UTOPIA PRKWY - Terminée

23

Jake

Je me réveil en sursaut et me passe nerveusement une main tremblante sur le visage, balayant ainsi les larmes qui ont couler durant mon sommeil perturbé.

- Papa...

Je tourne vivement la tête sur le côté et remarque ma Princesse qui m'observe, les yeux encore embué de sommeil. Je la rassure d'une caresse sur la joue et d'un baiser sur le front.

- Rendors toi, mon Ange. Murmuré-je

Ma fille se réfugie dans la chaleur des couvertures et se pelotonne contre moi avec un soupire de satisfaction qui me serre le cœur. Sa mère faisait pareil...

Je ferme les yeux avec force, essayant de réprimer les larmes qui menacent une nouvelle fois de couler, les traîtres. La respiration de Matysse se fait plus régulière et comme les tremblements de mes mains ne se sont toujours pas calmés, je m'extirpe doucement du lit et me rends sur le balcon armé de mon paquet de cigarette tout en allumant la petite lampe tamisée pour apercevoir d'un coup d'œil la petite au moindre doute. Je referme la porte vitrée derrière mon passage et me hisse sur le rebord du balcon, une clope dans la bouche.

Je jure à voix basse alors que le briquet fait des siennes et soupire presque de soulagement quand la petite flamme apparaît. Pourquoi est-ce que ces merdes bug quand j'en ai le plus besoin ?
Je tire avidement sur la tige blanche puis contemple la fumée qui s'envole doucement au gré de la brise fraîche.

J'étire le bras pour faire tomber la cendre dans le vide et reste un moment à fixer le sol qui semble bouger sous mes rétines. Je déglutit et tout en me maintenant fermement à la rambarde, je me retourne afin de laisser mes jambes pendre dans le vide.

Avant j'avais peur du vide. Peur de tomber, peur de ces quelques secondes où l'on semble voler.

Je termine ma clope en fixant le sol d'un œil mauvais, le bitume crasseux de la ville qui me rappelle tant se souvenirs. Si cette nuit là, j'avais eu le courage de sauter avec elle, peut-être que je ne m'en serai pas sortit. Je n'aurais pas à subir tout ces rêves, ces cauchemars où le corps de Lucie ensanglanté m'apparaît sans cesse alors qu'un gémissement à peine audible s'échappe de sa bouche. Aujourd'hui, je n'aurais pas à vivre avec tout les regrets, les doutes et toutes les emmerdes liés à cette nuit là.

Je repasse de l'autre côté de la balustrade et mon regard se porte aussitôt sur ma fille, profondément endormie au beau milieu de mon lit.

Si j'avais sauté avec elle, je n'aurais pas la chance de la connaitre, elle...

Je profite du fait que Matysse dorme encore pour allez me doucher rapidement et lorsque je revient dans la chambre vêtu d'un caleçon propre, ma fille se réveil tranquillement. Plus de deux heures se sont écoulées depuis mon réveil brutal et l'eau chaude de la douche m'a presque brûlé tant il faisait froid à l'extérieur, qu'elle idée de sortir presque à poil en plein mois de décembre aussi...

J'enfile rapidement un jeans et presque aussitôt, ma fille réclame mes bras pour sortir du lit. Je souris tendrement, déchiré entre l'envie de l'embrasser et de la serrer contre moi et celle d'appeler Mona pour qu'elle vienne la chercher. J'attrape finalement Matysse et elle se niche tout  contre moi, sa tête dans mon cou. Ses petits doigts dessinent lentement le contour de l'encre qui couvre mon épaule à découvert alors que je nous fais traverser l'appartement. Sa main se pose sur mon cœur où un autre tatouage y figure.

- C'est écrit quoi, papa ? Demande-t-elle d'une voix toujours endormie alors que je la dépose sur le plan de travail.

Je souris, ce tatouage est l'un des seuls qui ne me rappelle pas un mauvais souvenirs.