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Mathieu

Cela va faire plus de deux heures que nous sommes rentrés. Lenna est actuellement dans la salle de bain et ce depuis que nous avons posés les pieds dans mon appartement.

Je m'interroge depuis plusieurs minutes, je me demande ce qu'elle peut bien faire dans cette salle de bain depuis tout à l'heure. J'entends bel et bien l'eau du pommeau de douche couler mais je me pose quand même des questions.

Ce n'est sûrement pas une bonne idée mais je me dois d'en avoir le cœur net. Je traverse le couloir et arpente les différentes portes de chez moi avant d'arriver devant celle de la salle de bain. La porte n'est pas verrouillée, une chance.

J'entrouvre légèrement la porte, n'étant pas sûr de moi. Je finis par me lancer une dizaine de secondes plus tard avec quelques peu d'hésitations.

Je passe le seuil de la porte, la boule au ventre. J'observe la scène devant moi, en étant pris au dépourvu. Je ne m'attendais à tout sauf à ça.

Elle se tient devant le miroir suspendu, vêtue d'un ensemble en dentelle. Son regard semble lointain. Elle ne remarque en rien ma présence. Alors dans un pas lent, je m'avance vers elle.

J'hésite un court instant avant d'enrouler sa taille de mes bras. Et de lui glisser à l'oreille quelques mots qui je pense seront réconfortants. Mais en vain. Les larmes de ma belle ne cesse de la submerger.

-Lenna...

-Je suis un monstre.

-Ne dit pas ça.

-Regarde-moi.

-Je te regarde et tout ce que je vois c'est toi. Je vois une jeune femme.

-Je suis horrible, j'ai honte de moi. J'ai honte de qui je suis.

-Tu n'as pas à avoir honte, tu es loin d'être horrible. Tu es simplement dépassée par les événements.

-Je suis horrible. Je me déteste, je déteste ce corps, je me déteste. Je me dégoûte et je dois probablement te dégoûter aussi.

Mon coeur rate un battement.

-Lenna ne dis plus jamais ça, tu n'es pas dégoûtante et tu ne le seras jamais. Tu ne seras jamais tel que tu te décris. Jamais je ne serais dégoûter par toi et tu le sais aussi bien que moi.

-Je suis affreuse, je suis enfermée dans ce corps que je maudis plus que tout. J'ai l'impression de ressembler à un enfant, j'ai la peau sur les os. Je ne suis qu'un tas d'os. Ne dis pas le contraire. Regarde-moi, dis-moi que ça t'attire ?

Je perds mes moyens face à ses mots.

-Tu vois même toi tu le penses. Je n'ai plus aucunes formes, on dirait une gamine de six ans.

-Lenna ton corps...écoute tu n'as pas le droit de dire ça. Tu ne peux pas émettre de tels propos.

-Mais regarde-moi Mathieu. Tu crois vraiment que je suis agréable à regarder ? Tu crois vraiment que je suis en parfaite harmonie avec cette corpulence ? Je ne rentre plus dans aucun vêtements, je me trouve abjecte. La moindre brise de vent me fait paniquer, j'ai peur de m'envoler ou bien d'être projetée en avant. Je ne tiens même plus sur mes jambes, j'ai perdue toute force. Je suis affreuse. Je n'aime pas mon corps, je le déteste.

Elle essuie du revers de sa main l'apparition de nouvelles larmes. Je tente à nouveau de l'approcher mais elle me repousse une nouvelle fois.

-Non ne m'approche pas, tu ne dois plus m'approcher. Je ne veux pas que tu es pitié de moi, je ne veux pas de ta pitié. Je ne suis qu'une bonne à rien. Je ne suis même pas capable de me gérer toute seule. Je ne suis qu'une écervelée, je ne te mérite pas, je ne mérite pas d'avoir une personne comme toi à mes côtés. Tu mérites tellement mieux que moi.

All i ever need / PLKOù les histoires vivent. Découvrez maintenant