mona brandissait son téléphone dans notre direction pour immortaliser ce moment.

Tadammm
Me voilà de retour avec un de mes tatooboys préféré !

Désolée pour le manque de publication ces derniers temps mais je suis vraiment prise avec mon histoire de noël (que je vous invite à lire 😉)

Donc, notre Jake est papa... et oui, et il a dû mal à s'en occuper à temps plein entre les cours et le déchirement que sa présence lui provoque...
on comprends mieux ses égarements dans l'alcool et les joints non ?

Des idées pour la suite ?

La bise ❤️❤️

UTOPIA PRKWY - Terminée Où les histoires vivent. Découvrez maintenant