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Kris

Mais tu vas dire oui ?

J'observe Ry, elle joue distraitement avec l'une de ses dreadlocks, et touille son café bien que le sucre y est largement fondu depuis le temps. Je secoue la tête sans répondre et détourne les yeux vers la vitre.

L'Arrêt Minute est presque vide en début de matinée, ce qui est étonnant mais qui m'arrange. Je suis tellement perturbée par la proposition de Jake, à savoir vivre avec lui et sa fille, que je suis devenue complètement asociale. Déjà que Jake est quasiment jamais à l'appartement, Quinn et Riley ne font que s'engueuler, du coup, je reste cloîtrée dans ma chambre.
Le seul avantage que je tire de tout ça, c'est que je bosse comme une malade sur mes travaux, mes cours et mes prochains partiels. La fin de l'année va arriver vite maintenant.

— Et toi, tu vas partir à Los Angeles ? Je lance finalement.

Cette fois, c'est au tour de mon amie de détourner les yeux sans répondre.

S'ils se prennent la tête, Quinn et elle, c'est essentiellement à cause de ça. De son potentiel déménagement à l'autre bout du pays.

— Vous vivez déjà ensemble, tu sais... reprend finalement Riley, revenant sur le sujet Jake.

— Oui, mais c'est différent. On était colocataires, puis amants. Là on parle de devenir une famille !

C'est beaucoup trop de stress tout ça, j'adore Matysse et j'adore Jake. Mais... je ne vais pas rester éternellement aux Etats-Unis, un jour je rentrerai chez moi en France, en Bretagne.

Rien que cet été déjà, je repars chez moi. Je vais passer deux mois avec ma famille et mes amis, Jake le sait. Alors pourquoi me demander ça maintenant ? Oui, j'ai promis à Lucy de prendre soin de Jake et de leur fille, mais je ne peux pas m'imposer comme cela aussi tôt. En plus, Jake n'a jamais eu sa fille rien que pour lui.

Il a besoin de passer du temps avec elle, rien qu'avec elle.

J'explique tout ça à Riley, qui hoche la tête aux moments opportuns. Elle comprends tout mon raisonnement.

— Bon bah, il me reste qu'à lui dire... soupiré-je en avalant la dernière gorgée de mon café.

Je me lève et fais un signe de la main à mon amie qui hausse les sourcils, surprise.

— Attends, tu y vas maintenant ?

— Bah oui.

— T'as oublié qu'on avait cours ou c'est comment ?

Mince. En effet, j'avais oublié.

— T'en pis pour les cours, je te rejoins à la fac dès que j'ai réglé mes histoires avec Jake.

Elle hoche la tête et me dit de filer, ce que je fais sans attendre.

•••

La porte d'entrée claque dans mon dos et je me débarrasse de mes chaussures, de mon blouson et de mon sac de cours dans l'entrée avant de rejoindre le salon. Jake s'y trouve, affalé dans le canapé, son ordi sur les genoux, la télé allumée sur une chaîne de musique. Je m'approche de lui et enserre son cou de mes bras avant de planter un bisou sur sa joue.

— Mmmh. T'as pas cours bébé ?

— Si. Mais je voulais te voir.

Je fais le tour du canapé et m'installe à ses côtés alors qu'il me sourit, l'air ravi.

— Ça tombe bien, j'étais tellement pressé que je n'allais pas tarder à t'envoyer un texto.

Je l'interroge du regard et son sourire s'agrandit.

— J'ai passé la matinée à éplucher les sites d'agence immobilière et... j'ai trouvé l'appartement parfait !

— Jake...

Il poursuit, trop heureux pour écouter ma vaine tentative.

— Il est bien placé, à égale distance de la fac pour nous, et de l'école de Matysse. Il a deux chambres, et une super cuisine avec un plan de travail.

Sur ces derniers mots, il me fait un clin d'œil duquel je peux aisément comprendre le sous-entendu. Jake tourne finalement son ordinateur vers moi et je peux apercevoir le-dit appartement sur l'écran.

— C'est un immeuble de type industriel, avec les briques apparentes. Et il y a une baignoire, parfaite pour les câlins du dimanche matin.

— Jake, soupiré-je en refermant doucement le pc.

Il fronce les sourcils et écarte l'objet avant de se tourner franchement vers moi, l'air inquiet. Son sourire a disparut et je m'en veux. Mais, je ne veux pas aller trop vite...

— Je ne veux pas habiter avec toi et Matysse. Je t'aime d'accord ? Ajouté-je rapidement, mais... tu n'as jamais été seul avec ta fille.

Les coins de sa jolie bouche s'affaissent, il a définitivement perdu le sourire.

— Mais... on vit déjà ensemble, Kris.

— Tu me l'a dit toi-même l'autre jour, que je pouvais rester à la coloc, et te rejoindre clandestinement pas vrai ?

Il hoche la tête mais l'expression de son visage en dit long. Même s'il me l'a dit, il avait tout de même espéré que j'accepte sa proposition. A savoir, habiter avec lui, former une famille avec lui et sa fille.

— Tu m'en veux ? Osé-je demander après un moment de silence.

— Non. Oui. Non, décida-t-il finalement. Je comprends ton choix. Mais, cela va me faire tout drôle de ne plus te voir chaque soir, de ne plus t'avoir chaque nuit dans mes bras.

Je lui sourit tristement, c'est vrai que cela va me manquer et me faire drôle aussi. Nous avions nos habitudes depuis que nous sommes ensembles.

— Et quand tu auras prit tes marques avec Matysse, quand je reviendrais aux Etats-Unis après cet été, on pourra reconsidérer la question.

— Donc ce n'est pas un non définitif ?

Ah, le revoilà ce sourire que j'aime tant. Le mien lui répond, comme une réplique parfaite et je hoche la tête.

— Alors tout va bien. Sinon, t'en penses quoi de cet appart ?

J'éclate de rire et approuve son choix. L'appartement est génial. Et je suis sure que Matysse va l'adorer.

— Parfait, je vais téléphoner à l'agence pour programmer une visite et toi, tu vas aller en cours.

— Tu veux pas que je reste profiter de la journée avec toi ? Demandé-je avec un petit sourire en coin.

— Aussi tentante que soit ta proposition, bébé, les cours sont importants et tu as des partiels bientôt. Files, avant que je ne change d'avis.

Je hoche la tête, me lève et attrape son visage entre mes mains pour l'embrasser. Ça s'est mieux passé que je ne le pensais et j'en suis heureuse.

Jake attrape ma taille et me fais m'assoir sur ses genoux, je l'embrasse avec plus d'ardeur et ses mains s'infiltre son mon pull pour caresser ma peau.

— Tu as cours à quelle heure déjà ?

— Riley prends des notes pour moi, soufflé-je en réponse.

— Bien, dans ce cas, je te séquestre pour le reste de la matinée.

Et sur ces mots pleins de promesses, il se lève en me tenant fermement contre lui, mes jambes s'enroulent autour de son corps et tout en embrassant la ligne de mon cou, il nous emmène dans sa chambre.

UTOPIA PRKWY - Terminée Où les histoires vivent. Découvrez maintenant