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Mathieu

" Si je devais te parler...

Plusieurs fois j'ai voulu me poser à tes côtés et te parler. Mais aucun son ne sortait. Rien. Que te dire ? Je n'avais pas les mots. J'étais perdue.

Si je devais te parler je te dirais que tu étais mon souffle, celui qui me poussait à me surpasser. Celui qui m'encourageait à me lever tous les matins, celui qui me relevait quand je touchais le sol de trop près. Tu me disais de continuer à marcher même quand tout s'effondrer, tu me faisais garder la tête haute quand là-haut il pleuvait alors pour toi j'ai toujours fait le meilleur de ce que je pouvais.

Alors si je devais te parler je te dirais que je t'ai tant aimé et que j'aurais tant voulu t'aimer encore des années. Parce que c'était vrai.

Avec toi j'avançais sans me précipiter. Je te suivais les yeux fermés. Je regardais devant sans penser au passé, oubliant que j'avais été blessé. J'étais libérée.

Je me devais de te parler, de n'importe quoi, du soleil, du beau temps, de tes copains. Avec des mots qui t'aurait fait te réveiller. J'aurais tant aimé te dire ce que toute personne se doit de dire. Mais aucun son ne sortait.

J'aimerais te prendre la main et te mener vers le bon chemin. Te dire qu'il est temps de se retrouver. Te dire à quel point je t'aimais et à quel point tu étais aimé. Que te dire.

Faire le choix entre te pousser à y aller ou t'obliger à rester.

J'aurais tant aimé te parler. Te dire que ton absence me brisait et que ton silence était beaucoup trop exagéré.

Pourrais-tu m'expliquer pourquoi je n'arrive pas à te parler ? Alors que je te cassais les pieds à longueur de journée. Pourquoi je n'arrivais pas à te dire ce que je ressentais ? Alors que nos sentiments étaient toujours partagés. Pourquoi je n'arrivais pas à te laisser t'en aller ? Alors que j'étais toujours en train de voyager.

Tu avais le don de m'apaiser, me dire que ça allait passer. Me dire que si je ne trouvais pas le sommeil c'est que j'étais trop occupé à veiller sur mes pensées. Que je tardais trop à m'avouer que j'étais aimée.

Si j'avais eu les mots, je t'aurais dit ce que je pensais. Je l'aurais fait sans hésiter si je n'était pas aussi pétrifiée.

Si j'avais eu la possibilité, je t'aurais réveillé. Je t'aurais prouvé que j'avais changé. Mais j'aurais fait que confirmer la vérité.

Je jetais des mots sur ce papier, en me disant que ça irait. Que le vide se ferait moins grand et que la grandeur serait moins visible.

Est-ce qu'ils vous arrivez de penser à mes loupés et de mon absence à vos côtés ? Autant que j'ai pu me tourmenter ?

Mes insomnies me brûlaient à cause de mes pensées qui vous étaient destinés. Tu ne le sais peut-être pas, mais je me refusais à rester éloigné. Tout était calculé, il ne me restait plus qu'à m'envoler pour vous retrouvez.

J'étais surexcitée dans l'espoir que rien n'avait changé. Puis les problèmes sont arrivés par milliers.

J'avais beau me trouver dans des lieux que j'avais tant idéalisé mais vous n'étiez pas. Je parcourais les plages dans l'espoir de vous y voir en train d'y bronzer. Je m'invitais dans des soirées dans l'idée de vous y voir vous chamaillez. J'allais dans les boîtes avec ambition pour me déhancher sur vos couplets.

Je niais le fait que votre absence me touchait. J'avais besoin de me prouver que j'allais y arriver sans vous. Montrer que j'étais assez grande pour y arriver. Mais la vérité c'est que sans vous c'était sans grand intérêt.

Si j'avais le pouvoir de te parler, je te dirais que j'ai encore besoin de mon grand frère. Que je ne m'imagine pas continuer à faire comme si ton absence ne m'atteint pas alors qu'au fond de moi c'est le néant. La vérité c'est que j'ai peur de demain.

J'ai peur de me réveiller un matin et de réaliser que le dernier souvenir que j'aurais c'est de te voir dans ce lit d'hôpital.

Si je pouvais je te rejoindrais. Je suivrais chacun de tes choix. J'accepterai de te dire au revoir.

Je te dirais qu'ils arrivent à te parler de leurs projets pendant que moi je me perds dans mes pensées. Et j'ai cette foutue question qui me vole mes nuits .

Et si j'étais restée, est-ce que tout cela serait arrivé ? "

C'est le coeur arraché que je referme le carnet que je tiens entre les mains. Ces mots avaient l'effet d'une bombe. Je serrais mes poings avec l'envie de tout casser. Lenna s'était livrée à coeur ouvert dans mon carnet que j'avais oublié la veille sur la table de chevet. Ces mots étaient les siens. Elle avait mis sur papier tout ce qu'elle ressentait et ce qu'elle n'avait su dire à son frère.

J'étais presque honteux d'avoir ouvert ces pages. Furieux d'être rentré dans son intimité qu'elle ne semblait pas vouloir partager.

J'en venais à me demander si il n'était pas préférable pour moi de remettre le carnet à sa place d'origine. Me forçant à tirer un trait sur mes précédents écrits pour lui laisser libre cours à son besoin de s'exprimer.

Ma Belle n'était pas du genre à s'exprimer oralement. Préférant les actes aux mots elle agissait toujours ainsi par peur d'être jugée.
C'est une part de sa timidité qui ressortait.

C'est pour cette raison que je reposa le carnet que je tenais en main, là où je l'avais trouvé. En sortant, j'irais en acheter un autre et recommencer à zéro.

Je laissais de côté mes écrits pour ELLE.

All i ever need / PLKOù les histoires vivent. Découvrez maintenant