56. Si seulement tu...

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Un bip sonore retentit à nouveau dans la petite salle, et la porte s'ouvre en un bruit de crissement métallique. Je tourne la tête faiblement vers sa provenance. Mon crâne tourne à mille à l'heure, ma respiration est saccadée, j'ai l'impression de sentir les pulsations de mon coeur jusque dans mes bras. Je suis incapable de bouger. Mon corps tout entier est comme paralysé.

002: Ah, qu'elle joie de te voir ici aujourd'hui encore. Tu as dormi?

Il rigole d'un air hautain en se rapprochant de moi et saisit mon bras. J'écarquille les yeux en voyant qu'il a pris une couleur bleue violacée au niveau de mon poignet d'où sortent habituellement mes toiles. Il insère une aiguille à l'intérieur et injecte une énième substance étrangère qui me vaut une grimace de douleur.

002: J'en conclus à la largeur de tes cernes que tu n'as pas fermé l'oeil de la nuit. Tant mieux, ça signifie que l'adrénaline que je t'ai administré il y a exactement...

Il jette un coup d'oeil à sa montre en plissant les yeux.

002: 12 heures, fait toujours son effet. Bon, c'est vrai que les effets secondaires ne sont pas terribles, mais au moins ton organisme est forcé de rester actif sans interruption, ce qui, remercie-moi, te permet de rester en vie.

On se demande la faute à qui si je risque de crever en premier lieu.

Je tente vainement de bouger une nouvelle fois la tête alors qu'il inspecte attentivement les autres parties de mon corps. Mon visage se crispe encore alors qu'il saisit ma cheville. Je sens ma jambe entière se faire parcourir d'une douleur intense. Je tente de regarder dans sa direction mais ma tête tourne tellement que j'abandonne cette idée. Il semble le remarquer, car il ne se passe pas une demi seconde qu'un ricanement glauque sort du plus profond de ses entrailles, me faisant trembler jusque dans la colonne vertébrale.

002: Je pense que je t'en ai injecté un peu trop. Tu me rappelleras la prochaine fois qu'il faut que je baisse la dose.

Il pouffe une nouvelle fois. Il sait très bien qu'il augmente les doses encore et encore, et que l'idée même de mettre la pareille quantité d'un même liquide deux fois de suite serait un miracle, alors qu'il la baisse est complètement inimaginable.

Je risque de finir la jambe ou le bras amputé si ça continue, ou même les deux, tiens. Il ne s'arrêtera jamais, je le sens. Il continuera ce cercle sans fin jusqu'à ce que je meure et qu'il lui faille prendre une nouvelle personne pour expérimenter. Alors là il le regrettera peut-être, qui sait ? Ils ont certainement dû bien avancer avec toutes les innovations que je leur ai permises. Ils doivent bien comprendre comment cela fonctionne maintenant. J'espère seulement que cela s'avère être la même chose que pour Captain America lorsqu'il a été transformé en super soldat: que je sois leur seul et unique sujet et qu'il ne puisse jamais retrouver la « recette » qu'ils ont utilisé pour me créer. Je serai ainsi la dernière à souffrir.

Mais malheureusement, je suis loin d'avoir été la seule. Il y a bien eu un nombre incalculable de personnes à mourir à côté de moi lors de ces expériences interminables, bien avant que je n'entre dans le monde de Spiderman. Tout cela parce qu'ils n'ont jamais trouvé la raison pour laquelle ça fonctionnait sur moi, et non avec tous les autres. C'est pour ça qu'ils ne s'arrêtent jamais d'expérimenter sur moi, pour trouver la faille dans leur sérum, qui, une fois comblée, leur permettrait de créer à l'infini des hommes-araignées comme Peter et moi, et d'ainsi façonner leur "nouvelle ère" qui ne repose que sur l'hypothèse de la bonté des nouveaux hybrides homme-araignée, qui n'abuseraient, supposément, en aucun cas de leurs pouvoirs envers autrui, et ne détruiront, hypothétiquement, jamais le système en place avec leur force. C'est idiot de penser ça quand on y pense, et surtout vraiment naïf...

002: Bon, j'en ai fini avec toi pour aujourd'hui. Tu ne devrais pas réussir à t'endormir avant, disons... 20 heures de plus avec ce que je t'ai donné. Et n'oublie pas, reste en vie, tu sais que nous comptons sur toi.

Il quitte la salle après de longues secondes qui me paraissent interminables, et je soupire lentement de soulagement alors que la porte se referme derrière lui.

Hahah... Qu'est-ce que je ne ferais pas pour sombrer ne serait-ce que pendant quelques secondes dans le sommeil. Je crois que je deviens folle.

Si seulement tu étais vraiment là, si seulement tu me voyais pour de vrai, si seulement tu entendais mes nombreux appels à l'aide, si seulement je pouvais à nouveau entendre le son de ta voix. Te voir et te parler dans mes rêves n'était déjà pas assez pour me faire oublier toutes ces horreurs, si je ne peux plus te voir, alors je ne sais pas ce que je vais devenir. Je t'en supplie, viens me trouver, je sais que je ne pourrai pas le faire par moi-même cette fois.

...

Une douleur déchirante me prend soudainement au coeur, j'ai l'impression qu'il rate plusieurs battements. Je pose immédiatement ma main sur mon torse et serre mon t-shirt aussi fort que je le peux. J'adresse un regard paniqué à Mr. Stark qui semble le remarquer aussitôt, puisqu'il se stoppe dans ce qu'il était en train de nous expliquer sur la mission et se rapproche de moi d'un pas rapide. Je sens sa main se poser sur mon épaule, j'entends sa voix raisonner dans mon crâne, mais je ne comprends pas ce qu'il me dit. Mes jambes lâchent d'un coup et il peine à me garder debout. Je sens d'autres bras me saisir. J'entends des bruits sourds et indistincts autour de moi, puis plus rien. Je perds connaissance.

Des mots retentissent à nouveau dans mes oreilles après de longues secondes, mais cette fois-ci, je ne reconnais pas l'homme qui parle, et je ne comprends toujours rien de ce qu'il me dit. Je tente de me lever, mais n'arrive pas à bouger ne serait-ce que le petit doigt.

Qu'est-ce qui m'arrive ? Pourquoi ai-je aussi mal ?

Mes yeux semblent bouger d'eux-mêmes, je ne contrôle rien. Je porte mon attention sur ce qui se trouve devant moi: un plafond, puis des murs, tous entièrement blancs. Je me trouve dans une salle d'une blancheur immaculée. La voix se fait plus distincte. Mon regard se porte de lui-même vers lui, et je peux enfin appercevoir son visage.

C'est étrange... Je ne l'ai jamais vu, mais alors pourquoi ai-je cette impression de chair de poule qui m'indique le contraire?

Il pointe quelque chose avec son doigt et mes yeux le suivent. Mon esprit s'arrête de réfléchir pendant de longues secondes en comprenant enfin ce qu'il se passe.

Mon dieu, c'est elle.

Tout redevient flou, laissant disparaître de ma vue ce qui ressemble à de nombreuses ecchymoses ainsi que des veines violacées très visibles sur l'ensemble de ses jambes.

J'ouvre les yeux et me redresse en un sursaut. Je suis toujours allongé sur le sol. Je regarde autour de moi totalement paniqué, et remercie silencieusement le ciel en croisant le regard de Mr. Stark à côté de moi. J'attrape immédiatement sa manche et m'y agrippe fermement.

- Il faut absolument aller la chercher, maintenant, elle est en danger de mort, et elle va vraiment mourir si on ne fait rien.

Peter Parker x ReaderOù les histoires vivent. Découvrez maintenant