— Oh, en fait, j’ai parlé à la personne responsable des enfants, m’annonce Adrien le lendemain. Tu pourras commencer ton travail demain matin.
J’avale péniblement ma salive pour cacher au mieux mon appréhension.
— D’accord. Parfait, je marmonne avec une toute petite voix.
Mon Conjoint soupire et se ralonge sur le matelas à côté de moi.
— Ne fais pas cette tête, Max chéri. Tout va bien se passer.
— Hum… Peut-être… C’est juste que… que…
Je m’interromps, hésitant.
— Que quoi ? m’encourage Adrien.
Je tords nerveusement mes doigts.
— Je ne sais pas… Tes camarades me détestent, je crois…
Le jeune homme s’empresse de rouler sur le côté pour me prendre dans ses bras.— Comment pourrait-on te détester, mon amour ? Non, ils sont juste un peu… un peu méfiants. Ils arrêteront lorsqu’ils te connaîtront mieux.
Ou au contraire, ils me haïront encore davantage.
Je garde cette pensée pour moi et me blottis contre mon Conjoint en fermant les yeux. Ce dernier m’embrasse le sommet de la tête et me serre encore plus fort. Ses doigts me caressent doucement les hanches. Je me colle le plus près possible de lui, heureux de sentir son odeur familière.
— En attendant, on dirait que nous avons une journée de repos rien que pour nous deux, aujourd’hui, remarque Adrien.Je me sens rougir.
— Hum, oui… On dirait bien…
— Et si nous partions en exploration dans la ville ? propose mon Conjoint avec excitation.
Je souris en me remémorant la première fois où Adrien m’avait emmené en promenade. Il m’avait conduit en surprise jusqu’aux berges du fleuve. Cela reste l’un de mes plus beaux souvenirs de ma vie dans la dixième Cité.
— D’accord, je réponds en m’étirant. Tant qu’on ne se dirige pas vers cette horrible forêt.
Adrien me plante un baiser sur les lèvres.
— Nous resterons en ville, c’est promis.
Nous mangeons rapidement un peu de pain et Adrien râle, comme d’habitude, parce que nous n’avons pas de café.
— Si nous étions restés dans la dixième Cité, tu aurais continué à en avoir double dose, je remarque avec un haussement d’épaule.
— Même le café ne vaut pas la peine de vivre là-bas, grommelle le jeune homme en enfilant ses chaussures.
Je suis loin d’être d’accord avec lui, mais préfère me taire. Nous verrouillons notre porte et descendons l’escalier pour déboucher à l’extérieur. Il fait beau, mais le fond de l’air reste frais et je ferme mon manteau jusqu’au col. À cette heure, la plupart des Anti-Civiques sont déjà en train de travailler. Je remarque quelques enfants traîner dans les environs et songe à mon futur métier. Dans la Décapole, les enfants sont tous sages et bien élevés. On nous apprend dès le plus jeune âge à rester calme et à bien nous tenir. Ici, les petits courent dans tous les sens en criant au lieu de rester en rang. Je me dis qu’il est grand temps qu’une personne raisonnable vienne mettre un peu d’ordre ici…
Adrien lève les yeux au ciel comme s’il avait pu lire cette dernière pensée.
— N’oublie pas que le but n’est pas d’en faire de bons petits citoyens, hein ? s’assure-t-il. Je ne veux pas d’ennui avec leurs parents.
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Le Conjoint (bxb) [terminée]
RomanceDans un futur lointain, les êtres humains vivent sous le contrôle du Système qui dirige tous les éléments de leur vie. L'année de ses dix-huit ans, chaque citoyen est accouplé à une citoyenne. Le jour où vient son tour, Maxence se retrouve cependant...