24. Manipulation

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Le lendemain, je suis tiré de mon sommeil par la sonnerie agaçante de nos bracelets. Épuisé par notre petite nuit, je cligne plusieurs fois des yeux sans me résoudre à les ouvrir en grand. 

Pour la première fois, Adrien est le premier à s’extirper du lit. Il semble même de fort bonne humeur. 

— Debout, debout, petit Conjoint, chantonne-t-il en tirant la couverture. Le devoir nous attend. 

Je grogne et me tourne sur le ventre. 

— Je suis fatigué..., je marmonne en enfouissant mon visage dans mon oreiller. 

Le jeune homme se penche pour me planter un baiser sonore sur l’épaule. 

— Pauvre petit Max… 

Il pose les lèvres sur mon cou et descend lentement le long de ma colonne vertébrale. Je frémis lorsqu’il arrive à mes fesses sur lesquelles il donne une petite tape. 

Je glapis et me retourne pour lui jeter un regard noir. Il me sourit. 

— Hier soir, chuchote-t-il, les yeux brillants, c’était excitant, non ? Quand nous avons échappé aux Gardiens. 

J’hausse les sourcils. 

— Excitant ? Je n’ai jamais eu aussi peur de toute ma vie ! 

Il roule des yeux. 

— Oh, allez, un peu de danger pimente l’existence, non ? 

Je frissonne. 

— Pas vraiment. 

Et pourtant, curieusement, il n’a pas complètement tort. Hier, alors que nous nous faufilions au milieu des buissons, je me suis senti vivant. Réellement vivant. Et je ne parle même pas de notre séance de câlins approfondis qui me fait soudain rougir. 

Après un dernier bâillement, je jette mes jambes hors du lit et me redresse. 

Nos vêtements de la veille sont couverts de boue et je les emporte pour les balancer dans la machine à laver. Je constate avec une grimace que le sol du couloir et de l’entrée a lui aussi besoin d’un bon nettoyage. Cela me rappelle soudain ce jour où j’en avais trouvée dans l’entrée alors que le temps était sec avant notre arrivée. 

Mal à l’aise, je songe à Adrien. À l’assurance qu’il montrait hier alors que j’étais terrifié. Il savait exactement quoi faire pour ne pas se faire arrêter par les Gardiens de la paix. Comme si… 

Je secoue la tête avant de me laisser entraîner plus loin dans une dangereuse idée. 

— J’ai le droit de boire ton café aujourd'hui ? demande gaiement Adrien en me rejoignant devant la cuisine. 

Il sent bon le savon de la douche et je fais un petit hochement de tête magnanime. 

— Accordé. 

Il me sourit d’un air coquin et mon cœur fait un saut périlleux. 

— Tu es trop bon, petit Conjoint. 

J’observe Adrien du coin de l’œil. J’ai rarement vu le jeune homme d’aussi bonne humeur. J’espère que cela va durer. J’aime le voir ainsi. Il peut être si agréable, quand il le veut ! 

Nous nous rendons au travail main dans la main. Il fait un temps radieux. Notre dispute de la veille me semble dater de plusieurs mois. Adrien m’embrasse langoureusement devant l’entrepôt et s’éloigne en sifflotant. J’entre travailler, le cœur léger. En sortant ce matin-là les boîtes des épis, j’ai soudain la sensation d’avoir presque atteint la vie parfaite dont je rêvais plus jeune. 

Le Conjoint (bxb) [terminée]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant