Préface

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(Petites précisions)

dialogue - pensées - narration

Rappelez-moi, qu'est-ce que je fous là en fait?

Je me souviens... d'expériences, des tas et des tas d'expériences. Pourquoi je me suis portée volontaire pour ces merdes?

Je me souviens d'injections. Je déteste les aiguilles. Pourquoi je les ai laissé me faire ça?

Je me souviens de masques à gaz, mais pas pour m'en protéger, pour m'en faire respirer. Je vois une table d'opération, j'entends des mots, ils parlent d'ADN? Pourquoi je suis là?

...

Ah oui, ça me revient. Je me suis portée volontaire pour "faire avancer la science". Je me souviens que c'est ce que je leur ai dit. C'est sûr que pour eux ça convenait, un petit oisillon sans parents, déclaré mort sur tous les documents officiels de l'état. J'aurais tout aussi pu dire que je voulais crever c'était pareil. Ces types là n'avaient aucune limite, c'est à peine si j'arrivais à respirer. Ils faisaient toujours plus d'expériences, sans s'arrêter. Je me reposais à peine une heure qu'ils recommençaient à tester d'autres choses sur moi.

Je pense qu'au départ je les croyais, quand ils disaient vouloir le bien de l'humanité. Il me répétaient avoir envie de m'offrir ces capacités hors du commun pour que je devienne leur protectrice. Ils parlaient même de moi comme du symbole de la nouvelle ère qu'ils voulaient créer. Se rendaient-ils compte de ce qu'ils faisaient ? Je ne l'ai compris que plus tard, mais je ne pouvais plus rien y faire.

Au début, les tests échouaient tout le temps et aucun changement ne s'opérait en moi. Aucun des virus ou des maladies mortelles auxquels ils m'exposaient à petite dose n'avait de réaction. À chacune de leur nouvelle expérience, toute trace chimique de leurs produits disparaissait au bout de moins de 24 heures. Peut-être est-ce parce qu'ils se sont dit que je ne criais pas assez fort lors des tests qu'ils ont ensuite décidé de passer à l'étape supérieure.

Je ne me rendais pas compte d'à quel point ils étaient tarés. Si je l'avais su, peut-être que je ne serais jamais entrée dans ce laboratoire. Peut-être, je ne peux être sûre de rien. Je me souviens à peine de mon état d'esprit quand j'ai appris pour cette entreprise.

Parfois, je faisais des allergies. J'avais des réaction se soldant par des évanouissement fréquents, et de grosses crises d'urticaire. Je n'en pouvais plus, je voulais que tout s'arrête, mais j'étais piégée. C'est à ce moment là que je m'en suis réellement rendue compte. Ils refusaient catégoriquement de me laisser partir, mais acceptèrent de "mettre en pause" les expériences.

Ce qui en réalité voulait dire: "On s'occupe d'autres sujets qui n'ont encore rien capté et pendant ce temps là tu seras transférée dans un autre endroit ; on reviendra assez souvent pour faire d'autres tests, pour que tu ne rêves pas trop de liberté et vérifier par la même occasion que tu es toujours sous médicaments. Tu vas nous remercier car tu penseras que ton état est mieux que ton ancien confinement dans lequel tu moisissais avant, et tu ne diras rien."

Cela m'a fait bien marrer au départ de les voir débarquer avec des mallettes contenant des araignées en bocaux. Je me souviens même avoir pensé "Ils se sont crus dans Spiderman ou quoi?". Pour ceux qui ne savent pas c'est le super-héros qui parcourt la ville en collants rouge et bleu en tirant des toiles, qui sortent de ses poignets, comme les araignées pour se déplacer. Ce mec a dû se faire piquer par une araignée trafiquée génétiquement pour obtenir ses pouvoirs.

Oui bon, ok, j'avoue tout, je suis fan des Marvel depuis leur première sortie, donc c'est un classique pour moi et c'est pour ça que j'y ai pensé tout de suite en voyant ces araignées, mais passons... J'étais vraiment loin de me douter qu'ils allaient réellement le faire.

Cette fois-ci, je sentais quelques changements s'opérer en moi. Ce n'était pas de grandes choses, j'avais juste moins faim et n'avais pas besoin d'autant de sommeil qu'avant pour être en pleine forme. J'avais parfois des sautes d'humeurs et des hallucinations, mais ça c'était dû aux nombreux médicaments qu'ils me faisaient avaler tous les jours.

Pourtant, un ressentiment restait au fond de moi et me démangeait parfois. Je sentais que quelque chose n'allait pas dans ce qu'ils me racontaient. Pourquoi j'étais droguée en permanence ? C'était comme un genre de rêve éveillé, je sentais mes membres uniquement quand ils avaient besoin de voir à quel point mes capacités augmentaient, puis ils remettaient immédiatement le précédent dosage de médicaments pour me faire perdre conscience de ce qui m'entourait. Peut-être savaient-ils que je me doutais de quelque chose ?

J'avais développé les mêmes pouvoirs que Spiderman, mais j'entendais en permanence des phrases incompréhensibles sortir de la bouche des chercheurs, où les seuls mots dont je me souviens étaient "capacités finales" et "objectif".

C'est de nul part que la catastrophe arriva. Leur téléporteur dimensionnel, que je suspectais de ne pas fonctionner depuis un moment déjà, avait une défaillance et risquait de provoquer une géante onde de choc détruisant tout sur des centaines de kilomètres à la ronde. Le personnel qui avait été averti avait déserté les lieux.

Bien évidemment, c'est à moi qu'on ordonna de colmater le téléporteur, avec pour seule arme mes toiles que je venais fraîchement d'acquérir. Tout le monde était parti, il ne restait plus que moi, j'étais le dernier espoir, leur dernier espoir. J'y avais vraiment cru? Je voulais les sauver ou en finir avec ces expériences sur moi? Je ne me souviens pas.

Je me souviens pourtant avoir couru vers la machine, et lancé mes toiles sans m'arrêter. Pourquoi était-elle si grande? Pourquoi ne l'étais-je pas assez? J'étais en train de passer à travers l'unique endroit que je n'avais pas encore colmaté quand je décida de donner tout ce qu'il me restait pour la casser plutôt que la condamner temporairement. Je me souviens avoir concentré une force dont je ne me soupçonnais même pas l'existence dans coup de pied qui brisa le portail en plusieurs morceaux.

La bonne nouvelle, c'est qu'il n'y avait plus de brèche. La mauvaise? La sortie du portail était juste à quelques centaines de mètres du sol. Rien de bien méchant, sauf que j'avais utilisé toutes mes forces pour casser le portail, et que je n'en aurais pas assez pour me rattraper avec une de mes toiles, tout ça sans la lâcher à cause de la pression. Et être toujours à moitié droguée ne m'aidait en rien dans ma situation actuelle.

Je me souviens maintenant, c'est pour ça que je suis là.

Peter Parker x ReaderOù les histoires vivent. Découvrez maintenant