47. Tout me dire

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Je garde les yeux fermement clos de peur de croiser son regard, mais je le sens pourtant bien me fixer des yeux sans s'arrêter. Je resserre encore mes mains entres elles jusqu'à m'enfoncer les ongles dans la peau, pour m'empêcher de bouger davantage et d'aller plus loin. Mais il ne s'arrête pas, et je ne le fais pas non plus. Je n'arrive plus à raisonner. J'ai la tête qui tourne. Je sens sa langue s'entrechoquer à répétition avec la mienne. Je sens ses grands bras musclés me tenir fermement contre lui comme pour me retenir, et je sens encore cet intense fourmillement dans mon dos, là où ses mains sont posées, mais aussi partout ailleurs dans mon corps. Je sens les battements rapides de son cœur claquer lourdement contre ma poitrine, ses lèvres douces se poser de temps en temps délicatement sur les miennes, calmant parfois la tension écrasante qui règne dans l'air.

Ses bras ne tremblent pas d'un millimètre, alors qu'il les passe très lentement dans mon dos pour me rapprocher toujours plus de lui. Je sens à mon tour mes bras se défaire de l'emprise que j'avais tenté de leur soumettre puis se balader d'eux-mêmes dans son dos, pour passer légèrement sur son torse et finir par atteindre son cou avant de le rapprocher un peu plus de moi.

Je ne réouvre toujours pas les yeux. Pourtant, je meurs d'envie de le faire, et je sens que ce virus veut décidément s'y mettre aussi, mais je n'ai pas le courage d'affronter son regard, car je me sens lentement reprendre mes esprits, et je n'ai pas envie de laisser cette image me hanter pour un long moment à cause de ça.

J'ai toujours du mal à comprendre ce qu'il se passe. C'est à la fois génial et horrible. Je n'ai pas besoin de mentir, c'est très agréable, mais en plus du virus qui me contrôle à l'encontre de ma volonté, j'ai encore ce sentiment de manque signifiant que rien ne suffit à mon corps, et qu'il en veut toujours plus. Si ni Peter ni moi ne nous arrêtons rapidement, j'ai peur de ne plus pouvoir empêcher davantage mon propre corps d'aller plus loin.

Heureusement, je le sens soudainement plus doux dans ses gestes. Il semble ralentir, ce qui diminue grandement la sensation et me permet de récupérer entièrement mes esprits. J'en profite pour reprendre le contrôle de mon corps et tout particulièrement de mes mains, que je pose sur son torse, avant d'exercer une pression qui me permet enfin de réussir à me détacher de lui, mais aussi de reprendre entièrement mes esprits.

Je laisse s'échapper un soupir, et quelques mots à voix basse pour qu'il ne m'entende pas.

- Qu'est ce qu'il vient de se passer...

Malheureusement, Peter relève la tête vers moi. Il semble m'avoir entendu. Il me regarde un moment sans rien dire, puis se passe la main dans les cheveux et sur le visage, avant de prendre un air grave.

Peter: Je crois... qu'il faut qu'on parle.

Jure. À quel moment, quand des gens se mettent à s'embrasser alors qu'ils ne sont pas ensemble, c'est normal ? C'est pas une surprise qu'on est sencés s'expliquer à la fin, non?

Je détourne le regard pour ne pas avoir à croiser le sien, et hoche la tête sans un mot. S'en suit un long silence, dans lequel aucun de nous n'ose bouger de peur d'attirer l'attention de l'autre et d'être forcé à entamer la conversation. Il soupire finalement et se dévoue pour commencer à parler. J'aurais peut-être dû le faire à sa place finalement, à ce moment là. Car je ne pouvais pas prédire que cela allait se passer de cette manière...

Peter: Pourquoi... tu ne m'as pas dit pour tes pouvoirs?

Je ne réponds rien alors qu'il marque un temps de pause avant de décider de changer sa phrase.

Peter: Nan, en fait, pourquoi tu ne m'as jamais rien dit à propos de tous les problèmes qui t'arrivaient? Tout ce que tu ne m'as pas dit ou expliqué. Que ce soit sur ton appartement, ou même maintenant, sur le fait que je découvre que tu as aussi des pouvoirs. Au final tu t'es bien moqué de moi à chaque fois. Tu savais pour les miens, et tu as omis de me parler des tiens. Je suis sûr que ce n'est pas la seule chose que tu me caches. J'ai l'impression que toute ta personne est constituée de mensonges et de secrets. Tu as toujours l'air d'en savoir plus que tu ne devrais. Ça se voit quand tu fais semblant d'être étonnée, ou que tu mens, ton jeu d'acteur ne fait pas parti des meilleurs. Et puis...

Il marque un temps de pause pour réfléchir.

Peter: Ça m'énerve... Pourquoi, pour apprendre quelque chose sur toi, je dois toujours le découvrir par moi-même? Tu ne peux pas au moins faire semblant d'avoir confiance en moi? Je... C'est vraiment...

Il soupire une nouvelle fois et se laisse tomber pour s'asseoir sur le rebord. Il se passe la main sur le front.

Peter: C'est vraiment compliqué. Tout ce qui te concerne est compliqué. Pourquoi faut-il que tu compliques toujours les choses?

Je réfléchis un long moment sans dire un mot, puis me laisse aussi tomber pour m'asseoir à ses côtés, les bras derrière le dos posés par terre.

- Je suis désolée. Tu as raison. Même si je savais pour ton secret, je n'arrivais pas à te parler du mien. Tu ne me connaissais pas vraiment. On s'était rencontré récemment, et je ne savais pas comment tu allais réagir. En plus, je ne pouvais pas te dire uniquement pour mes pouvoirs, car tous mes "secrets", comme pour l'appartement, sont liés l'un à l'autre et se complètent, tu ne comprendrais pas si je ne t'expliquais pas tout depuis le début. Et tout ça aurait été compliqué à te dire, dès le départ. Puis ensuite je me suis mise à attendre le bon moment pour te le dire, mais au final, je me suis rendue compte qu'on se connaissait maintenant depuis bien trop longtemps pour te révéler que je t'avais menti depuis le début.

Peter: (t/p)... Tu sais très bien que j'aurais pu t'écouter.

- Non, pour ça, crois-moi tu aurais eu du mal.

Peter: Mais enfin j'ai aussi des pouvoirs ! Ça n'aurait pas pu me choquer plus que ça.

- Mais il n'y a pas que ça! Je te l'ai dit. J'aurais pu te raconter pour mes pouvoirs, tu aurais quand même fini par découvrir qu'après le départ de Liz je me retrouvais à la rue. Mais pour comprendre la raison pour laquelle je me suis retrouvée à la rue, il fallait vraiment me croire quand je t'ai dit que je venais d'un autre monde. Sinon, ça n'aurait pas été logique, étant donné qu'à mon âge j'aurais plutôt dû être dans un orphelinat ou dans une famille d'accueil. Mais c'était trop compliqué ne serait-ce qu'à expliquer, et la seule chose que j'ai voulu te raconter, car je n'osais pas te parler de mes pouvoirs, tu n'as pas réellement semblé me croire, donc je n'ai pas cherché à te parler du reste. Et le pire, c'est que même avec tout ce que tu as découvert sur moi, tu ne connais même pas le tiers de ce qu'il s'est réellement passé, ou est en train de se passer.

Peter: D'accord. Dans ce cas, maintenant pourquoi ne pas tout me dire?

Peter Parker x ReaderOù les histoires vivent. Découvrez maintenant