85. Une éternité

95 10 7
                                    

Des vibrations se font ressentir sous mes pieds à chacun de mes pas. Je cligne plusieurs fois des yeux, avale ma salive et accélère la cadence, ignorant l'acouphène de plus en plus strident qui résonne dans mes oreilles depuis maintenant une bonne dizaine de minutes. Je continue mon chemin dans le laboratoire en tentant d'y faire abstraction, suivant pas à pas le trajet indiqué par KAREN.

J'aurais déjà dû être arrivé.

Mon coeur se resserre petit à petit.

Je ne veux pas qu'il lui arrive quelque chose à cause de moi. Si je ne m'étais pas évanoui, et que je n'avais pas décidé d'aider Suzanne, je serais déjà arrivé jusqu'à elle depuis bien longtemps.

J'essaie de tenir le rythme de ma course sans fin alors qu'un sentiment amer me prend par la gorge.

Si je n'avais pas perdu autant de temps, peut-être que j'aurais pu sauver M. Stark, j'aurais pu être là ! Il ne serait pas en train d'agoniser dans le hall, à découvert, là où n'importe qui pourrait s'en prendre à lui, à attendre que je revienne avec (t/p).

Il est peut-être même déjà mort.

...

Non, c'est Tony Stark, il ne peut pas mourir. C'est un inventeur de génie, ce n'est pas possible que son armure soit brisée aussi facilement. Il a certainement... peut-être... juste...

Je ralentis ma course jusqu'à me retrouver à l'arrêt. Mes poings se serrent alors que je baisse doucement la tête pour les regarder, sentant déjà mes yeux me piquer à nouveau.

C'est Tony Stark. Il ne peut pas... Il est...

Je serre ma machoire et me laisse tomber contre un mur. Mes mains se posent sur mon front par automatisme alors que je tente de m'empêcher de pleurer.

C'est mon idole, il ne peut pas mourir comme ça, pas... pas à cause de moi.

Je sens mes lèvres se mettre à trembler contre le tissu de mon masque. Je respire en de grandes inspirations, sentant l'impression de manquer d'air monter petit à petit en moi. Je parviens à entendre quelques sons, mais je n'arrive pas à les distinguer. Je ne saurais dire s'ils sont causés par moi ou par quelque chose d'autre. J'ai l'impression de reconnaître l'intonnation de voix de KAREN, mais aucun mot ne se forme entièrement dans mon esprit.

Ma tête commence soudainement à tourner. Une alarme encore plus stridente que celle qui avait été émise par le drône retentit d'un haut-parleur juste au-dessus de moi. Je pousse un cri sous la douleur et déplace mes mains vers mes oreilles, qui avaient choisi ce moment précis pour se remettre à fonctionner.

Il faut que j'aille la chercher.

Des tâches noires recouvrent lentement ma vision, mais je refuse cependant de laisser tomber une nouvelle fois. Je m'accroche de toutes mes forces au mur pour tenter de me relever, sentant pourtant mes jambes se dérober sous mes pieds, et exposant davantage mes oreilles à ce son horrible. Les quelques pas que je parviens à faire se font des plus lourds alors que je serre les dents pour tenter de rester éveillé.

Non, il ne faut pas que je perde plus de temps.

Je me sens m'effondrer alors que le monde autour de moi tourne à mille à l'heure. Je fais tout ce que je peux pour garder les yeux ouverts, bien que le noir a totalement envahi ma vision et que je ne peux donc pas savoir s'ils le sont vraiment. Je tente de rester conscient, mais je sens que je n'arrive plus à bouger mes membres, et que mon esprit sombre peu à peu dans les ténèbres.

Bon sang, c'est quoi ce truc ?

Ma vue réapparaît après ce qui me semble une éternité, mais je ne suis plus dans le laboratoire. Je regarde autour de moi. Le blanc s'étend à perte de vue. Tout est enfin à nouveau silencieux.

Peter Parker x ReaderOù les histoires vivent. Découvrez maintenant