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À la fin du cours de philosophie le nouveau quitte la salle presque en première. Durant les deux heures qui ont suivi, il n'a pas jeté un seul coup d'œil dans ma direction, rien... Mais moi, je l'ai un peu observé, en espérant qu'il n est rien remarqué. Il a une barbe naissante, et une carrure assez imposante même lorsqu'il est assis. Il a une horloge entourée de fleurs et d'épines sur son avant-bras gauche. Et je ne sais pas pourquoi mais je suis certaine qu'il est plus âgé que nous, il doit avoir redoublé une ou deux fois selon moi.

Je quitte la classe après avoir rangé toutes mes affaires. En traversant le couloir une boule se forme dans mon ventre quand j'observe les autres élèves rirent et discuter entre eux avec cet air joyeux sur leurs visages. ils se racontent sans doute les péripéties de leurs été.

Alors que moi, je marche droit devant moi pour aller à mon cassier. Mon été était tout aussi monotone que ma vie en générale, donc je n'ai rien de merveilleux à raconter. Arrivée devant je fais mon code 4876... il s'ouvre sans souci, il n'est pas complètement vide, j'avais laissé quelques affaires avant les vacances d'été...

Pendant que je range mes nouveaux livres, j'entends une voix parler derrière la porte de mon casier, c'est très étonnant puisque tout les élèves qui se sont retrouvés à côté de mon casier ont demandé à changer. Il y en a sûrement plus aucun de disponible.

- Salut Mél... Dit la voix hésitante de Julia, je pousse légèrement la porte de mon casier pour pouvoir la regarder, pourquoi est-elle là ? Et surtout pourquoi me parle-t-elle ! Quoi ? elle a pris de nouvelles résolutions et a décidé de renouer le dialogue.

- Qu'est-ce que tu veux ? lui demandais-je sur la défensive, je la vois composer un code pour le casier juste à côté du mien, depuis quand c'est son casier ?

- Rien, on m'a changé de casier le miens est cassé. Je t'ai vue alors je voulais savoir comment tu allais... Elle hésite avant de reprendre - On sait un petit peu perdu de vue, c'est dernier temps.

Perdu de vue ?

Je me mets à rire, c'était trop beau pour être vrai... Je l'a fixe froidement avant de reprendre mon souffle. - Tu voulais savoir comment j'allais ?! Dis-je en retenant ma colère.

- Mél... commence-t-elle, mais je la coupe - Ne m'appelle pas Mél ! C'est unique pour les amis et tu n'en fais plus partie depuis bien longtemps, alors tes fausses politesses, tu peux te les mettre où je pense. Grondais-je avant de claquer la porte de mon casier et de m'éloigner d'elle.

Deux ans... Deux ans qu'elle m'ignore, pas un mot, pas un message. Et sous prétexte que maintenant on est voisine de casier, elle essaye de reprendre le dialogue ? Je ne suis pas désespérée à ce point. Je sais que c'est Aaron qui nous a éloigné elle et moi, mais elle l'a laissé faire... Elle n'a même pas essayé de se battre pour notre amitié.

J'entre dans la salle de classe de notre prochain cours, où quelques élèves sont déjà présents, je m'assois à la même table que le cours précédent, et sort mes affaires pendant que la classe se remplit petit à petit. J'aperçois Julia et Aaron entrée, suivi quelques instants plus tard par le nouveau.

Il reste planté là, à observer la classe quand son regard s'arrête à nouveau sur la chaise à côté de moi, il ne va pas venir ici ? Il y a encore plein de place de libre.

Eh bien non Mél, il vient bien s'assoir à côté de moi, Pourquoi au juste ? Pendant le cours de philosophie je comprends, mais là ? Il n'y a aucune raison, sauf s'il est prêt à gâcher dès le premier jour sa réputation en s'asseyant à côté de moi. Je ne pense pas qu'il est au courant... Donc, peut-être que je devrais quand même le prévenir.

Je me racle la gorge et me tourne vers lui, il a son nez plongé dans son portable, pourtant je suis sûr qu'il sait que je le regarde, mais il ne bouge pas. Je ne sais pas, mais il dégage quelque chose de différents.

- Euh... C'est juste un conseil, mais tu ne devrais pas t'assoir à côté de moi, les gens de ce lycée ne m'apprécient pas beaucoup... voir pas du tout.

Il ne réagit pas, et ça m'agace, il pourrait au moins réagir, faire un signe de tête, mais non, il est bien décidé à m'ignorer.

- Tu portes des écouteurs invisibles ou tu ne sais pas parler. Je n'obtiens aucune réponse. - Je vois ! Tu es simplement arrogant, je parie.

Je n'insiste pas plus que ça, au moins je l'aurais prévenu, il ne pourra pas dire que je ne l'ai pas fait.

Au même moment, Dylan et sa bande entrent dans la classe, et le premier truc qu'il fait, c'est me clacher.

- Regarder qui s'est trouvé un nouvel ami ! Ne te fais pas trop d'illusion Miller, ça ne dura pas. Dit-il avant de continuer son chemin.

- Il est au courant pour ton père au moins... Demande Stella en mimant un air faussement surpris. - Il ne faudrait pas qu'il le découvre une fois que vous aurez couché ensemble... Ces deux poufs de copines se mettent à rire alors que le nouveau ne réagit toujours pas, tandis que moi je sers les dents pour pas lui arracher les cheveux.

- Au mais attend je suis bête... personne ne voudra jamais coucher avec la fille d'un meurtrier. Continue-t-elle en insistant bien sur le dernier mot, le nouveau réagit pour la première fois en levant sa tête pour la tourner vers moi, mais, il n'a même pas le temps de croiser mon regard, que je me suis déjà levé en ramassant toutes mes affaires. Je bouscule Stella et les deux filles qui me barraient le chemin pour quitter le cours qui n'a même pas encore commencé, je les entends rire dans mon dos et une larme coule sur ma joue. Putain de premier jour.

- Mademoiselle Miller ! Le cours va commencer, où allez-vous ! J'entends notre professeur de math de l'année dernier m'appeler, mais je m'éloigne rapidement de la salle en l'ignorant, j'ai besoin de prendre l'air, je sature déjà...

Je pousse brusquement la porte de l'école qui donne sur le stade, et respire un bon coup. Mon visage est mouillé malgré mes efforts pour essayer d'arrêter de pleurer. Il faut que je me fasse violence et que j'arrête d'être aussi sensible, sinon je ne tiendrai pas jusqu'à la fin de l'année.

Je m'assois dans les gradins et passent mes mains sur mon visage. J'ai à peine tenu deux heures dans ce foutu Lycée que déjà j'en peux plus. C'est deux abrutis avec leurs réflexions à longueurs de journée sur mon père et ce qu'il a fait j'en peux déjà plus, je sais que je leurs ai manqué, mais pour ma part ce n'est pas le cas.

Le pire c'est que je ne pleure pas à cause d'eux, je pleure à cause de lui... Je le déteste, ça fait 4 ans maintenant qu'il est en prison et je le déteste toujours autant. Il a gâché ma vie et celle de ma mère, j'ai fait tellement choses que je regrette quand j'ai appris ce que mon père avait fait.

Il ne quittera jamais cette prison et c'est très bien comme ça parce que je ne veux plus jamais le revoir... Jamais.

Sauve moi de Toi - Tome 1 Où les histoires vivent. Découvrez maintenant