86. A cause de moi

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Le bruit de cailloux qui ricochent sur le sol se fait entendre à intervalles réguliers, brisant légèrement le silence de mort présent dans le hall. Mes poils de hérissent, ma tête me lance, mon ventre me donne une vague impression de ne pas avoir correctement digéré mon dernier repas, et je sens des sueurs froides me parcourir rapidement le dos. Mes yeux restent fixés sur le corps au centre de la salle alors que cette intuition de danger augmente dans toutes les parties de mon corps.

Encore une fois, comme une prémonition, je sens ma tête tourner à mille à l'heure pendant l'espace d'une seconde, et je comprends enfin. Mes pieds avancent d'eux même, lentement, puis j'accélère, et sans même m'en rendre compte, son nom sort de ma bouche aussi fort que je le peux. Un bruit retentit au dessus de ma tête, mais il est trop tard pour que je puisse y faire quoi que ce soit; une deuxième poutre de métal se décroche du plafond.

Un hurlement sort du plus profond de mes entrailles alors que je la regarde s'écraser au sol, transperçant cette fois-ci le ventre de Tony en un choc qui secoue la salle.

Je m'arrête. Ma respiration se coupe. Je m'effondre au sol devant lui. Je suis encore une fois arrivé trop tard pour le sauver. 

J'entends des bruits de pas dans mon dos, avant de la voir s'agenouiller à mes côtés dans la précipitation. Je vois ses mains tremblantes survoler rapidement le torse de M. Stark, tout en évitant les endroits où son armure était brisée.

Elle se penche en avant et pose son oreille devant son masque de métal, puis se redresse lentement en couvrant sa bouche de ses deux mains. Des légers murmures parviennent jusqu'à mes oreilles, mélangés à des sanglots étouffés. Je sens mon coeur se briser quand je les comprends enfin.

(t/p): C'est pas possible. C'est pas possible. Ça n'aurait pas dû arriver. C'est pas comme ça que cela devait se passer. C'est pas possible. Tout est de ma faute. Tout est encore de ma faute.

Je la regarde, impuissant, alors qu'elle cède totalement à la panique. Mon corps est comme paralysé. Je ne sais pas quoi faire, quoi penser. Je me contente de fixer le vide devant moi, espérant toujours un moindre mouvement de l'armure qui m'indiquerait qu'il est encore en vie.

Je sens mes larmes couler contre mes joues. Ma gorge me brûle. Ma bouche est sèche. Je tente d'articuler un mot, sans vraiment grand succès. Il me faut au moins une bonne trentaine de secondes avant de pouvoir le prononcer correctement.

- KAREN.

KAREN: Oui Peter ?

Je fais un effort surhumain pour ne pas bégayer, connaissant pourtant déjà la réponse à la question que je m'apprête à lui poser.

- Est-ce qu'il est en vie ?

KAREN: Je ne détecte aucun signe de vie en provenance de son armure ; les capteurs sensoriels semblent avoir été sectionnés lors de l'explosion. Il m'est donc impossible de rendre compte de l'état actuel de son corps.

- Tu me l'as déjà dit ça. Ce n'est pas ce que je veux savoir. Je te demande s'il est toujours en vie.

KAREN: Je ne parviens pas à recevoir de données de la part de son armure. Je vous conseille de vérifier s'il respire toujours afin de déterminer les soins les plus appropriés à lui prodiguer sur le-

- IL RESPIRE PLUS BORDEL ! Il... Ça doit faire trop longtemps. On pourra pas... On peut pas... C'est trop tard.

Je couvre mon visage de mes mains. Mes lèvres se remettent à trembler de manière incontrôlable. Je ferme les yeux en serrant les dents pour retenir mes sanglots, mais cela ne me fait pas moins mal pour autant. Mon coeur hurle de douleur.

Je sens une main se poser sur mon épaule, et fais de même sans vraiment y réfléchir, avant de me retrouver dans ses bras pendant de longues secondes qui parviennent à me faire regagner un semblant de respiration.

J'arrive enfin à prononcer les mots qui me pèsent tant sur le coeur.

- Ce n'est pas vrai, ce que tu as dit. C'est pas de ta faute. Tu n'étais pas là. Ce n'était pas à toi de le sauver.

J'ai l'impression que mes paroles ont l'effet inverse de ce que j'aurais voulu puisqu'elle se met à sangloter de plus belle contre mon épaule.

(t/p): J'aurais dû t'écouter. Ce jour-là, tu m'avais dit de ne pas y aller, et à cause de moi... Vous êtes venus pour me chercher et au final...

Je fais ce que je peux pour dissimuler ma voix tremblante tout en tentant de la rassurer.

- Ce n'est pas ta faute. J'aurais dû venir te chercher seul. Il devait nous attendre dehors dès qu'il aurait réussi à me faire entrer sans me faire répérer, mais j'ai été distrait et j'ai... j'ai tout fait foirer. C'est à cause de moi s'il est... si maintenant il...

Je sens un goût amer me monter soudainement à la bouche. Je ne parviens pas à finir ma phrase. Sa main resserre son emprise sur moi. Je prends une grande inspiration pour me donner du courage.

- Il faut... Il faut qu'on l'emmène avec nous. On doit le ramener. Il mérite... une sépulture.

???: Pourquoi vous voulez enterrer mon armure ??

Je tourne la tête à une vitesse telle que je n'évite que d'un rien le torticolis, alors que je sens une lueur d'espoir jaillir en moi. Il ne me faut pas moins d'une seconde pour être debout, courant déjà vers lui en de grandes enjambées pour lui sauter dessus dès que je suis à sa hauteur.

Tony: Wow, j'ai raté un épisode ? Qu'est-ce que vous avez fait comme bêtises les jeunes ?

Je lui réponds aussitôt.

- On a cru... On a vraiment cru que vous étiez mort ! Il y a eu un grand bruit et vous étiez toujours là alors j'ai pensé que c'était vous, et vous vous êtes fait transpercé plusieurs fois, et il y avait du sang partout, et KAREN ne savait pas si vous étiez toujours vivant, et-

Tony: Mon armure était trop endommagée, alors j'en ai fait venir une autre pour continuer ma chasse aux soldats. Il fallait que je vous fasse gagner plus de temps, puisque tu as été attaqué par un drône.

- Ouais... Vous avez vu ça aussi, haha. Désolé je ferais plus attention la prochaine fois.

Un bruit retentit derrière moi. Je me retourne pour en déterminer sa provenance. Mon coeur s'arrête. Je sens mes yeux se remettre à me piquer. Ma respiration se coupe. C'est (t/p). Elle est s'est effondrée au sol.

- Oh mon dieu !

J'essaie de me dégager de M. Stark qui me retient par le bras.

Tony: Reste-là. Elle est juste fatiguée après tout ce qui lui est arrivé. Avec cet ascenceur émotionnel, ce n'est pas étonnant qu'elle doive recharger ses batteries au bout d'un moment.

Oui, je dois reprendre mon calme. M. Stark va bien, et elle aussi.

Je prends une grande inspiration en marchant calmement vers elle, avant de m'accroupir pour la prendre dans mes bras et la porter jusqu'au camion.

En effet, c'était un sacré ascenceur émotionnel.

Peter Parker x ReaderOù les histoires vivent. Découvrez maintenant