28. Il faut juste sauter dans le vide

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Le soleil est en train de taper sur mon visage lorsque que je me réveille. Le paysage semble changer en tournant autour de moi. Le jour et la nuit s'enchaînent à toute vitesse, alors qu'un vent violent fait virevolter mes cheveux, manquant de m'emporter avec lui. Je regarde mes pieds qui sont solidement encrés au sol, puis porte mon regard sur un grand cube blanc qui se dirige lentement vers moi. Il effectue une légère rotation sur lui-même, et semble presque léviter tellement il est silencieux.

Rapidement, je remarque que le cube a un côté d'où l'intérieur est visible. Il est totalement creux, laissant entrevoir une salle toute aussi blanche que l'extérieur. Je plisse les yeux en attendant qu'il se rapproche plus de moi. Cela ressemble à un laboratoire. Non. Ce n'est pas un laboratoire, c'est ce laboratoire.

Mes jambes lâchent quand je vois une personne à l'intérieur, je pars en arrière. Mais mes mains avec lesquelles je voulais me rattraper ne touchent rien et je tombe en arrière, dans le vide.

Il n'y avait rien autour de moi, tout était blanc. Je chutais la tête la première. Le vent faisait s'écraser mes cheveux sur mon visage, jusqu'à ce qu'une mèche touche mon oeil.

Je ferme les yeux en tentant de l'enlever, puis les réouvre. Je me tiens debout sur une grande plaque métallique, une dizaine de regards sont braqués sur moi. J'ai des électrodes placés un peu partout sur mon corps, je remarque qu'ils sont en quantité déraisonnable plus particulièrement sur mes bras. J'essaye de les bouger, mais ils sont bloqués. Le reste de mes membres aussi. Je me sens paniquer, ma poitrine ne bouge plus, je ne respire plus.

Allez!

J'ouvre les yeux d'un coup, il est devant moi. Il n'y a personne autour de nous, nous sommes seuls. Les couloirs du lycée derrière lui semblent vagues, légèrement flous.

Peter: Oui c'est bien, inspire, expire...

Je n'arrive pas à me concentrer. J'entends continuellement ce battement rapide et régulier, comme celui d'un coeur qui bat, ou de pas, des pas de courses.

Je sens mes pieds me brûler et baisse la tête. Je suis en train de courir. Mes jambes vont si vite que je ne les vois plus. Je remarque que je marche en réalité sur un chemin de petits cailloux, qui semblent grandir en taille au fur et à mesure que j'avance. Mon regard se reporte devant moi. Je vois un énorme rocher me bloquer le passage. Mes jambes ne veulent pas s'arrêter, elles continuent de courir droit vers ce dernier.

Les pierres autour semblent démultiplier anormalement de volume, de même que le grand rocher, jusqu'à ce qu'ils fassent tous la même taille. J'étais maintenant entrain de courir dans une prison de montagne de pierres.

Je continue d'avancer, fonçant droit devant. Mes membres bougent tout seuls. Mon bras se déplace de lui même devant moi avant de tirer une toile. Mes muscles se contractent et je sens mes pieds décoller du sol.

Je monte au sommet. La toile se détache de mon poignet. Je continue d'avancer inconsciemment jusqu'à ce que mon pied soit dans le vide. Je penche dangereusement en avant et tombe, encore.

Ma chute s'accélère au fur et à mesure, alors que je vois un paysage se dessiner devant mes yeux. Le sol sur lequel je vais tomber dans quelques minutes apparait lentement, laissant voir une forêt largement étendue.

Je sens une main attraper la mienne, elle me tire dans des bras musclés alors qu'on virevolte autour de bâtiments qui semblent se former en même temps qu'on avance.

Le soleil se couche lentement, les lumières commencent à éclairer la ville. On se pose sur un toit, je le regarde un moment. Ma main se place sur sa joue et il se rapproche de moi. Il retire son masque, une ombre noire remplace son visage, il n'y a rien.

Il lâche d'un coup ma main et me pousse en arrière. Son costume disparait, je ne vois plus que cette silhouette noire me regarder du haut du bâtiment d'où il venait de me jeter.

Mon dos heurte brutalement le béton avant que ma vue ne devienne trouble. J'ouvre les yeux, mes poignets sont attachés par des chaînes épaisses. Je tente de crier, mais à la place d'un grand son aigu, il n'y a qu'une masse de petites bulles d'air qui sortent de ma bouche.

Je regarde autour de moi, je suis entourée d'eau, il n'y a rien d'autre. Un léger rayon de lumière arrive à tracer son chemin jusqu'à moi, me donnant idée de la profondeur à laquelle je me trouve actuellement.

Plusieurs secondes s'écoulent, et je crois m'évanouir à force de retenir mon souffle. Mais après avoir finalement abandonné ma lutte, je me surprends à pouvoir respirer sous l'eau. J'inspire aussi rapidement que je le peux et expire tout par la suite.

Mes poumons me brûlent et je tousse. Du sang s'écrase sur le sol. J'ai l'impression que mes bras et mes jambes gonflent, qu'ils s'arrachent même. Cela me fait extrêmement mal. Mes genoux appuyés contre le sol, les mains sur ces derniers, je me sens partir.

Je me réveille dans un lit dont le matelas est si fin qu'il faut le voir pour prendre conscience de sa présence. Les murs semblent faits de matériaux très résistants, et l'unique porte de la petite pièce est en acier blindé.

La porte s'ouvre, une jeune femme en blouse blanche apparait, poussant un chariot avec quelques petits outils médicaux. Elle se met devant moi et me tend la main, ce à quoi je lui réponds en lui présentant mon bras.

Elle passe un coton imbibé d'alcool dessus, puis se saisit d'une seringue et l'insère à travers ma peau. La réaction est immédiate. Je sens le liquide parcourir mes veines à une vitesse hallucinante.

Mon crâne me donne rapidement l'impression qu'il va exploser, alors qu'un fort acouphène, me donnant plutôt l'impression d'un cri à des milliers de décibelles, résonne dans mes tympans. Je plaque mes mains sur mes oreilles par réflexe, même si ça ne sert à rien.

J'ai l'impression qu'un énorme écran fait défiler tout un tas de couleurs à la suite autour de moi, j'en ai le tournis. Ma gorge me brûle tellement à force d'hurler que respirer devient également douloureux.

J'ouvre les yeux d'un coup, mon souffle est saccadé. Je passe ma main sur mon front et remarque avec horreur que celle-ci est recouverte de sang. Elle se met à trembler un moment, avant que je n'applaudisse pour la faire arrêter. Me redressant lentement, de peur d'avoir le tournis à effectuer une action trop vite, je cherche mon téléphone dans ma poche pour connaître l'heure.

Cela a duré moins longtemps que je l'imaginais, à peine une trentaine de minutes. Je soupire, je ne sais pas où je suis, ni à quel point je me suis éloignée du QG.

...

L'air commence à devenir humide, preuve qu'il risque de pleuvoir rapidement. J'aperçois finalement le grand "A" des Avengers et crois sauter de joie.

Je me rends devant la porte et rentre dans le bâtiment. Une fois dans la salle que j'avais quitté, je me surprends à les trouver encore là, à discuter comme si de rien n'était. Je fais quelques pas vers eux et ils me remarquent.

Peter: Oh, t'es déjà revenue? On vient tout juste de finir, regarde.

Il me montre fièrement son bras qui ne bouge pas d'un millimètre.

Peter: J'ai l'impression de me sentir plus léger, ça fait du bien, je commençais vraiment à étouffer avec ce truc...

Il se passe la main dans les cheveux alors que mon corps tout entier se crispe.

Oui, moi aussi je commence à étouffer.

Peter Parker x ReaderOù les histoires vivent. Découvrez maintenant