65. Sa vraie nature

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Je ne pensais pas que ça allait se passer comme ça. Je ne pouvais pas le deviner. Si je l'avais su à l'avance, ou que j'avais remarqué qu'elle nous écoutait, je n'aurais pas dit quelque chose d'aussi stupide. Tout ça parce que tante May m'a posé des question qui m'ont pris au dépourvu et que je me suis mis à tout nier en bloc sous la gêne. Nan mais sérieusement, comment j'étais sensé réagir quand elle a commencé à me dire des choses du genre: "Il y a l'air d'y avoir une bonne alchimie entre vous, je me trompe?", "Je ne suis pas née de la dernière pluie, je sais remarquer ce genre de choses, Peter." ou encore "Je vois bien comment tu la regardes, c'est évident que ce n'est pas que de l'amitié. Tu devrais tenter ta chance, on ne vit qu'une seule fois." ?

J'aurais dû lui dire la vérité ? J'étais sensé lui dire qu'on s'est embrassés, plusieurs fois, à cause d'un lien entre nous deux qui nous a forcé à nous rapprocher puis à nous éloigner encore et encore, parce qu'on ne sait ni le contrôler, ni à quoi il sert en premier lieu ? Et que si en général je la regarde comme un bout de viande, tout comme elle d'ailleurs, c'est justement parce qu'on se retient de faire des choses auxquelles on ne devrait même pas songer en premier lieu, mais qu'on sait tous les deux au fond de nous ? Et comment aurait-elle réagit si je m'étais contenté de ne pas lui répondre ? Elle l'aurait mal prit ? Ou alors aurait-elle encore plus pensé avoir raison sur nous deux ? Mais le pire, ça aurait définitivement été de céder et d'acquiescer à toutes ses paroles. Elle aurait encore pu tenter de jouer les entremetteuses, ou même nous lancer des regards qui veulent dire "je sais ce qu'il se passe ici".

Bon, c'est sûr que j'y suis allé un peu fort. J'ai paniqué et j'ai sorti les premières idioties qui me sont passées par la tête. Mais de là à penser qu'elle nous entendrait... Je suis trop con parfois, vraiment. Je me désespère. Qu'est-ce qu'il m'a prit en plus ? D'habitude je ne mens pas à tante May comme ça. Je sais que ça aurait été dérangeant qu'elle s'en mêle, mais je n'ai jamais réagit comme ça, qui plus est je lui ai quasiment hurlé dessus pour quelques mots de sa part. Qu'est-ce qu'il m'arrive en ce moment ? Il faut que je me calme. Faudrait vraiment que j'aille me faire soigner.

En parlant de se faire soigner, c'est demain qu'on va voir M. Stark, parce qu'Happy a dit qu'ils étaient occupés aujourd'hui. Apparemment ils n'auraient normalement pas pu se libérer avant la fin de la semaine, un truc avec les Avengers... Mais quand on lui a dit ce qu'il s'est passé hier, ou plutôt ce qu'il ne se passe plus, il nous a fait comprendre qu'il allait exceptionnellement changer son emploi du temps rien que pour nous. Happy devrait donc venir nous chercher dans la journée pour nous déposer au QG. Il nous a tout de même prévenu que ça risquerait d'être animé puisqu'ils seront sur le point de partir en mission quand on arrivera.

Par contre, même si aucun de nous deux n'a l'air d'encore ressentir cette attirance, les souvenirs de cette sensations restent cependant gravés dans ma mémoire. Je me rappellerais toujours de ce que j'ai ressenti quand je l'ai enfin retrouvée dans cette petite pièce. Les images de ce moment resteront toujours aussi vifs que s'ils venaient de se dérouler sous mes yeux. C'est à ce moment là que j'ai enfin compris l'envergure de ce lien entre nous. Ce n'était pas que de l'attirance, c'était plus aussi comme un devoir de protection envers elle. Et je ne m'en étais pas rendu compte auparavant puisque que cette émotion n'aura jamais été aussi forte que quand je l'ai retrouvée.

Cette rage qui m'a envahie lorsque je l'ai vue dénudée sur cette table d'opération, avec des bleus qui recouvraient son corps autant que de points noirs qui témoignaient des seringues qui avaient été insérées sous sa peau pour lui administrer toutes sortes de substances toxiques, voire mortelles.

A ce moment j'ai cru que j'allais réduire ce foutu laboratoire en cendres sur le champ. Ils l'y avaient laissé comme un animal mort chez le vétérinaire. L'envie ne me manquait pas de les exterminer, mais j'ai compris au fond de moi que sa sécurité immédiate importait plus que de lui procurer une vengeance à laquelle elle ne pourrait peut-être même pas assister s'il lui arrivait de mourir des suites de ses blessures. Je pensais que cela allait lui permettre de se rétablir.

Franchement, si je n'avais pas prit avec moi ce foutu rapport sur elle, on n'en serait pas là. Pourquoi veut-elle y retourner ? Après tout ce qu'ils lui ont fait, après tout ce qu'elle a subit. On a peut-être l'air de ne plus être liés, mais l'amertume n'en part pas pour autant. Elle reste une personne importante à mes yeux et je n'ai pas envie qu'elle s'y fasse encore enfermer ou qu'ils l'analysent comme un cobaye aussitôt qu'elle se pointera à l'intérieur pour obtenir des réponses. Elle a l'air d'en savoir à peine plus que moi sur sa propre existence, je n'imagine même pas toutes les modifications qui ont été faites dans son cerveau depuis des années.

Par dessus tout ça, j'ai compris quelque chose. Cette sensation que je prenais pour un si lourd fardeau, autant pour (t/p) que pour moi, semble bien plus complexe que ce à quoi on pensait. Et ce n'est que maintenant que je ne la ressens plus que je semble comprendre son envergure, l'impact qu'elle a eu sur nos comportements comme sur nos corps, et que je comprends que son effet me manque...

Peter Parker x ReaderOù les histoires vivent. Découvrez maintenant