Je me réveille cette fois-ci quelques secondes avant la sonnerie du bracelet. Je sursaute en sentant une présence tout contre moi. Je constate qu’Adrien s’est rapproché de moi pendant son sommeil, comme s’il avait voulu m’enlacer. Son visage est tourné vers moi, toujours plongé dans le sommeil. Ses traits sont détendus alors qu’ils sont toujours renfrognés pendant la journée et il paraît plus jeune. Ses boucles châtain semblent douces et je suis soudain pris par l’étrange envie d’y plonger mes doigts.
Le jeune homme repousse la couverture et s’étire. Je rougis jusqu’aux oreilles et détourne les yeux en constatant qu’il ne porte en tout et pour tout qu’un simple caleçon.
— Je sais, je sais, soupire-t-il. Nous sommes censés porter nos habits de nuit. Mais j’avais trop chaud.
— Hm…, je réponds en regardant toujours ailleurs, embarrassé.
Je l’entends rire.
— Tu n’as pas à être aussi effrayé par mon corps. Je suis ton Conjoint. Ne sommes-nous pas censés vivre dans une certaine familiarité ?
Je continue à baisser les yeux.
— Je suppose que si…
J’ignore simplement jusqu’où va cette certaine familiarité et ce qu’Adrien attend de moi.
Ce dernier se décide enfin à enfiler un pantalon mais reste torse nu. Je remarque du coin de l'œil qu’il est plutôt bien bâti. Mon regard remonte jusqu’à son visage et je constate que ses cernes se sont encore accentuées.
— Tu as encore eu des insomnies.
Il détourne les yeux.
— Hm, oui…
Je m’approche de lui, avance prudemment la main et la pose sur le visage de mon Conjoint. Je caresse les traces violacées sous ses yeux comme si je pouvais les faire disparaître.
Adrien vient se coller contre moi avec un petit sourire.
— Tu es bien entreprenant, ce matin.
Je rougis. J’ai de plus en plus chaud. Le jeune homme lève le bras et mes yeux tombent sur l’heure affichée sur son bracelet.
Je fais aussitôt un bond sur le côté.
— Nous allons nous mettre en retard !
Je me précipite hors de la chambre pour mettre les cafés en route. Je tends le sien à Adrien lorsqu’il entre à son tour, l’air grognon. Il me jette un regard mauvais et le prend sans me remercier. Puis il le sirote dans le coin opposé de la pièce.
Je me sens mal à l’aise et bois ma tasse le plus rapidement possible et pars me préparer.
J’ai un instant de surprise en regardant le sol de l’entrée. Des traces de boue maculent le sol.
J’attrape Adrien par la manche.
— Tu as vu ça ?
Il regarde le sol.
— Oh, j’ai dû oublier de m’essuyer les pieds hier. Je nettoierai ça ce soir.
Je secoue la tête.
— Ça ne peut pas être toi. Il faisait sec lorsque tu es entré. La pluie a commencé lorsque nous nous sommes mis au lit.
Le jeune homme secoue la tête.
— Qui aurait pu venir de nuit ici ?
Je mords la lèvre et baisse le ton.
— Des Anti-Civiques.
Les yeux d’Adrien s’agrandissent et il éclate de rire.
— Qu’est-ce que des Anti-Civiques viendraient faire chez nous ? Fouiller les poubelles pour voler le reste des brocolis ?
Je me sens un peu vexé.
— J’ignore ce qui se passe dans l’esprit des Anti-Civiques.
Mon Conjoint continue à sourire comme un idiot.
— Oui, bien sûr.
Je me tords les mains et contemple les traces de boue avec effroi.
— On devrait prévenir les Gardiens de la paix.
Le rictus d’Adrien s’efface aussitôt et il devient méfiant.
— Pour quelle raison ?
— Cette possible intrusion les intéresserait.
Je vois le jeune homme hésiter.
— Écoute, dit-il lentement. Tu te fais des idées. C’est moi qui ai fait ces traces hier soir en rentrant. J’en suis presque certain.
— Et moi je suis certain que non. Il a plu après ton arrivée.
Adrien se rapproche de moi et les battements de mon cœur s’accélèrent.
— Maxence… Il ne serait pas dans notre intérêt de faire appel aux Gardiens de la paix. Nous nous sommes déjà fait suffisamment remarquer lors de la cérémonie d’Accouplement. Tu ne crois pas ?
Je suis surpris de sa remarque.
— Nous n’avons fait que nous conformer aux instructions du Système. Que pourraient-ils avoir à en redire ?
Mon Conjoint marque une nouvelle pause.
— Tu as bien vu la réaction des autres Citoyens. Personne n’a protesté, mais tout le monde a été mal à l’aise. Les personnes différentes ne sont pas bien vues. Ne leur donnons pas un prétexte pour s’en prendre à nous.
C’est à mon tour d’être hésitant. Mais Adrien n’a pas tort. Personne n’aime faire appel aux Gardiens de la paix.
Sa main vient effleurer ma joue.
— Tu n’as pas à t’en faire pour ces traces de boue, d’accord ?
Je le regarde droit dans les yeux. Je lis dans son regard une telle assurance que je ne peux m’empêcher d’hocher la tête, rassuré. Il doit avoir raison. Que feraient des Anti-Civiques dans notre cellule familiale ? Je me fais des idées.
Je lui souris.
— D’accord.
Il me rend mon sourire et frotte sa main dans mes cheveux comme si j’étais un animal affectueux.
— C’est bien.
Je recule.
— Ne me décoiffe pas !
Mais je ne suis pas réellement fâché. J’aime quand Adrien me touche. Ça me fait à chaque fois comme des papillons dans le ventre.
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Le Conjoint (bxb) [terminée]
RomantikDans un futur lointain, les êtres humains vivent sous le contrôle du Système qui dirige tous les éléments de leur vie. L'année de ses dix-huit ans, chaque citoyen est accouplé à une citoyenne. Le jour où vient son tour, Maxence se retrouve cependant...