69. Explication rationnelle

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Je jette un coup d'oeil discret à côté de moi pour observer Peter s'affairer sur sa feuille, puis détourne le regard en retenant un sourire après avoir vu son visage concentré. Il semble le remarquer puisqu'il relève la tête avec un regard interrogatif. Je fais comme si de rien n'était. Il reporte son attention sur la feuille.

En fait, je ne sais même pas pourquoi il s'implique autant. Ça ne va pas lui apporter des points supplémentaires, il perd juste du temps.

Bon, déjà qu'au départ ça s'annonçait long de rattraper tous les devoirs et leçons que j'ai raté pendant mon absence, ma prof principale m'a avertit qu'elle comptait aussi me faire rattraper toutes les évaluations en une seule journée. Mais au moins, elle a eu la grande amabilité de me laisser une semaine pour tout assimiler, tout en suivant les cours évidemment, sinon c'est pas drôle.

Le point positif, c'est que je connaissais déjà tout, puisque comme je l'avais déjà dit j'ai de l'avance sur les élèves du lycée. Mais quand je l'ai dit à Peter, il m'a tout de suite proposé de m'aider, et maintenant le voici en train de me créer des exercices pour vérifier que je comprends la méthode à suivre. Il est un peu devenu comme un prof particulier.

Je ne sais pas non plus pourquoi je fais ça. Est-ce que c'est parce que j'aime bien le voir tout m'expliquer ? Est-ce que je trouve ça drôle de le regarder se concentrer ? Ou alors c'est parce qu'il prend de son temps exprès pour m'aider ?

Peter: Tu m'écoutes ?

Je sors de mes pensées et croise son regard.

- Désolée j'étais dans les nuages. Qu'est-ce qu'il y a ?

Peter: Vas-y, tu peux essayer.

Il fait glisser la feuille devant moi et me tend son stylo que je regarde sans un mot pendant quelques secondes. Il se penche vers moi et secoue doucement sa main devant mes yeux pour me faire sortir de mes pensées. Je le regarde rapidement et me concentre sur ma feuille, mais n'arrive pas à réfléchir correctement en sentant non seulement son regard sur moi mais aussi sa respiration effleurer ma peau.

- Euhm, Peter ?

Peter: Oui ?

- Tu peux, euh... reculer un peu ?

Il faut une demi seconde pour que son cerveau assimile l'information avant qu'il se redresse sur sa chaise.

Peter: Hein ? Euh, ah oui en effet pardon j'avais pas remarqué que j'étais aussi près, enfin si j'avais remarqué mais je n'ai pas pensé que c'était-

- Peter ?

Peter: Ah, oui je me tais maintenant.

- Merci

Je me reconcentre sur ma feuille et commence à écrire les calculs. Je soupire intérieurment en le voyant se pencher lentement vers ma feuille une nouvelle fois. Je jette un regard vers lui. Il s'en rend compte et recule, avant de recommencer doucement à se pencher en avant.

Peter: Euh non c'est faux là.

Il pose son doigt sur mon calcul en se penchant à nouveau vers moi. Je tente de ne pas tourner le regard vers lui, mais chacune de ses respirations entre en contact avec la peau de mon cou.

Peter: Tu dois respecter la méthode de calcul sinon tu perdras des points.

Je hoche la tête en espérant qu'il se remette droit sur sa chaise, mais il continue. Je sens une énième respiration dans mon cou me faire perdre le peu de patience qui me restait. Je me tourne brusquement vers lui et reste immobile à le regarder alors que nos visages sont plus proche que jamais. Nos souffles s'entrechoquent quelques secondes avant qu'il ne se réveille et sursaute.

Peter: Ah, Pardon ! Je te laisse travailler maintenant.

Encore cette sensation...

Je pose ma main sur ma bouche en me retournant vers ma feuille et fais semblant de me concentrer sur les calculs.

Pourtant on ne s'est même pas touchés. C'est étrange que mon corps réagisse comme ça. Je me sens... bizarre. Je ne saurais pas dire si c'est une sensation agréable ou dérangeante. Dans tous les cas, il faut que je me concentre. Si je me laisse encore agir, ça va de nouveau mal finir entre nous.

Je réussis à reprendre mon raisonnement où je l'avais laissé et à me replonger dans la réflexion, ne remarquant donc pas les légers bruits de respiration devant la porte entre ouverte de la chambre.

PDV: May

Je n'ai pas rêvé, ils ont bien faillit s'embrasser ?

Je fais un pas en arrière sur la pointe des pieds en tentant de rester le plus silencieuse possible. Ils n'ont pas l'air de remarquer ma présence. Je retourne dans la pièce de vie et commence à éplucher les légumes pour préparer le repas du soir.

Ça ne m'étonne pas tellement, je n'arrive même pas à savoir depuis combien de temps ils se tournent autour, tous les deux. Je me demande juste quand Peter va enfin pouvoir prendre son courage à deux mains, comme je lui ai conseillé, et lui dire ce qu'il ressent. Cet adolescent est vraiment difficile à convaincre. J'ai beau lui avoir assuré que ses sentiments sont réciproques, il persiste à nier l'évidence.

Je me demande comment il fait pour ne pas s'en rendre compte tout en se retouvant dans des situations toutes plus saugrenues les unes que les autres. Bien que je n'aie rien dit d'extravagant il y a quelques jours, quand je les ai retrouvés ensemble dans la chambre alors qu'il n'avait pas de haut, cela ne veut pas dire que cette situation était ordinaire. Elle avait le visage rouge comme une tomate, tout comme lui. Dans ce contexte-ci, d'autres personnes auraient pu croire qu'il s'était passé quelque chose d'une autre nature entre eux dans cette petite pièce. Si je ne le connaissais pas autant, j'aurais même pu m'y tromper. Je ne peux cacher que l'idée a rapidement parcouru mon esprit avant de chercher une explication rationnelle.

Enfin, si cela continue dans cette lancée, peut-être que les actions pourront parler d'elles-même. Je ne peux pas lui en vouloir, après tout, j'ai eu son âge un jour. Je n'ai juste pas envie d'être présente quand ils feront leurs petites folies. Déjà que leurs paroles peuvent parfois être mal interprétées si l'on n'a pas le contexte qui les accompagne, je ne veux pas vraiment savoir tout ce qui se passe d'autre sous ce toit qui pourrait me rendre mal à l'aise.

Je termine finalement la découpe des carottes et les dépose dans un saladier à côté des concombres, puis me passe les mains sous l'eau et commence à mettre la table.

- Peter, (T/p), on va manger !

Peter: D'accord May, on arrive !

En tout cas, il n'est pas à l'ordre du jour de remettre en cause le fait que cette jeune fille ait rajouté de la vie à cet appartement, tout comme au coeur de Peter.

Peter Parker x ReaderOù les histoires vivent. Découvrez maintenant