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Jake

Allongé dans mon lit, un bras autour de Kris qui dort en ronflant doucement, la tête posée sur mon épaule, je contemple le plafond, écoutant le défilement de mes pensées.

Lucy. Matysse. Kris.

Un éternel recommencement des moments passés avec Lucy mêlés à ceux que j'ai partagé avec Kris.

Lorsque j'ai vu le corps de ma petite-amie sur le bitume, mon cœur s'est brisé. Une partie de moi est morte ce jour là, il y a quatre ans. Mon cœur a commencé à se reconstruire quelques heures plus tard, lorsque l'on m'a annoncé que ma fille était née. Il s'est s'est nouveau brisé lorsque je l'ai vue, Matysse. Si petite dans sa couveuse, le corps relié à des machines qui l'a maintenait en vie.

Quand la police est arrivée, je savais déjà ce qui m'attendait. Je m'étais préparé à quitter ma ville pour la prison. Mais lorsqu'ils m'ont finalement passé les menottes aux poignets, mon cœur s'est arrêté de battre. Je me tenais devant la vitrine d'où je pouvais voir ma fille qui se battait pour rester en vie ne serait-ce qu'une heure de plus.

J'ai hurlé. Je me suis débattu. J'ai pleuré.

Je ne pouvais pas l'abandonner là, dans cet endroit où personne ne lui communiquerait de l'amour, où personne ne lui dirait que mon monde s'arrêterait si elle n'était plus.

Mona et Arthur sont arrivés, ma mère m'a dit de rester fort malgré sa voix tremblante et ses yeux qui brillaient de larmes. Mon père m'a promit de veiller sur ma fille et la police m'a emmené.

Pendant trois mois, Matysse est restée dans sa couveuse à l'Hôpital. Pendant ce temps, j'étais enfermé à Rikers. Mona venait me voir toutes les semaines, elle m'apportait des photos de Matysse, me rassurait sur son état, même si parfois, je voyais bien qu'elle me mentait, que ma fille risquait à tout moment de mourir. Quinn venait aussi, chaque semaine il me donnait des nouvelles de Lucy. État stationnaire. Elle était dans un coma profond, rien n'avait changé depuis cette nuit là.

Trois mois plus tard, grâce à une Mona acharnée, un bon avocat et à Quinn, j'étais déclaré non coupable pour l'incident de Lucy et de ma fille. Je quittai Rikers en homme libre. Bien entendu, malgré tout, je restai coupable. Coupable d'avoir pensé à le faire. Coupable de ne pas avoir empêché la femme que j'aimais de sauter de ce putain de toit. Coupable de ne pas avoir été là pour veiller sur ma fille.

Lorsque je suis entré dans la pièce où se trouvait ma fille, je portais un masque, une toque et une blouse. J'avais l'air de Dexter... Mona se tenait près de la couveuse et j'ai aperçut la main de ma fille. Mon cœur à cessé de battre à cet instant. Puis, je me suis penché, et j'ai vu sa petite bouille d'ange. Ses yeux ont rencontrés les miens et j'ai cru que je venais de rencontrer ma moitié. Tout ce que j'imaginais sur la paternité, oublié. Plus rien ne comptait désormais. Tout ce j'avais, lui appartenait. Pour la première fois de ma vie, j'avais quelqu'un devant moi qui partageait mon sang. Ma famille, c'était elle.

J'avais passé ma main dans un petit trou sur le bord de la couveuse, et avait attrapé doucement ses petits doigts. Tandis que de l'autre main, je caressai le prénom inscrit sur le plastique : Matysse O'Maley.

- Ma fille... avais-je soufflé, les larmes me brouillant la vue.

- Le médecin est formel, mon grand. Ta fille est une battante.

J'avais relevé les yeux vers ma mère et m'était effondré en larmes dans ses bras. Ce jour là, j'avais demandé à Quinn de me tatouer le prénom de ma fille à l'endroit du cœur. J'étais libre, j'étais papa et j'étais l'homme le plus heureux de la Terre.

Jusqu'au lendemain...

Où j'ai été voir Lucy.

Elle était étendue sur son lit, reliée à des machines qui la maintenait en vie. Un bip incessant résonnait dans la pièce bien trop silencieuse. Ses cheveux d'or était éparpillés autour de son visage, elle ressemblait à un ange.
Un ange tombé du ciel...
Son beau visage que j'aimais tant été abîmé, très abîmé. Je me souviens m'être étonné de la voir si... ressemblante à elle. J'avais imaginé le pire. Il est vrai qu'elle était plâtré aux jambes, aux bras et que son dos était sur une plaque pour la maintenir droite. Le médecin avait dit qu'elle avait la colonne brisé. Il avait bon espoir pour ses jambes, qu'elle puisse remarcher un jour, si elle se réveillait.

Je m'étais approché du lit, le cœur au bord des lèvres, l'envie de vomir était forte mais je devais me contenir.
J'avais prit sa main, elle était froide, et l'avait caressée.

- Je suis là, mon amour. On a une fille, elle s'appelle Matysse. Tu la verrais... elle est belle comme un cœur. Il faut que tu te réveille, ma chérie. Elle a besoin de toi. Et moi... moi je peux pas vivre sans toi.

Des larmes avaient coulées sur mes joues, comme depuis six mois, j'étais une vraie fontaine. Elle était l'amour de ma vie, elle ne pouvait pas m'abandonner.

- Jake... je suis désolée.

J'avais relevé la tête si fort et si vite, que j'avais manqué de me rompre la nuque. Ses grands yeux bleus me fixais, des larmes silencieuses s'en échappaient.

- Lucy...

Ses yeux s'était refermés et elle m'avait sourit avant que le moniteur qui suivait son cœur ne s'emballe. Les médecins avaient débarqués dans la chambre, on m'avait forcé à quitter la pièce alors que je me débattais et que j'entendais les médecins s'affoler.

Plus tard, un docteur était venu m'annoncer que Lucy était hors de danger. Malheureusement, elle ne serait plus jamais la Lucy que j'avais aimé. Son cerveau avait été endommagé, elle était maintenant comme une enfant dans un corps de femme. Incapable de se repérer dans l'espace temps, incapable de se gérer seule. De plus, son nerf sciatique avait été gravement touché et par conséquent, plus jamais elle ne retrouverai l'usage de ses jambes.

Ma Lucy avait réussit, elle était morte en tombant de ce toit.

J'essuyais mon visage d'un revers de bras et poussait doucement Kris sur le matelas avant de quitter le lit. Une clope et un briquet dans les mains, je rejoignis le balcon et m'assis sur le garde-fou avant d'allumer ma tige.

Ce jour-là, je croyais avoir touché le fond du gouffre. Mais comme un malheur n'arrive jamais seul... la vie me réservait encore d'autres atrocités.
Les parents de Lucy sont venus à l'hôpital le jour de la sortie de Matysse. Ils étaient accompagnés des services sociaux et je les ai vu emmener ma fille.

Pendant un an, je me suis battu pour avoir sa garde, ils n'avaient pas le droit de me prendre mon enfant, le seul lien qui me reliait à Lucy ! Mona et Arthur se sont battus à mes côtés et ce sont à eux, que l'Etat â confié Matysse. J'avais le droit de la voir chaque week-end, mais... chaque fin de semaine, j'allais aussi voir Lucy dans son institut spécialisé. Le seul moment où j'étais sûr de ne pas croiser ses parents. A chaque fois, j'en ressortait dévasté. Je n'arrivai plus à prendre soin de ma fille, à chaque fois que je la regardait, je voyais sa mère en elle.

Je tire avidement sur ma cigarette et me frotte le bras jusqu'à ce qu'une rougeur apparaisse et me brûle. J'en ai fait des conneries mais celle-ci a été la pire...

J'examine un instant la marque rouge qui surplombe mes nombreux tatouages et lit l'inscription au creux de mon bras : rehab.


Hello mes chatons,

Petite partie du chapitre du jour.

Je publierai la suite dans la semaine.

On en apprends plus sur le passé de Jake... je sais pas vous, mais en relisant j'avais le cœur en berne pour mon héros.

A très vite ❤️

UTOPIA PRKWY - Terminée Où les histoires vivent. Découvrez maintenant