47. Discussion

6.6K 667 114
                                    

— Le café me manque tant, grommelle Adrien un matin. J’espère que nous pourrons bientôt nous en procurer à nouveau. Dire que j’avais le droit à deux tasses lorsque nous vivions encore là-bas… 

Ce souvenir me fait sourire. Je me souviens encore d’à quel point j’avais été indigné en voyant mon Conjoint boire mon café pour la première fois. 

— Nous devrions retourner dans la dixième Cité, alors, je plaisante. 

Adrien frémit d’un air dégoûté et je me mets à rire, de bonne humeur. Nous sommes toujours allongés sur le lit alors que le soleil brille déjà.  Depuis que nous habitons de nouveau ensemble, je me sens heureux tout le temps. Mon Conjoint lui-même semble partager cet état d’esprit et s’est adouci. Il râle en tout cas beaucoup moins qu’avant. 

— Ne raconte donc pas de bêtise, petit Conjoint. 

Il se tourne sur le côté sur le matelas et m’attire contre lui. Je le laisse bien volontiers m’embrasser. Je ne me lasserai jamais de ses baisers. Si nous n’avions pas à travailler, j’aimerais passer mes journées au lit avec mon Conjoint. Il est vrai cependant que nous occupons presque toutes nos nuits à… à… Hum… 

Adrien me jette un regard interrogateur. 

— Pourquoi rougis-tu tout seul ? 

Je m’empourpre encore davantage et détourne le regard. 

— Pour rien. 

— Hum…,  répète-t-il pour me taquiner. 

Je lui balance un coup d’oreiller et finis par coller mon visage contre sa poitrine pour ne plus voir son grand sourire moqueur. 

— Dis Adrien, je peux te poser une question ? 

Les mots sont sortis tout seuls de ma bouche et je les regrette presque aussitôt. 

— Oui mon chéri ? 

Quelques secondes de silence s’écoulent. 

— Pourquoi considères-tu le Système comme quelque chose de si horrible ? j’ose finalement demander timidement. Tu m’as dit un jour que je serais obligé de le reconnaître moi-même. 

Mon ton est hésitant, car j’ai peur qu’il considère que mon interrogation montre que je ne suis toujours pas de son côté. 

Mon Conjoint se tourne sur le côté pour me regarder. Sa main caresse ma joue et ses lèvres embrassent doucement les miennes. Cette sensation est si agréable que j’en oublie ma question. Je n’y repense que lorsque le jeune homme finit par me répondre.

— La conception du Système était peut-être une bonne chose, à l’origine. Une façon d’aider l’humanité presque éteinte à se reconstruire. Mais il aurait dû ensuite être définitivement débranché. 

— Pourquoi ? 

— Les citoyens obéissent aveuglément au Système. Ils sont incapables de prendre leurs propres décisions. Ils n’ont plus le moindre libre arbitre. Bon sang ! Cette machine décide même des vies de couple !  Tu trouves ça normal, toi ? 

Je me mords la lèvre. 

— Eh bien, si cela permet à des personnes assorties de se rencontrer sans avoir à papillonner des yeux… 

Adrien nous fait brusquement rouler et s'allonge par-dessus moi. Ses mains glissent le long de mon corps jusqu’à frôler une zone si sensible que je pousse un gémissement de désir. 

— Papillonner des yeux ? s’amuse-t-il. J’aimerais bien te voir papillonner des yeux. Tu peux essayer pour voir ? 

Je lui jette un regard méfiant. 

Le Conjoint (bxb) [terminée]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant