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Lenna

Dès que mes yeux se ferment, les mots et les images me reviennent. Ça tourne en boucle dans ma tête. Les souvenirs, les mots, son visage que j'ai tenté d'oublier. Les souvenirs qui hantaient mes nuits. Ceux qui revenaient même à des milliers de kilomètres de lui, à nos moments passés, bons comme mauvais. Il n'était pas avec moi mais l'était de partout à la fois. C'est vrai, on était pas parfaits mais on s'aimait...malheureusement ce n'était pas le bon moment.

Nos petits trains de vie étaient incompatibles. Entre ses showcase, ses interviews, l'album du groupe, mes études, mes stages, mes examens et mon travail. Notre couple n'avait aucune base solide.

La séparation était inévitable. Ça a été une véritable déchirure, mais c'était mieux de mettre un terme à une relation qui n'avait aucun avenir plutôt que de donner suite à un naufrage.

Et même si je n'ai d'yeux que pour lui, j'ai peur de retomber dans un nouveau déboire. Peur d'avoir mal, peur de sentir à nouveau mon coeur se briser, peur de connaître à nouveau cette douleur.

Il est là face à moi, un sourire aux lèvres et l'univers dans son regard. Des papillons volent en moi et j'ai le coeur qui se serre. Face à lui je suis partagée, entre la peur et le désir, le mal et le bien, la souffrance et le bonheur. Et je finis par me dire que je suis peut-être incapable de l'aimer à nouveau, que je ne suis peut-être pas prête, que ce n'est ni le moment ni l'endroit alors qu'au fond de moi ça sera toujours le bon.

Je ne suis pas prête pour une relation, j'ai affreusement peur de replonger dans nos démons.

Je préfère mettre fin à ce rapprochement et mettre un terme à mes pulsions.

Je ramasse dans la même volée le carnet qu'il vient de faire tomber et pars le remettre à sa place, dans le tiroir.

-J'vais y aller, prononce-t-il avant de sortir de la chambre.

C'était prévisible, je le savais qu'il prendrait ses jambes à son cou. A sa place, j'aurais agis de la même façon. Je ne peux lui reprocher son départ.

———

Pour la première fois depuis des semaines, je daigne enfin à reprendre en main la technologie de mon iPhone. Après l'avoir fait chargé toute la nuit, je l'allume après des semaines d'inactivité. Je me doute bien que de nombreuses mises à jour vont mettre demandé, que la messagerie va être pleine, que le téléphone risque de connaître quelques bugs lors des dix prochaines minutes. Je l'allume sans aucune intention particulière.

Un quart d'heure plus tard, lorsque le téléphone a cessé de vibrer à chaque nouvelles notifications affichées. J'efface chaque notifications non-intéressantes, je jette un rapide coup d'œil aux nombres ahurissant qu'affichent chacune de mes applications. Dans la même foulée je me décide à écouter ma messagerie. Une heure vient de s'écouler, l'oreille toujours aussi attentive aux messages vocaux de mes proches. Certains proviennent de mes clientes, me demandant si un possible retour de ta ma part serait envisagé ou non. Je prends alors conscience de l'impact qu'a pu avoir mon départ.

Financièrement parlant, je suis à sec. Je n'ai pas encaissé le moindre centimes d'euros depuis que j'ai mis mon travail en suspend, les marques pour lesquelles je suis l'ambassadrice ne m'ont plus communiqué leurs nouvelles collections en raison de mon absence injustifié. Mon compte en banque est aussi vide que mes poches.

Je réalise alors qu'il serait peut-être temps de me remettre en question, de mettre en place de nouvelles résolutions et de reprendre le cours de ma vie là où elle s'en était arrêtée. Bien que cette idée me déplaise au plus haut point, je n'ai plus tellement le choix. Mes économies ont servis à couvrir les frais de mon séjour ici, elles ne pourront plus assurer l'intégralité des prochaines semaines si je ne trouve pas une solution au plus vite.

Je fais les cent pas à travers la pièce depuis des heures. De temps en temps je m'arrête en présence du personnels afin qu'ils ne trouvent pas cela étrange.

Je me mords le bout des doigts, mon état d'anxiété est à son apogée. J'ai prêché le bon et le mauvais, la décision est inévitable. Je dois reprendre mon métier d'esthéticienne, au plus vite.

Il faut désormais que je trouve le courage de quitter l'hôpital, et laisser mon frère seul.

Tout mon matériel est entreposé dans la cave de l'immeuble où vit mon père. Avant mon départ pour l'autre bout du monde, j'avais pris la décision de clôturer le bail de mon appartement, vu que je n'avais aucunement l'intention de revenir vivre sur Paris. J'avais également dû abandonner l'idée de mon projet, celui d'ouvrir mon propre institut de beauté. J'avais tiré un trait sur cette vie là, afin d'oublier mon passé. C'est pour cette raison que j'ai pris un billet sans retour, que j'ai fait don de chacune de mes affaires à des associations afin de casser mon ancienne image. Les seuls objets dont je n'ai pas voulu me séparer, sont mon matériel de travail, et mes nombreux albums photos.

J'ai pris l'avion avec pour seul bagage mon sac à main, rien d'autres. Je suis partie les poches vides, dans l'espoir de reconstruire un nouvel avenir, une nouvelle vie. De tout réécrire.

Mais même ça, ça n'a pas fait taire mes démons intérieurs. Les souvenirs ont continué d'hanter chacune de mes soirées, à des milliers de kilomètres de mon passé.

Le design de mes réseaux sociaux a bien changé, certaines nouvelles options sont apparus. Notamment cette histoire de story sur instagram et Facebook.

Je tente de me familiariser un minimum avec ses nouvelles options afin d'être sûre de moi.

Faut que je sois sûre de mon choix et de ma décision. Un retour en arrière ne me sera plus toléré, j'ai déjà rebroussé chemin une fois. Mes clientes ne me donneront pas une seconde chance.

Je suis attentive aux nouvelles pages qui se sont créées, aux nouvelles prothésistes ongulaires qui proposent leurs services. Je suis abasourdie face à tant d'incompétences de leur part, et surtout face aux prix exorbitants qu'elles proposent.

Je ne proposerais jamais de tels prix. Sachant que les trois quarts ne sont même pas diplômés, ça me rend malade.

Pour débuter, il me semble correcte de ne reprendre que l'onglerie. Les autres services viendront peu à peu s'ajouter à la liste de mes prestations.

Je décide d'envoyer un message à ma plus fidèle cliente.

Nouveau message
À Naélia

"Hey princesse il me faudrait une volontaire pour me servir de modèle pour des poses d'ongles."

Elle ne tarde pas à m'appeler.

-Allô ?

-NANAAAAAA !!!! On signe où, quand, comment ?!! Putain tu reprends du service !!!!

Mes oreilles saignent abondamment.

-Ne cri pas, je suis pas sourde.

-Pardon, mais je suis trop contente de savoir que tu reprends ton travail.

-Je le reprendrais pas de suite, simplement j'y ai beaucoup réfléchi. Pour l'instant ça sera juste quelques essais, histoire de me remettre dans le bain. Si je reprends c'est seulement pour faire les ongles, le reste on verra pour plus tard.

-Je peux te ramener toutes mes copines pour t'entraîner si tu veux. On vient quand tu veux.

-C'est gentil, princesse.

-Tu peux pas savoir à quel point j'en ai rêvé. La dernière fois je suis allé chez une fille me les faire faire laisse tomber, un vrai massacre. J'avais de la colle de partout, y avait des manques et elle m'a fait saigner en me coupant les petites peaux.

Je fronce les sourcils. Qu'est-ce que j'avais dit, des incompétentes.

-Tu veux que je vienne quand ?

-Il faut déjà que je m'assure que mon père n'ait pas jeté mon matériel.

-Tu veux que je vienne avec toi ? Demain j'ai pas cours donc si tu veux, je peux venir.

L'idée n'est pas bête bien au contraire.

-Je serais ravie de voir ta petite tête. Je te tiens au courant.

Il ne me reste plus qu'à prévenir une personne, mon père.

All i ever need / PLKOù les histoires vivent. Découvrez maintenant