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Le ménage, c'est vraiment crevant. Deux jours de grand ménage d'affilée, c'est affreux et puis les toilettes oh non, rien que dit pensé ça me donne envie de vomir. Je suis K.O, j'ai dormi pendant tout le cours d'histoire. Chose à ne surtout pas faire, s'endormir sur son stylo, maintenant j'ai la trace du stylo sur la joue.

En quittant la classe je frotte ma joue pour essayer de faire partir cette foutue marque. Je sors du Lycée pour m'assoir sous mon arbre fétiche, suivi de près par Zack qui n'a pas dit un mot depuis qu'on a quitté la classe... non en faite il n'a pas dit un mot depuis huit heures ce matin, et ce n'est pas parce que je dormais.

Il s'assoit à côté de moi, mais à bonne distance, j'aurais aimé qu'il s'assoit, plus près, enfin... je crois. Je le vois sortir son portable, et moi je sors ma salade de mon sac.

En mangeant je lui jette quelques regards furtifs pour voir ce qu'il fait, pour ne rien changer il a son portable dans une main et son sandwich de l'autre.

- Tu es très silencieux aujourd'hui. Dis-je sarcastique. - Non enfaite ça ne change pas vraiment de d'habitude.

- Mélanie ? Dit-il doucement sans me regarder.

- Quoi ?

- Tais-toi. M'ordonne-t-il et un rictus se dessine sur ses lèvres. C'est vraiment un connard.

- T'es vraiment pas drôle Zack.

Je détourne mon attention de lui pour me reconcentrer sur ma salade, je l'entends rire légèrement, mais alors que je m'apprête à lui sortir une insulte Julia débarque.

- Salut vous deux.

- Salut. Répondis-je contrairement à Zack qui reste silencieux.

- Tu n'as pas oublié ce qu'il y a ce week-end Mél ? Me demande-t-elle tout sourire.

- Non Julia je sais que sait ton anniversaire.

- J'ai décidé de faire une grande fête, mes parents seront absents alors autant en profiter. Dit-elle avant de continuer. - Du coup, vous êtes officiellement les deux premières personnes que j'invite.

Mon regard se tourne instinctivement sur Zack, qui était scotché sur téléphone. Il lève le regard vers Julia et s'apprête à refuser, j'en suis sûr. Mais elle ne le laisse pas commencer et parle avant lui.

- Tu n'as pas le droit de refuser, c'est interdit ! En plus Mél a besoin d'un chauffeur, elle n'a pas de voiture, et je n'aime pas quand elle prend le bus seul le soir.

- Je suis plus une gamine Julia.

- Peu importe, il faut que vous soyez là tous les deux, Pitié, Pitié, Pitié.

Zack soupire lourdement en signe de résignation, il n'a même pas essayé de résister à Julia, comment ça ce fait ?

- Ok. On l'entend dire froidement.

- Trop bien ! La soirée commencera à 21 h donc tu n'auras qu'à passer chercher Mél à 20 h 30...

- Julia. M'exclamais-je pour qu'elle arrête.

- Ok, ok. Elle lève les mains pour dire, je n'ai rien dit, - Bon je vous laisse, je dois passer à mon casier avant d'aller en cours.

Après son départ, un nouveau silence s'installe, aucun de nous ne parle de ce qu'il vient de ce passer. Et on retourne en cours quelque minutes plus tard. Je ne m'attends pas à ce que Zack vienne me cherche samedi soir, je prendrai le bus comme d'habitude en plus, je ne vais pas rentrer trop tard vu que je travaille le lendemain.

*

Après les cours, je vais à mon rendez-vous chez la psychologue, contrairement à la première fois, je ne suis pas angoissé à l'idée de parler de ma vie et notre séance se passe plutôt bien jusqu'à ce qu'elle prononce cette phrase sortie de nulle part.

- Tu devrais aller voir ton père en prison Mélanie, tu as tellement de questions, auxquelles lui seul peut répondre.

Je me mets à rire, un vrai fou rire. Jamais, jamais, au grand jamais j'ai envie d'aller voir cet homme. Comment elle peut dire ça ! Je m'arrête de rire.

- Vous n'êtes pas sérieuse ? Demandais-je une fois calmé.

- Si Mélanie, bien sûr que si.

Et alors que je m'apprête à répondre, la sonnerie de fin de séance résonne dans toute la pièce, mais je réponds quand même.

- Non, non, je n'irais pas le voir, c'est impossible.

- Réfléchis-y Mélanie. C'est tout ce que je te demande.

- C'est déjà tout réfléchi. Répondis-je avant de quitter son bureau.

Comment est-ce que je pourrais aller là-bas, et le regarder dans les yeux, pour lui poser toutes ces questions qui restent sans réponse. Pourquoi est-ce qu'il a fait ça ? Est-ce que je ne comptais pas pour lui ? Et tant d'autres... Jamais on a évoqué avec ma mère cette possibilité d'aller le voir, mais peut-être que je devrais en parler avec elle, oui... non... je ne sais pas, je crois que je devrais évoquer le sujet avec elle, avant de prendre ce genre de décision. J'aimerais qu'elle confirme mon point de vue. Parce que je suis sur qu'elle a le même que moi.

*

Quand je rentre, elle est là, prête à sortir ce soir, donc je l'intercepte avant qu'elle parte.

- Maman, je peux te parler deux minutes ? Demandais-je alors qu'elle est en train de se maquiller dans la salle de bain.

- Quoi Mél ? Demande-t-elle, concentré sur ce qu'elle fait.

- Tu n'as jamais pensé à aller voir papa en prison ?

- Quoi ? Non ! Pourquoi tu me demandes ça ? Dit-elle d'une voix étrangement suspecte.

- C'est la psy du Lycée qui m'a dit que ce serait une bonne idée pour tourner une première page. Lui expliquais-je.

- Depuis quand est-ce que tu vois une psy ? Demande-t-elle en fronçant les sourcils. J'ai réussi à lui cacher ma bagarre qui m'a valu deux semaines d'exclusion, donc ce n'est pas aujourd'hui que je vais faire une gaffe.

- Depuis peu, mais ce n'est pas ça la question maman.

- Non, c'est hors de question Mélanie.

- Pourquoi ? Je pense que j'en suis capable maman, et je crois que j'en ai besoin pour passer à autre chose.

Pendant mon trajet en bus, j'ai comme qui dirait un peu changé d'avis sur la question.

- Je t'ai dit non Mélanie, ce n'est pas envisageable, tu as bien compris. Dit-elle agacé. - Tu as besoin d'un adulte pour t'emmener, et je ne t'y emmènerais pas et personne d'autres d'ailleurs. J'ai été claire ! Gronde-t-elle sévèrement.

- C'est toi la mère. Fis-je avec un faux sourire sur le visage. Si elle croit que je vais abandonner si facilement, c'est mal me connaitre.

- Et je ne suis pas pour que tu continues avec cette psy, alors tu vas arrêter ! Gronde-t-elle.

- Ce n'est pas à toi de décider maman et ça me fait du bien de lui parler, au moins elle, elle m'écoute. Je me dirige vers ma chambre quand je l'entends s'agacer.

- Mélanie.

Mais je m'enferme dans ma chambre. Pourquoi il faut toujours qu'elle soit contre moi et jamais avec moi. Elle pourrait me soutenir pour une fois, j'ai l'impression qu'elle veut me voir souffrir, qu'elle ne veux pas que je me sente mieux.

Sauve moi de Toi - Tome 1 Où les histoires vivent. Découvrez maintenant