66. Une seule et unique porte

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Un bruit sourd arrive jusqu'à mes oreilles. Le vent s'engouffre dans la petite rue pour passer dans nos cheveux et caresser notre peau. Une limousine noire fait enfin son entrée et ralentit pour s'arrêter devant nous. La fenêtre du conducteur s'ouvre lentement pour nous laisser entrevoir le visage d'Happy avec des lunettes de soleil. Je me retiens de pouffer et dissimule mon sourire sous l'une de mes mains.

Il est dans une voiture aux vitres teintées, il en a vraiment besoin ? Bon, en même temps, je comprends que son envie de faire un peu classe prime sur le côté pratique. S'il veut se revoir dans sa jeunesse, je peux bien lui accorder ça.

Happy: Montez, les jeunes.

Mes joues se gonflent soudainement alors que je tente à nouveau de m'empêcher de rire aux éclats. Je remarque un sourire gêné dans le coin des lèvres de Peter qui tente aussi tant bien que mal de se contenir. Il est le premier à se précipiter pour ouvrir la portière et me fait signe de rentrer avant lui. Je m'éxécute puis il m'emboîte le pas.

Quand on y pense, c'est bizarre qu'il n'y ait que les deux sièges qui font face au sens de la route qui ont des ceintures dans les limousines... À chaque fois, on est obligés de presque se coller l'un à l'autre pour s'asseoir sur les sièges qui comportent des ceintures. C'est toujours gênant, mais ça l'était bien plus quand on était liés et que l'on se retenait de se sauter dessus.

Maintenant que j'en parle, lui aussi devait se sentir comme un obsédé, vu que de mon côté, je croyais que Tony lui avait réglé le problème, et Peter, lui, pensait que je ne l'avais jamais ressenti. C'était dur... On était amis, mais on faisait tout pour se mettre une distance l'un envers l'autre. Peut-être que ce n'est pas si mal, désormais. Peut-être même qu'on pourra enfin établir une relation de confiance, après tout ce temps. S'il n'est pas déjà trop tard pour cela, bien évidemment.

Voyant que l'on ne s'adresse pas la parole, Happy tente de faire la conversation.

Happy: Alors (t/p), ça va depuis que tu es revenue ?

- Oui, ça va.

Happy: Tu as réussi à rattraper tous tes cours ?

- Oui, Peter m'a tout donné.

Happy: Bien...

Il ne dit mot en ne trouvant plus rien à dire malgré son envie d'empêcher de sombrer dans le silence. Je lutte autant que je le peux pour ne pas tourner mon regard vers Peter qui regarde le sol pendant tout le trajet, perdu dans ses pensées.

Nous sommes certainement allés trop loin pour faire comme si de rien n'était. En tout cas, cela ne sera pas possible pour moi, parce que même si cette sensation a disparue, mon corps s'en souvient, et moi aussi. Je ne peux pas oublier ce que j'ai ressenti. C'était très intense, et cela a duré bien trop longtemps pour faire comme si le fait que je ressentais ces sentiments bien plus profondément en moi ne m'avait jamais effleuré l'esprit. Je suis obligée de l'admettre. C'est certainement lié à cette attirance, mais ce sentiment est resté, celui de vouloir lui appartenir tout autant que de vouloir qu'il soit à moi. Et étant donné la situation, je ne sais pas si c'est une bonne chose, ou si au contraire, cela ne fera que m'apporter des ennuis.

La limousine ralentit doucement, faisant lentement s'effacer mes pensées. Nous sommes enfin arrivés au complexe. Happy tente encore de relancer la conversation pourtant inexistante.

Happy: Aaah, qu'est-ce que je ne ferais pas pour rester ici.

D'accooooord. Bon c'est devenu gênant il faut que je sorte. Et évidemment, il fallait que ce soit le genre de limousine qui n'a qu'une seule et unique porte pour mener à l'extérieur, parce qu'elle est sensée être ouverte par le conducteur, et que Peter est la personne qui l'obstrue.

- Peter, tu peux sortir en premier ?

En voyant qu'il ne réagit pas, j'inspire doucement dans le but de me donner du courage et secoue gentiment son épaule pour le faire émerger de ses pensées. Il redresse rapidement sa tête et me fixe un moment sans rien dire.

- Peter, ça va ?

Je secoue ma main devant son visage pour vérifier qu'il est réellement conscient.

Peter: Hein ? Euh oui pardon j'étais dans mes pensées pendant un moment. Je réfléchissais pas vraiment désolé je t'ai fixé sans rien dire pardon ça devait être bizarre mais je n'ai pensé à rien en particulier, je n'ai fait que regarder dans le vide mais il se trouve que tu étais devant moi donc tu as dû le prendre pour toi mais ce n'était pas mon intention je suis désolé, même si c'est toi qui m'a fait sortir de mes pensées je suis resté bloqué un petit moment et-

- Peter, tu peux descendre de la voiture ? Tu es devant la seule sortie de la limousine.

Je lui pointe la portière du doigt et il tourne la tête pour la remarquer. Il ferme les yeux avec un sourire gêné.

Peter: Ah oui pardon je n'y avais pas pensé, je croyais que la porte était de ton côté. J'ai oublié que c'est toi qui est entrée en première puisque je t'ai ouvert la porte, j'ai cru pendant un moment que c'est moi qui étais entré en premier mais c'est bien toi, hahah.

Il s'arrête de parler pour me regarder et reste bloqué pendant une dizaine de secondes. Je m'apprête à secouer ma main devant son visage une nouvelle fois quand il émet enfin un mouvement d'épaules, toujours silencieux, puis se retourne pour ouvrir la porte et sort de la limousine en premier. Je ne me fais pas prier pour le suivre.

Tony: Très bien, vous êtes arrivés.

Nous sommes tous les deux surpris de voir que Tony nous attendait à l'entrée du bâtiment avec les bras croisés. Il nous fait rapidement signe de le suivre et nous conduit jusqu'à une salle dans laquelle nous n'étions jamais entrés auparavant. Il y a un grand bureau en plein milieu de la pièce, sur lequel est empilé une grande quantité de paperasse et de post-it. Le milliardaire s'assoit sur la grande chaise comme s'il était le directeur de notre école qui nous avait convoqué parce qu'on avait fait une bêtise.

Tony: Asseyez-vous.

On se regarde du coin de l'oeil un petit moment et nous exécutons.

Tony: Tout d'abord, dites-m'en plus sur ce qu'il se passe, et ensuite je vous ferais passer plusieurs tests à tous les deux pour vérifier que ce virus est vraiment parti.

Peter et moi échangeons tous deux un regard d'approbation. Il fallait lui en dire des choses. Il était certainement passé à côté d'un bon nombre d'informations avant et après que je revienne de ce fichu laboratoire.

Peter Parker x ReaderOù les histoires vivent. Découvrez maintenant