"Il y a des personnes qui te lisent comme un livre ouvert, qui te ferment comme un livre lu, qui t'écrivent comme un livre blanc, qui perdent le signet, qui voulaient te lire, mais les émotions n'étaient pas en soldes, qui t'ont déballé et placé sur une étagère, qui t'ont amené à la maison et mis dans la bibliothèque. Peut-être qu'un jour quelqu'un te lira sérieusement, de la couverture à la dernière page et te gardera avec lui comme le cadeau le plus précieux."
Lenna
Je délaisse mon peignoir et entre dans la cabine de douche. Je laisse l'eau bouillante perler sur mes courbes récentes.
J'aborde une nouvelle vision de mon corps depuis que j'ai appris que j'allais donner la vie.
Avant l'altercation avec ma génitrice et mon frère j'avais encore du mal à réaliser. Malgré les premières échographies, les échanges avec mon gynécologue, les nombreuses conversations avec ma cousine je n'avais encore pris conscience qu'un petit être grandissait chaque jour en moi.
D'ici quelques jours, j'entrerais dans mon deuxième trimestre. En dehors de mon savoir, cette grossesse reste encore secrètement invisible à l'œil nu.
Mon ventre n'est pas encore assez arrondi pour en avertir mon entourage. Mathieu ne semble pas s'en être aperçu, il faut dire que je m'abstiens de me dévêtir devant lui. Je tolère ses caresses uniquement en dehors de cette zone pour ne pas éveiller les soupçons.Je peine encore à trouver les bons mots à cette explication. J'ai peur de l'entendre geindre de mécontentement, lui qui n'avait pas pour projet d'avoir un enfant.
J'ignore encore les causes de cette grossesse. J'ai toujours été parfaitement réglée et ce malgré le manque de contraceptif mécanique. J'étais sous contraception hormonal, en prenant régulièrement ma pilule sans jamais l'oublier.
J'ai réfuté cette découverte durant de longues semaines allant même jusqu'en oublier les premiers symptômes. Nausées matinales, fatigue extrême, saute d'humeur davantage présente, sensibilité aux odeurs, des envies incohérentes, poitrine sensible, une légère prise de poids, des envies pressantes...
Je suis passé par plusieurs phases : le déni, l'ébahissement et je suis désormais terrifiée à l'idée d'imposer à Mathieu un rôle dont il ne souhaitait pas l'existence.
Confrontée à mes anciens souvenirs qui refont surface au fur et à mesure que les heures défilent, je peine à croire qu'un jour j'arriverais à devenir une bonne mère.
Privée de cet amour dès mon plus jeune âge, je me sens incapable d'assumer cette responsabilité ou du moins pas tant que je ne serais pas en paix avec l'origine de ce problème...
Je suis fautive de cette situation. J'aurais dû agir tant qu'il en était encore temps, j'aurais dû prévenir Mathieu. Nous aurions été en capacité de se poser les bonnes questions et décider ensemble de l'avenir de cet embryon...de ce bébé...de notre futur enfant.
Je ne cesse de me remémorer les dires de ma génitrice. Et si elle avait raison, et si j'étais comme elle...ou même pire qu'elle...
Je me sais égoïste, méprisante, antipathique mais est-ce que je deviendrais un jour une mauvaise mère ?
En y repensant, je deviens nostalgique de mes premières années de vie. Celle où la vie me paraissait bien différente de maintenant. Bien qu'à la maison le climat était bien différent de celui des autres enfants, je ne peux nier d'avoir connu quelques jours heureux aux côtés de ma génitrice.
Quand son état le permettait, celle-ci pouvait se montrer quelque peu maternelle. On partageait des moments rien qu'à nous. Me transmettant ainsi certains de ses hobbies. Le shopping, les balades nocturnes, les séances de bien-être, la lecture.
En dehors de ses heures d'alcoolémie, elle pouvait se montrer aimante en nous offrant quelques brides de ces romans. Il fut un temps où elle était écrivaine. Forte en succès, il faut croire que la gloire a finit par emporter son temps.
Si j'ai souvent repoussé Mathieu ce n'était pas par manque de temps ni par manque d'amour mais par manque de confiance.
J'ai souvent redouté cette noirceur de la notoriété, celle où on se sent planer en oubliant souvent le moment de l'atterrissage.
Sa notoriété a conduit ma mère à sa perte. Avec le temps, je réalise que la seule chose dont ma mère aurait eu besoin c'était du soutien permanent de ses proches. Son mari travaillant du matin jusqu'au soir, son fils multipliant les gardes à vue et sa fille souffrant d'anorexie et sa dernière ayant perdue la vie, elle n'a pas su trouver une vie stable.
Je prends conscience que nos agissements ont d'une certaine façon conduit ma mère à sa folie.
Je commence à regretter les paroles crues que j'ai pu avoir à son égard quelques heures auparavant.
J'ai été mauvaise en lui souhaitant sa mort et ce malgré qu'elle a tuée indirectement Maddy...
Soudain la peine me submerge. Ce douloureux souvenir me fait l'effet d'un coup de poignard dans ma poitrine. Je suffoque face à cette lourde pression.
Elle était si jeune et si fragile elle ne méritais pas de finir sa vie ainsi. Elle n'avait que quelques semaines quand elle a rendue son dernier souffle. Je n'oublierais jamais cet incident, celui qui a brisé notre famille.
"Même quand la blessure guérit, la cicatrice demeure."
Elle a donné naissance à une autre fille quelques années après moi. Elle s'appelait Maddy. Elle était si petite, si fragile et à la fois si jolie.
Grande sœur d'un ange fut le rôle que la vie décida de m'offrir quelques semaines après sa naissance.
Telles ont été les conséquences d'une grossesse à risque associée aux mauvaises addictions de ma mère.
Maddy est un sujet qui reste à ce jour encore très sensible. Tout le monde a souhaité tourner la page afin de ne pas retourner le couteau dans la plaie. Mais personne n'est en capacité d'oublier cette tragédie.
La mort de Maddy, la perte d'emploi de ma mère, ma maladie, sa rechute dans l'alcoolémie, l'incendie destructeur du foyer familial à conduit au divorce de mes parents.
J'aimerais tant oublier...
J'aimerais tant retrouver une vie normale...Être moi-même sans aucune once de méchanceté...
VOUS LISEZ
All i ever need / PLK
FanfictionÀ c'qu'il paraît, j'ai des yeux que pour toi, chacun d'mes textes, chacun d'mes regards, tout c'que j'fais, c'est pour toi. J't'avoue, j'ai toujours eu du mal à faire confiance depuis l'enfance, m'attacher à quelqu'un, c'était pas dans mes plans, c'...