Le Conjoint (bxb) [terminée]

36. Confession

Nous trouvons de la nourriture un peu plus loin, gardée par une femme entre deux âges. Les aliments sont posés à l’air libre sur des tables, sans ordre apparent. Au milieu de fruits et légumes entreposés dans des caisses en bois, j’aperçois des boîtes métalliques ressemblant étrangement à celles que je sortais chaque jour pour les repas des citoyens. 

— Auriez-vous du café ? demande Adrien à la femme avec espoir. 

Cette dernière secoue la tête. 

— Nous n’en avons plus depuis un moment. 

Le jeune homme fait la moue, déçu, et commence à parlementer avec la femme pour la convaincre de nous donner quelque chose. Nous finissons par repartir avec une petite bouteille d’eau et deux boîtes fermées contenant des fruits en sirop. Adrien m’en tend une. Je la tourne et la retourne dans ma main, la trouvant étrangement familière. 

Nous trouvons un endroit où nous asseoir un peu plus loin, au sommet d’une grosse pierre qui devait être autrefois un bout de mur. Il git à présent sur le sol, couvert de mousse.

Adrien pousse un grognement.

— L’abondance de café est la seule chose vraiment bien de la Décapole…, ronchonne-t-il en se laissant tomber à côté de moi. 

J’ouvre la bouche pour protester. Avant de me raviser. Des Anti-Civiques rôdent non loin de nous. Le moment n’est sans doute pas idéal pour faire l’apologie du Système. À la place, j’observe les boîtes emballées avec soin en fronçant encore un peu plus les sourcils. 

— Ces aliments, ils proviennent de la dixième Cité, non ? 

Mon Conjoint me jette un regard de côté. 

— Hum… oui ? 

— Vous les avez volés ? 

Il soupire. 

— À ton avis ? Le Système nous les a gentiment fournis ? 

J’hésite un moment avant de poser ma prochaine question, pas certain d’avoir réellement envie d’en connaître la réponse. J’ouvre la boîte que j’ai en main qui contient des morceaux de pêche et en avale quelques-uns sans réel appétit. 

— Le cambriolage qui a eu lieu dans l'entrepôt où je travaillais… En es-tu le responsable ? 

Adrien boit une longue gorgée de son eau. Il évite mon regard et semble pour une fois un peu moins à l’aise que d’habitude. Agacé, j’attrape son bras pour le secouer. 

— Tu avais promis de ne plus rien me cacher ! je proteste. 

Je gobe un nouveau morceau de fruit sans lâcher mon Conjoint du regard. 

Le jeune homme passe une main dans ses cheveux. 

— Oui, bon, c’était moi,  finit-il par répondre de mauvaise grâce. 

J’en reste muet un moment. 

— Pour ça aussi, tu m’as utilisé, je constate tristement en lâchant le jeune homme. Ai-je obtenu le métier que j’étais supposé avoir ou as-tu piraté le Système sur ce point également ? 

Adrien soupire. 

— Un piratage également… J’avais besoin d’avoir un accès à des ressources alimentaires pour pouvoir organiser des envois pour ici. Mais j’ai fait attention à ne pas t’impliquer ! Je n’ai pas utilisé ton pass d’accès parce que je craignais que cela remonte jusqu’à toi. À la place, j’ai subtilisé celui de ton collègue que tu m’avais présenté lors de la fête de la Cohésion.