Mathieu
"Elle m'adresse un sourire triste. J'ai toujours trouvé ça bizarre, les gens qui sourient alors qu'ils sont tristes. Un sourire triste ça n'existe pas, c'est juste un sourire courageux."
Je ramasse horriblement le corps presque inerte de ma copine, baignant dans sa propre mare de sang. Pris dans la tourmente je peine à trouver la force de m'encourager. Ce cauchemar ne fait que de commencer et je m'apprête déjà à m'effondrer.
J'apporte son corps contre mon torse dans l'espoir de la réchauffer en attendant l'arrivée des ambulanciers.
Adossé à la baignoire, je jauge chaque recoin de la pièce qui semble sortir tout droit d'un décor de film d'épouvante. Le regard dans le vide, l'âme de Lenna semble s'être éteinte.
Aucun son, aucun bruit, aucune parole, aucune question.
J'ai soupiré violemment en lui murmurant qu'à l'arrivée des secouristes tout irait bien, ça sonnait tellement faux.
Me forçant à m'accrocher à ce dernier espoir, à cette dernière lueur...
Bien que je savais que les jours à venir allaient être noirs.
Je le savais...je le savais du plus profond de mon être que quelque chose en elle avait changé. Depuis le premier soir où elle m'a repoussé, depuis cette première fois où elle s'est caché de moi. Dès cet instant, j'ai su.
Je ne lui en ai jamais voulu, pas même aujourd'hui, pas même maintenant.
J'ai à peine le temps d'embrasser une dernière fois sa joue que son corps m'est ôté par les secouristes qui viennent d'entrer dans l'appartement.
Recouvert du sang de mon propre enfant, je suis le cortège sans lever les yeux de ma petite amie.
Allongée sur un brancard, yeux clos elle diminue peu à peu ses pulsations cardiaques en suivant les conseils de l'ambulancier.
J'entrevois les silhouettes de mes gars juste avant de prendre place dans le camion d'intervention. Les portes s'étant refermées sur eux, je n'ai pu donner suite à cet échange visuel.
Je plonge ma tête dans mes mains en attendant notre arrivée au centre hospitalier.
Lenna
"J'aimerais tellement pousser ma douleur au-dessus d'une falaise et la voir se briser en milliers de petits morceaux. Lui rire en plein visage, et lui dire que c'est fini. Mais je suis d'une faiblesse sans nom ces temps-ci. Je ne sais même pas si j'ai envie de crier, de pleurer ou bien de me tirer d'ici. À vrai dire, je ne sais pas si je vais bien ou non. Le temps va trop vite et la douleur prend son aise. La vérité a été trop triste pour ma naïveté. Alors oui, je mets du temps à tout encaisser, et oui je ne suis qu'une pauvre idiote pour y avoir cru tout ce temps. J'ai aucune excuse valable qui peuvent justifier ce cœur brisé, rien de lourd à vous montrer. Je me hais d'avoir encore mal." 💭 auclairdemaplume .
Une semaine vient de s'écouler depuis ce tragique événement. J'avais enfin pris la décision d'assumer cette grossesse. Je m'étais décidé à tout avouer à Mathieu, par la plus représentative des façons. J'avais gardé secrètement mon test de grossesse dans une vielle boîte à chaussures.
J'avais tout planifié, la soirée, le dîner, la révélation à travers laquelle je lui aurais offert deux petites paires de chaussons brodés par la symbolique expression 50% papa, 50% maman. Son premier ourson en peluche à l'effigie de son papa. A la résonance de mon discours, à la profondeur de mon ressenti, à mon désir de mener cette grossesse à bien.
À mon envie irrésistible de lui dire que OUI JE VEUX ÊTRE SA FEMME. Suite à la découverte de l'écrin rouge dans la commode de ses chaussettes. À cette lueur qui brillait au fond de mes iris en découvrant l'élégance de cette alliance.
Mais la vie a décidé de nous accorder un tout autre destin, celui de devenir parents d'un bébé ange.
C'est ainsi que le 3 novembre 2019, notre petite Soraya rejoignit la beauté des étoiles.
À travers quoi, nous devenions des paranges d'un trésor qu'il avait secrètement désiré durant de longues années à contrario de moi qui avait tant dévalorisé cette idée.
À notre petite Soraya.
À notre belle histoire.
À cet amour inconditionnel.
"Cette nuit-là quand on a fait nos adieux, je suis restée complètement indifférente. Alors qu'au fond de moi, c'était un volcan d'émotions. Je voulais crier de toutes mes tripes que je l'aimais, que je voulais qu'il reste. Je voulais lui dire qu'il avait pas le droit de me laisser comme ça, que c'était injuste. Que notre histoire était loin d'être finie. Je voulais lui montrer le mal qu'il me faisait, je voulais pleurer sous la lune, je voulais qu'il me voit mourir devant ses yeux. Peut-être qu'il m'aurait tendu la main, qu'il m'aurait serré fort et qu'il m'aurait sauvé. Mais j'pense plutôt que ça n'aurait rien changé, il se serait enfui loin de moi, mes larmes n'auraient jamais atteintes son cœur désormais fait de glace."
Ce soir, j'entrevois enfin le sourire de notre petite Soraya. En suivant le chemin de l'éternité à ses côtés.
Trouvant ainsi la paix.
All i ever need 🥀
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All i ever need / PLK
FanfictionÀ c'qu'il paraît, j'ai des yeux que pour toi, chacun d'mes textes, chacun d'mes regards, tout c'que j'fais, c'est pour toi. J't'avoue, j'ai toujours eu du mal à faire confiance depuis l'enfance, m'attacher à quelqu'un, c'était pas dans mes plans, c'...