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Lenna

La chambre est plongée dans un froid sibérien, la climatisation réversible est tombée en panne ce matin.

Normalement d'ici demain après-midi, mon frère sera transféré dans une autre chambre. Le temps qu'un ouvrier vienne réparer l'appareil. En attendant je suis frigorifié sous une épaisse couche de vêtements qui recouvre mon corps.

Ajouter à cela le fait que je manque de sommeil, car depuis plusieurs jours je souffre à nouveau d'insomnie.

Je ne trouve pas le sommeil, mes pensées refusent de me laisser en paix, Morphée n'est pas en paix avec moi, il me refuse ses bras. Jour comme nuit, mon regard est plongé dans le vide.

Mes angoisses noircissent mon âme, je le sens, au plus profond de moi. J'ai peur de replonger, peur de retourner dans ce lieu confiné, à l'abri des regards et des miens.

Mes blessures du passé n'ont pas totalement cicatrisées, pire encore elles ne cessent de revenir.

Je ne dors plus la nuit, je n'y arrive plus. Les images et les souvenirs de là-bas me reviennent, ça tourne en boucle dans ma tête sans jamais s'arrêter, sans me laisser respirer. Emportant avec le peu de chance que j'avais, détruisant mon conscient.

Tout me revient, en pleine face. Ce que je niais jusqu'à maintenant, me hante. Pourquoi moi ? Pourquoi maintenant ? Je suis dépassée par les événements.

Mon seul souhait est de pouvoir retrouver le sommeil, pouvoir retrouver le calme, mettre ce monde en off, pouvoir débrancher mes angoisses une bonne fois pour toute.

J'aimerais pouvoir prouver au monde que tout va pour le mieux. Que je n'ai aucunement besoin d'aide, que je finirais par m'en sortir comme je l'ai déjà fait, que ça finira par passer. Que la page finira par se tourner et que je finirai par mettre un point définitif à cette histoire.

Bien que j'ai toujours été un fardeau pour moi-même, que j'ai toujours été trop sensible, trop facilement atteignable, trop complexée, trop gentille, trop lunaire, trop naïve, trop fragile. J'étais persuadée que cette fois-ci j'y arriverais définitivement.

Je me hais, je hais chaque parcelle de mon être.

Je ne supporte plus cette douleur, celle qui m'emprisonne, celle qui m'empêche d'avancer pour aller de l'avant, celle qui me force à rester dans mes cauchemars.

J'ai peur. Peur de replonger dans cette noirceur.

Ils étaient là, juste devant moi. Ils se regardaient avec désespoir, parfois leurs regards ne me quittaient pas. Mes membres me lâchaient peu à peu, sentant sur eux des chaînes se refermer.

J'étais épié, observé, détaillé probablement critiqué sur la même lancée.

J'entends le grondement des éclairs dans ma poitrine, la pluie ne va pas tarder à arriver. Les décharges vont être violentes, et l'orage sera terrible.

Je vous jure que j'ai toujours voulu garder espoir, que je voulais me relever fièrement de ce merdier. J'ai essayé d'y croire, le plus fort possible. Mais la force a finit par m'abandonner pour aller se loger aux côtés de mes bourreaux.

J'y ai cru, je vous jure. J'ai cru que c'était possible, possible de pouvoir tourner la page, de pouvoir passer à autre chose, de pouvoir goûter enfin au bonheur.

J'aurais dû fuguer une nouvelle fois, prendre l'issue de sortie. Partir sans me retourner. Prendre mes jambes à mon cou.

C'était la fin.
La fin d'une longue péripétie et d'une certaine liberté. Sentant une partie de moi s'éteindre.

All i ever need / PLKOù les histoires vivent. Découvrez maintenant